vendredi 25 decembre 2015 par RFI

Le franc CFA, créé le 26 décembre 1945, fête ses 70 ans. La monnaie africaine est vivement critiquée. Accrochée à l'euro, elle impose une monnaie forte à des économies encore faibles et freine leur émergence.

Le franc CFA, qui fête ses 70 ans, a été créé le 26 décembre 1945, peu après que la France a signé les accords de Bretton Woods. Le franc des colonies françaises d'Afrique deviendra par la suite le franc de la Communauté financière africaine pour les Etats membres de l'Union monétaire ouest-africaine (UMOA), et le franc de la coopération financière en Afrique centrale pour les pays membres de l'Union monétaire de l'Afrique centrale (UMAC). Jusqu'en 1993, seize pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale disposaient d'une monnaie unique. Le franc CFA dispose d'une parité fixe. Depuis la création de la zone euro, sa valeur ne dépend plus du franc mais de la monnaie unique européenne.

La zone franc regroupe actuellement 14 pays d'Afrique sub-saharienne, unis, selon la Banque de France, autour de quatre principes fondamentaux : garantie de convertibilité illimitée apportée par le Trésor français, fixité des parités, libre transférabilité et centralisation des réserves de change .

Les pays africains de la zone jouissent donc d'une monnaie forte mais qu'on accuse aujourd'hui de miner la croissance économique. En août 2015, à l'occasion des 55 ans de l'indépendance de son pays, le président du Tchad lance le pavé dans la marre. Idriss Déby Itno déclare que le moment est venu de couper ce cordon qui empêche l'Afrique de décoller. Il faut que cette monnaie africaine soit maintenant réellement la nôtre .

Ce n'est pas rien, une monnaie unique, c'est important, tempère Moussa Mara, ancien Premier ministre malien, expert-comptable de profession. Le franc CFA a permis d'intégrer économiquement les pays de la zone. D'autre part, le franc CFA étant garanti par l'euro, il a permis d'intégrer les pays de la zone au commerce mondial. Aujourd'hui, les commerçants maliens, ivoiriens ou autres, n'ont pas de problèmes pour importer des marchandises puisqu'ils disposent d'une monnaie dont la solvabilité n'est pas remise en question.

Rigueur contre croissance

Autre argument en faveur du franc CFA, celui-ci apporte une réelle stabilité macro-économique aux pays africains qui l'utilisent. Les billets étant fabriqués par la Banque de France, les pays africains sont toujours restés dans les normes européennes. Leur inflation ne peut dépasser les 3%, et leur dette 70% du produit intérieur brut. De plus, les Etats ne peuvent pas avoir recours à la planche à billets pour corriger leurs économies.

Mais ces atouts sont remis en cause par les besoins actuels des économies africaines de la zone. Il faut avant tout nourrir la croissance et, de ce point de vue, une monnaie forte n'aide pas. La rigueur budgétaire des Etats se fait au détriment du développement économique. Aujourd'hui, les pays ont besoin d'investissements. Or, une monnaie forte rend très difficile l'obtention de crédits, ou à des taux prohibitifs

Les pays africains sont engagés dans des programmes d'émergence avec des investissements publics massifs pour développer notamment leurs infrastructures, explique Kako Nubukpo, ancien ministre de la Prospective du Togo. On devrait autoriser les banques centrales à financer ces investissements. Cette difficulté à emprunter se retrouve à tous les échelons du secteur privé. Les grandes entreprises, les artisans, les commerçants, les jeunes entrepreneurs n'ont pas accès au crédit, ajoute Moussa Mara. Pour investir, une personne sur quatre se tourne vers les banques. Les autres vont chercher l'argent auprès de leurs familles, de leurs amis ou autres

Faible compétitivité

Grâce au franc CFA, les pays africains prennent part au commerce mondial. Mais ils apparaissent aujourd'hui peu compétitifs. Avec une monnaie forte, il est facile d'importer mais difficile d'exporter. En dehors de la Côte d'Ivoire, tous nos pays ont des balances commerciales déficitaires , se désole Kako Nubukpo. Si le riz importé de Thaïlande arrive au Mali avec un prix moins élevé que celui produit dans la zone de l'Office du Niger, vers Ségou, alors les agriculteurs maliens n'arriveront pas à vendre leur production , complète Moussa Mara. ... suite de l'article sur RFI

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