lundi 27 avril 2015 par L'intelligent d'Abidjan

Le Collectif des propriétaires terriens du village de Songon Kassemblé a prévu d'empêcher, dans le courant de cette semaine, la poursuite des travaux du projet de logements sociaux initié par Alassane Ouattara, le Président de la République, sur ses terres. Meyan Djiro et Abbey Aké, respectivement président et secrétaire général de ce collectif l'ont fait savoir le jeudi 23 avril 2015, lors de leur passage à L'Intelligent d'Abidjan.

Les raisons pour lesquelles le Collectif des propriétaires terriens du village de Songon Kassemblé a décidé de bloquer l'accès au site aux employés commis pour les travaux de ce projet du Président Ouattara, mis sur pied pour permettre aux Ivoiriens de se loger confortablement et à un coût convenable, ont été exposées par Abbey Aké. Depuis juillet 2013, nous avons signé une convention avec l'Etat de Côte d'Ivoire par le biais du ministère de la Construction, du Logement, de l'Assainissement et de l'Urbanisme, dans le cadre du projet des logements sociaux du Président de la République. Nous avons cédé par rapport à ce projet 439 hectares 27 ares 75 centiares. Six (6) mois après la signature de la convention, l'Etat de Côte d'Ivoire nous a versé 40% de ce qu'il nous devait. Il nous a signifié qu'il allait nous verser par la suite 30% chaque trois (3) mois. Sur cette base, l'Etat aurait dû purger les droits coutumiers au bout d'un (1) an. Il faut également préciser que la valeur de cet espace est de 8 795 550 000 F.CFA à raison de 2 000 F.CFA le mètre carré fixé par l'Etat lui-même et qui a fait l'objet d'un décret. D'autre part, Songon Kassemblé est un village Ebrié'' habité par des populations pratiquant la culture de l'hévéa. Toutes leurs plantations ont été détruites pour abriter les logements sociaux, suite à une expertise du ministère de l'Agriculture commise par le ministère de la Construction. Et le montant de 1 800 000 000 F.CFA environ a été arrêté pour l'indemnisation des propriétaires de ces plantations détruites. Depuis juillet 2013 jusqu'à ce jour, c'est-à-dire en deux ans pratiquement, nous n'avons perçu que 1 772 045 435 F.CFA (soit 20,17%) sur le montant total des 8 795 550 000 F.CFA. Le dernier montant que nous avons perçu au mois de novembre 2014 est de 400 millions de FC.CFA. Pourtant, la convention prévoyait que la purge se fasse sur un (1) an.

Nous sommes actuellement à près de deux (2) ans de sa signature , a exposé le secrétaire général de ce collectif. Dans la foulée, Abbey Aké a également expliqué que face aux difficultés rencontrées par le ministère de la Construction pour indemniser les propriétaires des plantations détruites, le Collectif a accepté librement de prêter 30% de ses avoirs aux propriétaires des plantations à chaque paiement. Nous l'avons fait dans un souci d'apaisement en attendant que l'Etat trouve les voies et moyens pour pouvoir les indemniser , a-t-il précisé. Au dire du secrétaire général du Collectif des propriétaires terriens de Songon Kassemblé, tous ces faits ont eu lieu au moment où la convention était caduque. Mais, a-t-il ajouté, pendant que la convention était d'actualité, les membres du Collectif ont accepté délibérément sur proposition du ministère de la Construction, de céder 30% (soit 2 638 665 000 F.CFA) de leurs avoirs pour acquérir eux-mêmes des maisons sur le site. Une somme que, selon lui, l'Etat doit les aider à verser auprès des promoteurs immobiliers. Sur la question de l'indemnisation des propriétaires terriens du village de Songon Kassemblé, peut-on parler de mauvaise de foi de la part du ministère de la Construction ? C'est en tout cas ce qui ressort des propos d'Abbey Aké qui a souligné que les villageois, par voie de presse, ont appris que les souscripteurs ont cotisé plus de 20 milliards de F.CFA auprès des 26 promoteurs immobiliers cooptés pour le projet. De plus, a-t-il indiqué, les montants de 5 milliards et de 15 milliards de F.CFA ont été octroyés à la Côte d'Ivoire par des opérateurs économiques d'un pays ami. Pour Abbey Aké, il y a une occupation entière et totale de leurs terres d'autant plus que les entreprises sur le site sont à l'étape des voiries et réseaux divers. En vue de montrer la mauvaise foi du ministère de la Construction qui, d'après lui, n'entreprend rien pour leur donner satisfaction, il a ajouté à tous ses arguments les récentes démarches entreprises par le Collectif. Au cours de cette année 2015, depuis février que nous nous sommes rendus au ministère de la Construction, le dossier traîne. Le 9 avril 2015, nous avons également sollicité auprès de ce ministère le paiement de nos droits. Mais aucune suite ne nous a été donnée. () La confiance est rompue. Nous n'avons plus confiance en ce ministère , a déploré le secrétaire général du Collectif. Sans adopter une posture de défiance, Abbey Aké a alors lancé : Nous demandons seulement le paiement entier de nos droits par l'Etat, aussi bien pour la purge des droits coutumiers que pour l'indemnisation des plantations détruites. Nous n'avons pas d'autres revendications. Et nous sollicitons dans l'immédiat un montant de 2. 500.000.000 FCFA qui représente un total de paiement de 48,63% de nos droits.

La réaction du ministère de la Construction
Pour en savoir plus, nous sommes entrés en contact le jeudi 23 avril 2015, avec Traoré Mefoua, le Directeur en charge des logements sociaux au ministère de la Construction. Il a déclaré ceci au téléphone : Si vous voulez parler désormais à l'administration, ne restez pas à mille lieux pour m'appeler au téléphone et me demander des informations. Ne m'appelez pas pour des questions de purges des propriétaires de Songon Kassemblé, parce qu'ils ne sont pas les seuls dans le programme que nous sommes en train de conduire. A chaque fois et pas plus tard que la semaine dernière (du 13 au 19 avril 2015, ndlr), nous étions en discussion avec eux. Et chaque jour, je ne reçois que des messages . De qui reçoit-il ces messages ? Je ne rentre pas dans ces considérations. Mais je voudrais vous dire que votre manière de chercher à avoir vos informations ne me plaît pas. Si vous voulez des informations, déplacez-vous. Les membres du collectif des propriétaires terriens ne sont pas les seuls dont les droits doivent être purgés. Quels engagements avons-nous pris sans respecter ? , a interrogé Traoré Mefoua.

Le ministre de la Construction en visite sur le site
Alors que plusieurs aspects de l'indemnisation de ces propriétaires terriens restent à clarifier, Mamadou Sanogo, le ministre de la Construction, s'est rendu le vendredi 24 avril 2015 à Songon Kassemblé, dans le cadre de la visite qu'il a entamée la semaine dernière sur les sites du Programme Présidentiel des Logements sociaux et des cités LEM. L'information publiée sur la page Facebook du ministère de la Construction fait état de ce qu' il a encouragé les promoteurs pour la naissance de ''cette ville nouvelle'' et recommandé ''la construction dans les normes même s'il y a une pression de la clientèle''. Toujours selon cette information, le ministre a par ailleurs annoncé que ''le compte séquestre dispose d'environ 28 milliards de francs C.FA'', preuve de l'adhésion des Ivoiriens à ce programme de logements .

A.A

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