mardi 13 janvier 2015 par L'Inter

La Pandémie du Vih-Sida n'échappe pas aux populations migrantes.
Nous avons investigué principalement sur la plate-forme portuaire d'Abidjan, ainsi que sur le corridor qui part de la capitale économique ivoirienne à Cotonou, dans le cadre de l'organisation des activités du projet Reporter des frontières, un projet piloté par l'Institut Panos Afrique de l'Ouest (Ipao) avec l'appui financier de l'Union Européenne (Ue) et en collaboration avec la Convention de la Société Civile Ivoirienne (Csci). Si pour les personnes rencontrées, la mise en place du projet Ocal en 2004 a permis de combattre efficacement la maladie, son arrêt risque de compromettre les bons résultats enregistrés au cours des dix dernières années.

Il est un peu plus de 22 H. Du monde, il y en a encore au Quai 17, un espace bien connu sur la plate-forme portuaire d'Abidjan. Assis entre deux gros camions, Amidou et Traoré, de nationalité malienne, devisent gaiement autour d'une tasse de thé. Près d'eux, deux jeunes filles, l'une est libérienne, et l'autre ivoirienne. C'est tout ce qu'on pouvait savoir sur elles, puisqu'elle refusent de nous dévoiler leurs identités. Toutefois, elles n'hésitent pas à faire des offres à nos deux routiers. Ces derniers sont au port depuis deux jours, et attendent leur tour de chargement. Ce sont nos copains fidèles. Chaque fois qu'ils arrivent à Abidjan, ils nous font appel, se réjouit l'Ivoirienne. Ce sont des prostituées, me chuchote à l'oreille Amidou. Et les deux hommes éclatent de rire. Ils glissent quelques billets de banque aux filles, qui disparaissent entre les camions. Nous n'avons pas de choix, car nous sommes loin de nos femmes. On fait cela juste pour passer le temps, s'explique Traoré. Mais on utilise les préservatifs, se défend-il.

Ce qui se passe au Port d'Abidjan n'est qu'un échantillon de la réalité qu'on observe le long des routes internationales empruntées par les camionneurs de la sous-région. D'Abidjan à Cotonou en passant par les frontières Noé-Elubo et Afloa-Lomé, le constat est le même: il y a de gros risques de contamination au Vih-Sida du fait de comportements à risques. Transporteurs, syndicats et agents des forces de sécurité sont tous conscients du danger. Selon le secrétaire général du syndicat national des transporteurs et assimilés autonomes de Côte d'Ivoire(Synataci), Eloi Yatoulé Roger, les transports sont beaucoup plus exposés à la pandémie du Vih-Sida : Du fait de notre métier, nous passons la plupart de notre temps hors du foyer. Ce sont les risques du métier, explique-t-il. Mais, si tu connais ton programme, tu peux te maîtriser, ajoute-t-il.

Pour Gbadi Georges, coordonnateur du projet de lutte contre le Sida de Noé, les migrants constituent une cible très exposée aux Vih-Sida. A cette frontière, M. Gbadi explique que les voyageurs y passent des jours, en raison de formalités douanières. D'ailleurs, ce jour-là, nous rencontrons Marie et trois autres femmes. Elles sont commerçantes et disent séjourner à Noé depuis trois jours. Nos marchandises ont été bloquées car nous n'avons plus d'argent pour le dédouanement, se désole Marie, toute peinée. Mais, elle ne cache pas son amertume devant d'autres propositions que lui font des douaniers. Il y a des douaniers qui veulent avoir des relations sexuelles avec nous. Mais nous avons refusé , révèle Marie.

Ernest Kpodo, officier ghanéen de la police de l'immigration en poste à Elubo confirme l'exposition des agents des forces de l'ordre à cette maladie. D'où leur engagement dans les activités de sensibilisation à l'endroit de ses collègues. La sensibilisation et l'information des usagers du poste frontalier Elibou ? Noé fait partie de nos missions. Nous partageons les informations que nous avons sur le Vih Sida avec les autres corps présents à ce poste. Douaniers, militaires et police des migrations s'informent et informent constamment les populations sur les dangers liés à la maladie. Pour cela nous bénéficions de l'appui du bureau frontière de l'Organisation du corridor Abidjan-Lagos(Ocal). Il arrive, par moments, que nous organisions des caravanes de sensibilisation au cours desquelles nous distribuons des supports d'information tels que les prospectus et affiches, ainsi que des préservatifs, explique l'officier ghanéen. ... suite de l'article sur L'Inter

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