mardi 10 fevrier 2015 par AFP

Abidjan - Gilbert Aké N'Gbo, dernier Premier ministre de l'ex-président Laurent Gbagbo, a plaidé mardi "non coupable" des faits "d'atteinte à la sûreté de l'Etat" pour lesquels il est poursuivi, dans le procès dont l'ex-Première dame Simone Gbagbo constitue la tête d'affiche.

Cheveux grisonnants, M. N'Gbo, dont le gouvernement dura quatre mois à peine, était entendu en compagnie de trois de ses anciens ministres : Désiré Dallo (Economie), Danièle Boni-Claverie (Femmes) et Joseph Kata Kété (Recherche scientifique).

La Côte d'Ivoire, après l'élection de décembre 2010, a eu deux présidents à sa tête : Alassane Ouattara - déclaré vainqueur par la Commission électorale indépendante, organisatrice du scrutin - et le sortant Laurent Gbagbo, consacré par le Conseil constitutionnel.

La lutte entre les deux camps a fait plus de 3.000 morts. 83 personnes, dont Simone Gbagbo, sont jugées depuis fin décembre pour leur implication dans les violences postélectorales de 2010-2011.

"Pourquoi avoir accepté le poste de Premier ministre?", a demandé le président de la Cour, Dembélé Tahirou, à l'accusé N'Gbo, dont le gouvernement avait été qualifié d'"illégitime" par la communauté internationale.

"Pour servir mon pays (...) et après que Laurent Gbagbo a prêté serment devant le Conseil constitutionnel", lui a répondu ce professeur agrégé d'économie, plaidant "non coupable" pour les faits qui lui sont reprochés.

Se définissant comme "technocrate et légaliste", Gilbert Aké N'Gbo a également fustigé "le non-respect des institutions", remettant implicitement en cause la légitimité de la victoire de M. Ouattara et donc son arrivée au pouvoir.

Après un mois relativement calme passé à écouter les seconds couteaux, le procès Simone Gbagbo est enfin entré dans le vif du sujet la semaine dernière, le tribunal d'Abidjan se muant depuis lors en arène politique.

Les quatre accusés du jour ont ainsi dénoncé le rôle de la Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) dans leur arrestation, alors qu'ils avaient trouvé refuge dans un hôtel où l'Onuci était présente, selon eux pour "chercher une protection onusienne".

C'était "un traquenard", a déploré Joseph Kata Kété, qui comme M. Dallo et Mme Boni-Claverie, a réfuté les charges pour lesquelles il est poursuivi.

L'ancien ministre de l'Economie Désiré Dallo, interrogé par l'avocat général, a également nié avoir utilisé de l'argent public pour "acheter des armes" ayant servi à "alimenter des milices".

"Je n'ai jamais entendu parler d'achat d'armes. Le peu d'argent était destiné à payer les fonctionnaires", a-t-il répondu.

Le camp des pro-Gbagbo est accusé d'avoir employé des miliciens très violents durant la crise postélectorale pour faire face aux combattants pro-Ouattara.

Les quatre accusés ont passé seize mois en prison, avant d'être remis en liberté provisoire par la justice ivoirienne.

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