lundi 12 janvier 2015 par Le Sursaut

Le secteur des professionnels du pain est secoué depuis quelques temps avec l'arrêté du ministre du commerce. Qui exclut les revendeurs de pain dans la chaine de distribution avec la vague d'augmentation de prix dans certaines communes d'Abidjan. Dans cet entretien, Doukoua Godé, président de la fédération nationale des associations de consommateurs de Côte d'ivoire, relève les limites de cet arrêté. Sans menacer de saisir la commission de la concurrence.

On parle de plus en plus de l'augmentation du prix du pain sur le marché. Qu'en est-il exactement ?

Il n'y a pas officiellement d'augmentation du prix du pain. En ce sens qu'aucune décision n'a été prise par le gouvernement ni par les professionnels du pain. Seulement il se trouve que dans l'application de l'arrête n 037 de juillet 2014 pris par le ministre du commerce, Jean Louis Billon, en certains de ses dispositions dans l'application effective de l'arrêté, désormais le pain doit être vendu selon certaines conditions. D'habitude, il y a une ristourne qui revient aux revendeurs de pain selon nos enquêtes et qui leur permettait de revendre le pain à 150 FCFA. Il se trouve qu'avec ce nouvel arrêté, ces ristournes sont désormais supprimées. Donc certains revendeurs, -je dis bien certains revendeurs car ce n'est pas dans tous les quartiers qu'il augmentation- voulant continuer l'activité, ont de leur faite, décidé d'augmenter le prix du pain.

Votre faitière à ce sujet a mené une enquête auprès des ménages. Est-ce qu'on peut avoir une idée des conclusions ?

L'enquête révèle qu'il est désormais demandé aux consommateurs d'aller vers les boulangeries pour acheter le pain. Lorsqu'on sait que dans certaines localités, la boulangerie est située très loin, il se pose des problèmes pour le consommateur. Puisque désormais ce n'est plus le revendeur qui vient vers lui avec le pain. Donc il y a une difficulté d'accès à ce produit qui est un produit de première nécessité pour certains.

Qu'est-ce que vous préconisez pour corriger les insuffisances de cet arrêté ?

Nous disons d'abord que cet arrêté en certaines de ses dispositions détermine les zones d'exercices des différentes boulangeries. Ainsi, les boulangers n'ont plus les droits d'exercer dans les autres zones même s'ils ont les moyens pour le faire. Nous disons que cet arrêté est restrictif par rapport au principe de la concurrence régie par l'ordonnance n0 662 du 20 septembre 2013 relative à la concurrence. Nous sommes dans le jeu de la libre concurrence donc nous ne comprenons pas qu'aujourd'hui où on parle de l'E-commerce, qu'on prenne un arrêté pour interdire à des gens de vendre en dehors de leurs zones de production. C'est un frein au développement économique et à la qualité des produits. Il faut permettre que la concurrence se joue. C'est un frein également à la qualité car si les opérateurs savent que désormais ils sont dans des zones et que personnes d'autre ne viendra les déranger, ils ne feront aucun effort pour la qualité de leurs productions. En somme, cet arrêté est un frein au libre jeu de la concurrence et empêche certaines boulangeries d'améliorer la qualité de leurs pains. Il y a des boulangeries qui ne font aucun effort, qui ont des machines qui sont très vieilles. Les populations seront obligées de consommer cela. La concurrence peut favoriser la baisse des prix.

Quelles sont les actions que vous entendez entreprendre pour dénoncer cet arrêté ?

Pour nous, les revendeurs ne sont pas un problème. La seule exigence pour nous c'est que l'hygiène soit respectée. On doit imposer le respect strict, les conditions d'hygiène à tous ceux qui voudraient revendre le pain. Que ceux qui ont les moyens de distribuer le pain dans de meilleures conditions le fassent sans restriction de zone. Il faut savoir que quand les corporations se mettent ensemble c'est pour privilégier leurs intérêts. L'Etat régalien doit remettre en selle la commission de la libre concurrence et de la lutte contre la vie chère. Pour veiller au respect de la libre concurrence, dénoncer les pratiques anti- concurrentielles. Nous allons porter cette affaire devant la commission de la libre concurrence et de la lutte contre la vie chère, au plan régional et sous régional, devant la commission de l'Uemoa.

Abou Traoré

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