dimanche 19 avril 2015 par Soir Info

L'Agence d'étude et de promotion de l'emploi (Agepe) est une société à capitaux publics, chargée de la mise en place de la politique de l'emploi en Côte d'IvoireNous avons interrogé Philippe N'dri, le directeur général (Dg) en charge de cette agence.

Il explique qu'en quatre (4) ans, l'Agepe a placé 21.000 personnes en entreprise et a permis à 3431 chômeurs de bénéficier de l'allocation de chômage, pour un montant de 722.230.000F Cfa.
 
Existe-t-il des statistiques sur le nombre exact des chômeurs en Côte d'Ivoire ?

Avec la publication des résultats de l'enquête sur l'emploi, nous disposons désormais, non seulement de statistiques sur le nombre de chômeurs en Côte d'Ivoire, mais également de données fiables sur l'ensemble des indicateurs du marché du travail, tels que le nombre d'emplois, les caractéristiques des emplois, les répartitions des emplois par secteur, etc. Avant de parler du nombre de chômeurs en Côte d'Ivoire, nous voudrions préciser que nous utilisons les définitions de concepts issues des résolutions de la Conférence internationale des statisticiens du travail (Cist). La dernière en date s'est tenue en octobre 2013, avec la participation de l'Agepe.
 
Que dit cette dernière résolution ?

Cette dernière résolution définit la population en emploi, comme toutes les personnes en âge de travailler (14 ans et plus pour la Côte d'Ivoire) et qui, durant les 7 jours précédant l'enquête, étaient engagées dans une activité visant à produire des biens ou à fournir des services en échange d'une rémunération ou d'un profit. Quant à la population au chômage, la convention explique qu'il s'agit de toutes les personnes en âge de travailler (14 ans et plus) qui, durant les 7 jours précédant l'enquête, n'étaient pas en emploi, avaient effectué des activités de recherche d'emploi au cours des trente derniers jours, et étaient disponibles pour l'emploi durant les 15 jours suivant l'enquête, si la possibilité d'occuper un poste de travail existait. Sur la base donc de ces définitions, la dernière enquête nationale réalisée sur la situation de l'emploi en février 2014, donne un taux de chômage en Côte d' Ivoire de 5,3%, soit 426.225 personnes en chômage dans le pays.
 
Mais ce taux de chômage de 5,3 % est contesté par de nombreux Ivoiriens. Qu'en dites-vous ?

Ignorant sûrement les définitions du chômage et de l'emploi, les Ivoiriens prennent des personnes en emploi pour des chômeurs. La conséquence est qu'il y a une différence notoire entre les définitions du chômage et de l'emploi, selon les normes internationales. Il se trouve, par ailleurs, que les Ivoiriens se focalisent tous sur le seul taux de chômage en tant qu'indicateur d'analyse du marché du travail. Mais il en existe plusieurs et, il faut le dire, le taux de chômage n'est pas nécessairement le plus pertinent des indicateurs pour apprécier un marché du travail comme celui de la Côte d'Ivoire. En effet, en raison des caractéristiques de ces marchés du travail, caractérisés par une faible proportion d'emplois salariés et une forte proportion d'emplois informels, précaires, peu rémunérés, les taux de chômage ont tendance à y être anormalement faibles. Ce qu'il faut donc retenir globalement, c'est qu'en plus du chômage, il existe d'autres situations qualifiées de sous-utilisation de la main-d'?uvre. On peut citer, par exemple, toutes ces personnes qui travaillent et qui ont un revenu inférieur au Smig.
 
De nombreux diplômés restent encore sans emploi. Est-ce que cette situation peut être considérée comme une inadéquation entre la formation et l'emploi ?

Oui, dans une certaine mesure. Mais véritablement, votre question nous amène à mettre le doigt sur la problématique du recrutement de la main d'?uvre en Côte d'Ivoire. Cette problématique révèle que, non seulement l'offre d'emploi du système productif n'est pas suffisante pour satisfaire toute la demande, mais aussi et surtout qu'il existe en même temps un paradoxe qui indique une inadaptation des profils par rapport aux besoins du marché. Par exemple, des secteurs d'activités, comme les mines et le pétrole, ne sont pas suffisamment pourvus en main d'?uvre qualifiée (inadéquation voire inadaptation de la formation aux possibilités offertes par le marché du travail). Subsidiairement, le manque d'initiative, de culture d'entreprise et même de culture, de façon générale, constitue aussi un handicap pour le jeune et une difficulté pour l'Agepe lors des recrutements. Cet état de fait appelle à la prise en compte effective de la demande de qualification des entreprises par le système de formation et de qualification. ... suite de l'article sur Soir Info

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