mardi 6 janvier 2015 par Le Belier Intrépide

A quelques mois de l'élection présidentielle, de nombreuses incertitudes demeurent. Les conditions pour des élections apaisées restent une des préoccupations majeures, dans la mesure où la réconciliation nationale n'est pas encore une réalité.

L'élection présidentielle est prévue pour octobre 2015. Déjà les états-majors des candidats s'activent pour aller à la conquête de l'électorat. Cependant une donnée importante pour l'organisation des élections apaisées et crédibles est minimisée ou du moins elle n'est pas suffisamment privilégiée. Il s'agit ni plus ni moins de la réconciliation nationale qui est présentement au point mort. En effet, la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) présidée par Charles Konan Banny a remis son rapport final d'activités au Chef de l'Etat sans avoir concrètement réussi à réconcilier les Ivoiriens et les Ivoiriennes. Le processus est en marche, dit-on, mais une chose est sûre, c'est que la fracture sociale est toujours béante. Les audiences publiques de la CDVR n'ont jamais été diffusées à la Télévision nationale pour que la nation entière sache ce qui s'est passé réellement, quels types de torts ont été causés aux populations durant ces 10 années de crise ? Une indemnité de 10 milliards pour les victimes a été annoncée par Alassane Ouattara, mais cela demeure pour l'instant au stade de promesse. Jusqu'à ce jour, tout le monde attend la prise en compte des conclusions de la commission nationale d'enquête qui a mis en cause, et le camp Gbagbo et le camp Ouattara comme auteurs des crimes sur la période de la crise postélectorale de novembre 2010 à avril 2011. En principe, les poursuites judiciaires devraient se faire dans les deux camps. Mais, le constat est que ce sont les pro-Gbagbo seuls qui sont en prison ou qui sont devant les tribunaux. Pendant ce temps, les chefs de guerre dont les noms sont cités dans le rapport ne sont nullement inquiétés.

Des élections à venir sur fond de tension et de contestations

Simone Gbagbo et 82 personnalités pro-Gbagbo sont jugées actuellement devant la cour d'assises. Si jamais ceux-ci venaient à être condamnés, au terme du procès, l'on imagine que cela contribuerait à renforcer le sentiment des pro-Gbagbo qui se disent persécutés par le régime et la tension monterait d'un cran. Dans la même veine, la justice des vainqueurs que dénoncent certaines organisations internationales serait confirmée, créant ainsi la frustration des partisans de l'ex-chef de l'Etat, lui-même emprisonné à La Haye. Toute chose qui ne permet pas la décrispation au plan politique et sociale. Cependant, les autorités au pouvoir parlent de réconciliation sans véritablement poser les actes qui vont dans ce sens. Dans ces conditions, il est fort à craindre que l'élection se tienne dans un climat aussi délétère. Et si la situation reste en l'état jusqu'à la date des élections, il va s'en dire qu'on pourrait être confronté à des échéances électorales sur fond de tension et de contestations, parce que faute de réconciliation vraie, les c?urs ne se seront pas apaisés pour favoriser un climat de paix et de cohésion propice à des élections sans heurts. Cette donnée est très importante si on veut éviter de retomber dans les erreurs du passé. Les autorités ont le devoir de tout mettre en ?uvre pour que la réconciliation nationale soit effective, en cette année électorale et cela pour toujours. Cela passe par un dialogue politique franc, la libération des prisonniers politiques et militaires, le retour des exilés et enfin le pardon public de toute la classe politique aux victimes et à l'ensemble des Ivoiriens?

Par Jean Levry

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