lundi 9 fevrier 2015 par AFP

Abidjan - Sur les ponts, les balcons, à pied, sautant, hurlant... Un million de personnes ont accueilli lundi à Abidjan en héros les joueurs ivoiriens, vainqueurs dimanche de la Coupe d'Afrique des nations.

Arrivés vers 14H00 GMT, avec beaucoup de retard, en provenance de Guinée équatoriale, les Éléphants ont laissé le temps aux habitants de la capitale économique de leur réserver une exceptionnelle ovation.

Un million de personnes, selon le commissaire divisionnaire Joseph Kouamé Yao, de la préfecture de police, ont répondu à l'appel du football, dans un pays fou de ballon rond, qui n'avait pas gagné la CAN depuis 1992, il y a 23 ans.

"Quand on a survolé la ville, on a vu cette foule impressionnante. C'est très émouvant", s'est réjoui l'attaquant Wilfried Bony. "On voit que la Côte d'Ivoire est un pays qui aime le football", a souri l'attaquant Salomon Kalou, visiblement ravi.

Alassane Ouattara, le président ivoirien, très souriant pour l'occasion, a accueilli au pied de leur avion les champions, qui se sont brièvement adonnés à un premier bain de foule.

Le héros de la finale, le gardien Copa Barry, auteur d'une prestation exceptionnelle durant la séance de tirs aux buts face au Ghana (0-0, 9 t.a.b. à 8) a reçu une ovation toute particulière : "Copa, tu es un Dieu !", ont crié de nombreux supporters.

Les joueurs ont ensuite pris place dans un bus devant parcourir la quinzaine de km séparant l'aéroport du stade, où ils devaient saluer leur public. Au bout de 45 minutes, le convoi n'avait pas fait plus du quart du chemin.

Le président Ouattara, qui s'était offert un tour d'Abidjan dimanche soir, vêtu d'une casquette, d'un maillot et d'une veste orange - la couleur des Éléphants - et filmé par la télévision nationale, ouvrait le cortège.

"C'est indescriptible, cette nation fière de ses couleurs. On oublie tout, les conflits, les différends. Il n'y a que le foot capable de réaliser ça", a déclaré à l'AFP Hervé Renard, le sélectionneur français de la Côte d'Ivoire, vainqueur de son deuxième trophée continental après celui glané en 2012 avec la Zambie... contre la Côte d'Ivoire.

-'Abidjan, c'est fou'-

"Le deuxième jour c'est toujours le meilleur. On dit qu'Abidjan, c'est fou.
Aujourd'hui on le voit bien", a-t-il pronostiqué.

La Côte d'Ivoire sort d'une décennie de crise politico-militaire, dont les violences post-électorales de 2010-2011, qui ont fait plus de 3.000 morts, ont constitué l'épilogue.

Les Éléphants, bombardés instrument d'unité nationale alors que leur pays était coupé en deux de 2002 à 2011, ont longtemps failli à remplir leur mission. Jusqu'à ce dimanche de rêve.

"Le stade Félix Houphouët-Boigny (d'une capacité de 35.000 places, NDLR) est plein", annonçait dès 10H30 GMT la Radio télévision ivoirienne, la chaîne publique, qui demandait à la population de "rester le long du parcours" ou de suivre devant son petit écran l'arrivée des Éléphants.

Six heures plus tard, les quelques rues adjacentes au stade, un temps vidées par les forces de l'ordre, provoquant quelques échauffourées mineures, sont à nouveau pleines à craquer.

Le capitaine Yaya Touré s'est offert un tour d'honneur sur le toit d'une voiture aux côtés du président Ouattara pour montrer le trophée à un stade en ébullition. Derrière eux, les nouveaux champions d'Afrique savouraient l'ambiance, juchés sur un char.

Des cohortes de supporteurs, pour la plupart d'orange vêtus, marchaient dès le matin sur le boulevard lagunaire, sorte d'autoroute urbaine desservant entre autres le Plateau, le quartier administratif et d'affaires, où se trouve le stade.

Le bruit de la foule, joyeuse et surexcitée, qui soufflait allègrement dans des vuvuzelas et des sifflets, contrastait avec l'inactivité manifeste du Plateau, où un important dispositif sécuritaire est chargé de la canaliser.

Lundi a été déclaré "journée fériée, chômée et payée sur l'ensemble du territoire" ivoirien par Alassane Ouattara, a-t-on appris auprès de la présidence. Le Plateau, qui grouille généralement de passants et d'automobiles, est absolument vide, à l'exception des très nombreux supporteurs.

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