jeudi 18 decembre 2014 par Le Sursaut

C'est peu dire qu'un incident a été évité de justesse, le mardi 16 décembre, au tribunal de première instance de Daloa. Le représentent du parquet qui a décidé de passer en jugement dame Lépou Gbézo, accusée de pratique de sorcellerie, n'a pas été suivi par le juge. Résultat : les magistrats en colère ont quitté la salle d'audience en queue de poisson avant de revenir à de meilleurs sentiments. Une scène que l'on voit rarement dans le temple de Thémis. De quoi s'agit-il ? Ce jour-là, entre autres affaires en délibéré, il y avait celle de pratiques de sorcellerie et de charlatanisme qui impliquait dame Lépou Gbézo (40 ans). Accusée d'avoir donné la mort à un jeune homme du nom de Kouangbé Sékou, cette dernière comparaissait à la barre du tribunal pour répondre de son acte. La victime, avant de rendre l'âme, aurait confié à son frère aîné, Bayoro Théophile, que dame Lépou Gbézo est l'auteure du mal mystérieux dont il souffre. Cette dernière qui se trouve être sa belle-mère appartiendrait, selon Kouangbé Sékou, à une confrérie de redoutables sorciers, mangeurs d'âme. Ces sorciers m'ont demandé de livrer l'âme de mon frère aîné Bayoro Théophile. Mon refus a signé mon arrêt de mort , aurait confié la victime avant sa mort. Et c'est cet aveu qui a conduit les villageois à traduire Lépou Gbézo devant les tribunaux. Mais, à la barre, l'accusée ne reconnaît pas les faits. Depuis la mort de mon mari, il y a 3 ans, Kouangbé Sékou et ses deux aînés (Kouangbé Alexandre et Bayoro Théophile) que mon mari a eus d'un autre lit, ont déserté la cour familiale. Seuls mes propres enfants sont restés avec moi à la maison. D'ailleurs Kouangbé Sékou vivait avec son grand-frère dans sa plantation, et c'est là-bas qu'il a trouvé la mort. Alors comment pouvais-je être à l'origine de sa mort puisque nous ne vivons pas ensemble ? Ce n'est pas moi, et je ne sais rien de la sorcellerie ! S'est défendue énergiquement dame Lépou devant une foule compacte. Ce témoignage n'a pas incliné le parquet à la clémence. De sorte que dans sa réquisition, le représentant du ministère public a indiqué qu'il plaise au tribunal de condamner dame Lépou Gbézo à cinq ans de prison ferme, assortis de 100.000 Fcfa d'amende. Mais le tribunal, après en avoir délibéré, a prononcé la relaxe de la prévenue au motif qu'il n'y a pas de preuves tangibles contre elle. Mais avant, le ministère public demande la suspension de l'audience. Une requête à laquelle le tribunal ne fait pas droit. Toute chose qui énerve le substitut du procureur qui ramasse ses affaires pour vider la salle. Le juge et ses accesseurs ne se font pas prier pour le suivre au grand dam du public qui ne comprenait pas grand ?chose. Mais, tout est bien qui finit bien. Après une trentaine de minutes écoulées, tous les magistrats ont intégré la salle pour la poursuite de l'audience.

TOuré Tiany (correspodnat régional)

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