mercredi 17 decembre 2014 par RFI

C'est l'histoire d'un homme qui vient de tuer le Premier ministre de son pays Dans son premier long métrage Run , tourné après le documentaire Chroniques d'une guerre en Côté d'Ivoire , le réalisateur ivoirien Philippe Lacôte essaie de montrer d'autres aspects de la violence et de la crise qui ont ravagé la Côte d'Ivoire. Abdoul Karim Konaté incarne ce personnage, Run, qui s'enfuit en permanence en traversant le pays et en passant d'une vie à l'autre : de son enfance remplie de mystères jusqu'à son passé de milicien en tant que Jeune patriote au c?ur du conflit politique et militaire dans son pays. Entretien avec l'acteur principal de ce film qui sort ce 17 décembre simultanément en France et en Côte d'Ivoire.

RFI : Vous êtes né en 1980 à Abidjan. Le personnage Run, qui a donné au film son titre, est-ce que c'est aussi l'histoire que vous avez connue et vécue en Côte d'Ivoire ?

Abdoul Karim Konaté : Run, ce n'est pas ma vie, mais, à un certain moment donné, quand la crise a éclaté, on a tous été confrontés à une situation donnée. Donc à un moment donné de la vie, je me suis senti un peu comme ce personnage.

Le personnage Run que vous incarnez a ce rêve de faiseur de pluie et le film évoque beaucoup de ces mythes qui ont un impact très fort dans la vie réelle. Comment avez-vous approché ce rôle ?

En Côte d'Ivoire, il y a plusieurs mythes, plusieurs mystères et chaque personne s'accroche à quelque chose ou à un esprit. Vouloir être faiseur de pluie, c'est peut-être vouloir s'accrocher à quelque chose. Run est né orphelin, donc il cherchait une ombre, une identité. Être faiseur de pluie, peut-être c'était pour lui une manière de vouloir trouver une identité.

Run est une personne qui s'enfuit quand cela devient dangereux pour sa vie ou pour sa conscience. Pourquoi, selon vous, ce n'est pas une fuite de lâcheté, mais de liberté ?

On sait qu'on a besoin d'une liberté pour vivre tranquillement. On en a besoin pour s'épanouir. Run est quelqu'un qui arrive dans des situations sans le vouloir. Donc pour conserver sa liberté, Run est obligé de fuir. Ce n'est pas la lâcheté, mais c'est sa vie qui est faite comme ça. Donc pour conserver cette liberté, il est obligé de s'enfuir.

Il s'enfuit aussi en devenant fou. Est-ce que cela a été la meilleure manière de survivre en Côte d'Ivoire pendant les événements ?

Pas forcément, mais je me suis dit que le réalisateur a sa vision des choses. En Afrique, et plus précisément en Côte d'Ivoire que je maîtrise mieux, le fou est quelqu'un qui passe inaperçu. Le fou peut dire ce qu'il a envie de dire. Il dort quand il a envie de dormir. Il passe là où il a envie de passer sans que quelqu'un lui dise : ne fais pas ça, ne touche pas à ça . Avoir le masque du fou, c'est pouvoir approcher un but qu'on ne pourrait pas approcher avec un masque normal .

En mai 2014, au Festival de Cannes, vous avez fait partie du premier film ivoirien jamais programmé dans la sélection officielle au Festival de Cannes. Qu'est-ce que cela signifie pour vous ?

C'est très important pour le cinéma ivoirien. Le cinéma ivoirien était endormi pendant des années et je pense que les films que nous tournons ne doivent pas rester seulement dans nos quatre murs , mais doivent aller au-delà de nos frontières pour que le monde sache qu'il y a des talents en Côte d'Ivoire. Je suis très fier du parcours de ce film. Ce n'est pas un terminus, c'est un début. ... suite de l'article sur RFI

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