vendredi 6 fevrier 2015 par APA

Le Tribunal de première instance de Bouaké (379 Km au nord d'Abidjan) a été placé, vendredi, sous haute sécurité militaire, après une descente musclée, la veille, de plusieurs gardes pénitentiaires grévistes dans les locaux de cette institution, a constaté APA sur place.

La devanture et les abords du Tribunal offrent aux passants un décor inhabituel. En effet, plusieurs éléments des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), de la police et de la gendarmerie nationale y ont pris position pour quadrillent le périmètre de l'institution judiciaire.

Dans l'enceinte du Tribunal, le décor est aussi inhabituel, de nombreux bureaux restaient encore fermés peu avant 10h ( heure locale et Gmt), en dépit de la présence de quelques agents. La sérénité des jours ordinaires n'est pas de mise.

"On est encore sous le choc des événements d'hier" déclare, un auxiliaire de justice, partiellement barricadé dans son bureau. En fait poursuit-il, "hier aux environs de 11h00 (heure locale et Gmt), une dizaine de gardes pénitentiaires armés de kalachnikovs et de pistolets automatiques ont fait irruption dans les locaux du palais et nous ont sommé de quitter les lieux, prétextant que tant qu'ils sont en grève, nous n'avons pas non plus le droit de continuer à travailler".
"Sous la contrainte, nous avons fermé nos bureaux et nous sommes rentrés à la maison", a déploré l'auxiliaire de justice.

Le Sergent-chef Charlemagne Konan, porte-parole des grévistes de Bouaké, approché par APA, juge cet "incident d'acte isolé". "A la suite d'un débordement hier, des éléments incontrôlés ont effectivement fait irruption au palais de justice pour perturber les juges dans leur travail, ce que nous avons d'ailleurs déploré", a-t-il expliqué, ajoutant que "dès que nous avons été informés de cette situation, nous avons constitué aussitôt une délégation et nous sommes partis présenter nos excuses au Procureur général".

S'exprimant sur la suite à donner à leur mouvement de grève entamée depuis lundi, le Sergent-chef Konan est resté implacable. "Notre grève est maintenue jusqu'à nouvel ordre tant que nous n'avons pas de début de satisfaction de nos revendications", a-t-il martelé.

Les gardes pénitentiaires ont déclenché depuis lundi, une grève illimitée pour promesses non tenues, disent-ils, de l'Etat de Côte d'Ivoire, à la suite des négociations lors de leur grève de novembre dernier.

Cette grève perturbe le fonctionnement de l'administration judiciaire notamment la bonne tenue des procès en assises des proches de l'ancien Chef de l'Etat Laurent Gbagbo. Elle retarde également l'exécution de la grâce présidentielle collective décidée mercredi par le Président Alassane Ouattara en faveur de près de 3000 prisonniers.

"A la suite de notre grève au mois de novembre dernier, l'Etat de Côte d'Ivoire a pris des engagements écrits qui stipulent que nos primes devraient être payées au plus tard le 31 janvier 2015. A ce jour personne ne nous a approché pour nous dire quoi que ce soit", a encore expliqué, le Sergent-chef Charlemagne Konan, en poste à la Maison d'arrêt et de correction de Bouaké.
"C'est pourquoi, nous avons décidé de déclencher une grève illimitée pour rappeler à l'Etat, ses engagements pris à notre égard ", a-t-il conclu.

Les gardes pénitentiaires réclament le paiement de plusieurs primes, dont les primes de contagion, les primes d'installation et le reliquat de leurs primes de risque. Une prime de responsabilité pour les régisseurs des prisons figurent également sur la liste des revendications.

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