mardi 24 fevrier 2015 par Soir Info

Au lendemain de la descente musclée des forces de défense et de sécurité à Gobelet, quartier précaire de la commune de Cocody, pour appuyer les bulldozers qui procédaient à la démolition dudit quartier, nous sommes reparti sur le site, le samedi 21 février 2015. Nous y avons trouvé des populations déboussolées, attristées et inquiètes pour leur avenir.

Les 1.200 écoliers du groupe scolaire Epv les Bâtisseurs (1, 2, 3 et 4) devront tirer un trait sur l'année scolaire 2014-2015. Leurs établissements seront détruits dès ce lundi 23 février 2015. Les engins qui avaient entamé leur travail de démolition de cette zone et qui l'avaient arrêté à la tombée de la nuit du vendredi 20 février, comptent reprendre, aujourd'hui lundi. Cette reprise devrait toucher ces établissements qui sont situés non loin de quatre maisons déjà détruites.

Lesdits établissements font partie d'une bande de maisons à détruire sur environ deux kilomètres. Bien avant l'arrivée des bulldozers, ce sont les instituteurs, aidés de quelques élèves, qui étaient à la tâche pour décoiffer les salles de classe. Cette scène qui côtoie celle de riverains aux maisons déjà réduites en grava ou à détruire, n'a pas laissé des écoliers indifférents. On n'aura plus d'école. Nous allons rester dans la rue , a expliqué, en sanglots Mlle Josiane, élève en classe de CE2 au Bâtisseur 1, au moment d'aider les autres camarades à faire sortir des tables-bancs. Après les congés de printemps, lorsque nos camarades vont rejoindre leur école, nous serons à la maison, alors que nous voulons aller à l'école. J'ai peur , a laissé entendre le petit Koffi, en classe de CM1.

Quant à T.S.F. qui est au CM2, nous l'avons trouvé en train de pleurer en groupe avec ses camarades à la vue des travaux préliminaires de démolition effectués par des menuisiers et des maçons, sur leur salle, en attendant lundi. Nous pleurons parce que nous ne pourrons pas passer d'examen, et puis, ce n'est pas sûr que nous repartions à l'école encore , a-t-elle fait savoir, entre deux sanglots. La tristesse est d'autant plus grande pour T.S.F. et ses camarades, que l'année scolaire précédente, leur établissement a fait 100% au Cepe et à l'entrée en 6ème en présentant 64 candidats. Cette scène insupportable d'enfants revendiquant le droit à l'éducation, a crée l'émoi chez certains parents qui ont eu du mal à retenir leurs larmes.

Au contraire de ces centaines d'écoliers, Mlle Messan Affi Emmanuelle, en 3ème au lycée municipal d'Adjamé-Williamsville, peut continuer d'aller à l'école, sauf qu'elle dormira sous des tentes et sans électricité. Pour étudier, une torche suffit pour elle. J'ai une vielle torche que j'utilise. C'est à la lumière de celle-ci que j'apprends mes leçons. Lorsque les piles perdent leur puissance, je referme mes cahiers et livres , a-t-elle révélé, sous la tente qui a remplacé leur maison détruite. Pour elle comme pour ses parents, il n'y a pas un autre lieu où partir. Donc, c'est dans les grava et sous une tente qui tient difficilement débout sur des planches rongées en partie par des chenilles, qu'ils ont trouvé leur salut. Les pluies de la semaine dernière ne nous ont pas épargnés. Nous avons perdu une partie de nos biens , a déploré Emmanuelle. Pour Kouassi Jean, le vigile Zerba Seydou, et pour le chauffeur Krou Barthélemy.

Grosse colère

La démolition de Gobelet ne devrait pas toucher en principe tout le quartier, car une partie du site sur laquelle, environ 23 mille âmes se sont installées, est hors du site à risque et est protégé par des documents administratifs. Pourtant, éloignées de la zone à risque, les populations sont menacées de déguerpissement ce lundi, sous la pression d'un ministre qui revendiquerait cette partie de Gobelet d'une superficie de 3, 5 ha. Il y a eu un protocole d'accord entre nous et les propriétaires terriens d'Anono, le 29 août 2006. Ceci est appuyé par une attestation de propriété du chef du village, le 18 mars 2006. Bien avant, lors du lotissement effectué par l'Etat en 1979, le village est resté intact. C'est en 1994 que le maire, Mel Théodore, nous a donné un document, N°710/Mc/Dst-Dom/ 1994 qui nous donne l'autorisation d'occupation , a expliqué Boukary Douamba, conseiller du chef de Gobelet qui a révélé qu'ils ont entrepris des démarches à la Conservation foncière pour vérifier le titre foncier. ... suite de l'article sur Soir Info

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