jeudi 5 fevrier 2015 par Jeune Afrique

L'année 2014 aura été difficile. Le procureur de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, refuse de parler d'échecs, mais sait que ses détracteurs l'attendent au tournant. Qu'elle aura bientôt à défendre des dossiers emblématiques et qu'il est urgent de redresser la barre.

Fatou Bensouda joue gros. Trois ans après sa nomination au poste de procureur de la Cour pénale internationale (CPI), elle vient d'ouvrir un examen préliminaire sur les crimes de guerre présumés en Palestine. Évidemment, après la bataille de Gaza de juillet-août 2014 (près de 2 200 Palestiniens et 70 Israéliens tués), Israël se sent visé et juge cette décision "scandaleuse".

Surtout, les États-Unis la qualifient d'"ironie tragique", alors qu'Israël "a fait face à des milliers de roquettes terroristes". À l'âge de 54 ans, la magistrate gambienne sait qu'elle se place entre le marteau et l'enclume. Si demain elle ouvre une enquête en bonne et due forme sur Gaza, elle risque de provoquer des représailles américaines contre la CPI. En revanche, si elle renonce à cette enquête, elle risque de s'attirer les foudres des États africains qui lui reprochent déjà de n'être qu'un procureur pour l'Afrique. Pour Fatou Bensouda, 2015 est l'année de vérité.
Ce qui frappe chez cette femme élégante, mariée à un homme d'affaires maroco-gambien et mère de deux enfants, c'est son calme devant la tempête à venir. Depuis le 12 décembre 2011 - jour de sa nomination -, l'ex-étudiante en droit des plus grandes universités du Nigeria mène sa barque avec une parfaite sérénité. Du moins en apparence. Pas facile de la faire sortir de ses gonds.
Dans cet entretien, elle ne hausse le ton que sur les dossiers Bemba et Gbagbo. Elle n'aime pas du tout qu'on puisse la soupçonner de faire de la politique. De son prédécesseur Luis Moreno-Ocampo, dont elle a été l'adjointe, elle a retenu aussi la fermeté face aux pouvoirs en place. Certes, le président ivoirien Alassane Ouattara ne souhaite pas livrer Simone Gbagbo à la CPI, mais elle maintient la pression et annonce que les investigations dans le camp Ouattara vont s'intensifier à propos des violences postélectorales de 2010-2011. ... suite de l'article sur Jeune Afrique

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