mercredi 25 mars 2015 par L'Inter

Du système stabilisé à la réforme, en passant par la libéralisation, la filière café- cacao présente aujourd'hui un nouveau visage. Beaucoup d'acquis sont enregistrés certes, mais les attentes du monde paysan restent encore énormes.

Bilan d'une filière, trois ans après la réforme conduite par le Conseil du café- cacao. Notre dossier.
Des années 1960 à l'orée de 2000, la Côte d'Ivoire avait un système stabilisé qui était géré dans le cadre de la caisse de stabilisation, une société d'Etat. En 1998-1999, l'une des conditionnalités des bailleurs de fonds fut la dissolution du système qui existait, et donc la libéralisation de la filière. Toute chose qui a conduit à la création de toutes les structures de gestion de la filière qu'on a connues par le passé, à savoir l'Autorité de régulation et de contrôle du café-cacao (Arcc), la Bourse du café-cacao (Bcc), le Fonds de développement et de promotion des activités café-cacao (Fdpcc), le Fonds de régulation et de contrôle du café-cacao (Frc) et le Fonds de garantie des coopératives du café-cacao (Fgccc). Dans ce système libéralisé, il n'y avait plus de prix garanti. L'on a constaté une détérioration de la qualité des produits, la désorganisation du système de commercialisation, la catégorisation dans le système de commercialisation, avec des acheteurs qui sont devenus plus forts, des exportateurs également, la fragilisation du monde paysan. Cette situation a engendré des remous dans la filière café-cacao, avec à la clé, une enquête réalisée sur instructions de l'ex-Président, Laurent Gbagbo et qui a conduit à déceler des malversations dans ladite filière à la mi-2007. 23 personnes accusées de malversation à la suite de cette enquête, parmi lesquelles les gros bonnets des structures dirigeantes dont Henri Kassi Amouzou, président du conseil de gestion du Fdpcc, Angeline Killi et Firmin Kouakou, respectivement présidente et directeur général du Frc, Jean-Claude Amon, l'un des conseillers du président Gbagbo, Lucien Tapé Do, président de la Bcc, ont été arrêtées. Ces dirigeants, après plusieurs mois de procès, ont été condamnés à des peines d'emprisonnement. Aujourd'hui en liberté provisoire, ils continuent de répondre devant la justice pour les faits de détournement qui leur sont reprochés. C'est dans cette grisaille, que le président Alassane Ouattara, lorsqu'il a accédé au pouvoir, a demandé la mise en place d'une réforme conduite par un petit comité interne dénommé le Conseil du café-cacao. Ce comité avait pour mission de remettre en place une stabilisation qui met le paysan au c?ur des préoccupations. Il s'agit de faire en sorte que ses revenus s'améliorent, de même que la qualité des produits et qu'il y ait un peu plus d'ordre dans la commercialisation intérieure. Qu'en est-il du bilan de cette réforme ? Du côté du Conseil du café-cacao, c'est le satisfecit total. L'on note un prix garanti aux producteurs, qui monte progressivement. Depuis la campagne 2012-2013, 2013-2014 et 2014-2015, le prix du kilogramme de cacao acheté aux producteurs a varié de 725 Fcfa, à 750 Fcfa pour s'établir aujourd'hui à 850 Fcfa. La mise à marché des produits, c'est-à-dire les ventes à l'extérieur, se fait par une messagerie électronique. Tous ces acquis ont fait dire à un acteur de la filière que les choses marchent parfaitement.  On pense fondamentalement que les grands fondamentaux de la stabilisation ont été mis en ordre et que les choses marchent parfaitement , a confié cet acteur de la filière café-cacao sous le sceau de l'anonymat.
 
La production du cacao en hausse, le café chute 

La production cacaoyère ivoirienne a connu une nette embellie. Les niveaux de production s'établissent autour de 1 400 000 tonnes, voire 1 500 000 tonnes. Le cumul des achats de cacao sur la période du 13 décembre 2013 au 15 septembre 2014, au titre de la campagne 2013-2014, s'établit à 1 745 515 tonnes, contre 1 448 992 tonnes réalisées sur la même période au cours de la campagne 2012-2013. Au niveau du café, il y a deux ans, la production se chiffrait à 80 000 tonnes, voire 90 000 tonnes. Aujourd'hui, cette production tourne autour de 100 000 tonnes, au lieu de 300 000 tonnes par le passé. Ce qui signifie que la Côte d'Ivoire a perdu pratiquement les 2/3 de sa production de café. Une chute liée essentiellement au prix du kilogramme de café qui est proposé aux paysans. A la vérité, tant que le paysan ne trouve pas son compte dans un produit, il a tendance à l'abandonner. Avec le boom de l'hévéa, beaucoup de paysans ont abandonné leurs plantations de café pour aller vers cette culture. Au niveau du Conseil du café cacao, un programme de relance caféière qui est doté d'un budget d'à peu près 8 milliards de Fcfa, a été mis en place et vise, dans les cinq années à venir, à booster la production de café jusqu'à 200 000 tonnes. Avec les nouveaux plants de café qui ont été développés par le Centre national de recherches agronomiques (Cnra) il est possible de faire revenir de nombreux paysans dans la culture du café. Aujourd'hui, le prix payé aux paysans en ce qui concerne le café, se situe à peu près à 620 Fcfa le kilogramme. Un prix jugé intéressant par rapport aux autres produits de base. En effet, en dehors du cacao qui est payé à 850 Fcfa le kilo, il y a des produits de base dont les prix tournent autour de 200 Fcfa. Le retour de ce prix est positif. Des producteurs approchés dans la salle de la Caisse de stabilisation (Caistab), au Plateau, au cours de la cérémonie de fixation du prix du kilogramme de cacao pour la grande campagne, le 1er octobre 2014, ont affiché leur satisfaction quant à ces niveaux de prix qui sont servis. Certaines délégations régionales du café cacao rencontrées également à la Caistab ont confié que les paysans sont contents des niveaux de prix.  Le chef de l'État, le président Alassane Ouattara a souhaité que le prix du kilogramme de cacao soit de 850 Fcfa, ce qui est important pour nous. Le Ghana a fixé un prix qui est aux alentours du prix que nous avons fixé. Ils ont fixé leur prix à environ 1,6 dollar le kilo, ce qui fait à peu près 850 Fcfa que nous avons fixé , confiait le 1er octobre 2014, l'un des dirigeants du Conseil du café-cacao. Yao Kouamé Joseph, président de la Coopérative agricole (Copeda) et président national du Syndicat agricole des producteurs individuels et coopératives de Côte d'Ivoire (Sapicoci), joint au téléphone, a traduit toute sa reconnaissance au chef de l'Etat, le président Alassane Ouattara ainsi qu'aux responsables du Conseil de café-cacao quant au prix du kilogramme de cacao fixé à 850 Fcfa.  Comme le prix est garanti, nous sommes satisfaits. Nous remercions le chef de l'Etat pour la réforme. Nous enregistrons une bonne évolution au niveau des prix fixés. Mais, pour que ces prix soient respectés, il faut qu'il y ait des routes. Sinon, des producteurs sont obligés de brader leurs produits en cas de difficultés , a déploré Kouamé Joseph. Pour ce producteur de la zone de San-Pédro, il n'y a pas de doute que la réforme de la filière café-cacao a engendré d'importants acquis pour le monde paysan. N'empêche que beaucoup reste à faire, et le président de la Sapicoci a posé la problématique de l'insécurité dans les zones de production. ... suite de l'article sur L'Inter

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