vendredi 15 mai 2015 par L'Inter

Dans cet entretien qu'il nous a accordé via Internet, depuis son exil, le président de l'Union des nouvelles générations, Stéphane Kipré, se prononce sur tous les sujets brûlants de l'actualité politique ivoirienne. Il parle de son retour, de la crise au Fpi, des prochaines élections et de la coalition de l'opposition en préparation. Interview!
Monsieur le président, comment se porte l'Union des nouvelles générations (Ung), la formation politique dont vous êtes président-fondateur?

Je tiens, avant tout, à vous remercier de l'opportunité que vous me donnez de parler de l'Union des nouvelles générations et de la situation socio-politique en Côte d'Ivoire qui est alarmante. Notre parti se porte bien! Il a traversé plusieurs moments difficiles dûs à l'arrestation de plusieurs de nos responsables, mais il ne s'est pas cassé et nous continuons, aussi bien en Côte d'Ivoire que dans la diaspora, à installer des bases et former nos militants sur les défis à venir.

Justement, votre parti est en profonde restructuration avec le changement à la tête de la jeunesse et l'investiture, récemment, du bureau national des femmes de l'Ung. 2015 étant une année électorale, à quoi répondent toutes ces mutations?

L'Ung n'est pas "en profonde restructuration". Il ne s'agit pas ici de réorganiser des structures qui seraient inadaptées! Non, il s'agit plutôt d'apporter une modification à la tête de ces deux structures, en l'occurrence le bureau de la jeunesse et celui des femmes, sans toutefois en changer les soubassements et les principes. Donc, l'on peut parler ici de simple changement, mais aucunement de "profonde restructuration", dans le but d'apporter une nouvelle dynamique tout en saluant le travail abattu par les camarades qui ont passé le flambeau. Principalement le camarade Dagnogo Aboubakar, ex-président des jeunes, promu secrétaire général adjoint et encourager les camarades Zagol Alain Durand pour les jeunes, et Fallone Kéita au niveau des femmes, qui prennent la relève. Par ailleurs, 2015 est effectivement une année électorale, et ma position concernant la participation aux élections est connue. Nous estimons que certaines conditions quant à la participation à ces élections ne sont pas remplies pour que nous nous sentions concernés. De ce fait donc, les mutations au sein de l'Ung ne peuvent être mises en corrélation avec l'année électorale de 2015. L'Ung se forme et se prépare aux défis à venir, et c'est à cela que répondent ces mutations.
Cela fait plus de quatre ans que vous êtes en exi, à quand votre retour au pays?

Cela fait plus de quatre ans que la Côte d'Ivoire est sous une dictature virulente. A quand la fin de cette dictature? A quand la liberté d'expression effective en Côte d'Ivoire? A quand la libération de tous les prisonniers politiques en Côte d'Ivoire? A quand la fin de cette justice partiale, de cette justice des vainqueurs? A quand l'instauration de réelles garanties de sécurité pour le retour des exilés dans leur très cher pays? Ma réponse se trouve dans les interrogations que je viens d'exposer. Ce qui est le plus important aujourd'hui pour moi, et surtout pour tous les Ivoiriens, ce n'est pas le retour de Stéphane Kipré en Côte d'Ivoire, mais le retour de la liberté et de la démocratie. Et c'est ce combat que nous menons quelle que soit notre situation géographique.
Plusieurs cadres pro-Gbagbo sont rentrés en Côte d'Ivoire suite à l'appel du président Ouattara. Vous restés encore en exil, qu'est-ce qui vous retient?

Je tiens, tout d'abord, à dire qu'il ne suffit pas de lancer un appel pour que les exilés rentrent. Il faut que cet appel soit assorti de garanties effectives de sécurité, d'absence de représailles. Mais, force est de constater que certains exilés mettent fin à cette rude épreuve qui est l'exil, pour atterrir dans une prison à ciel ouvert qu'est devenue la Côte d'Ivoire. Faites le point de tous ceux qui sont rentrés d'exil et vous conviendrez avec moi que, soit tu rentres pour devenir une marionnette que le pouvoir peut utiliser à sa guise pour faire croire que la réconciliation avance, soit tu gardes une attitude de dénonciation des tares du régime et dénonces toutes les tentatives d'inféodation et tu te retrouves en prison. Les Ivoiriens qui, comme moi, ont été contraints à l'exil, l'ont été pour une seule raison: le régime totalitaire de monsieur Ouattara ainsi que la violence inouïe de ses bandes armées dont l'on
attend toujours le désarmement, d'ailleurs. Lorsque cette autocratie sanguinaire prendra fin, vous verrez que plus rien ne retiendra personne à l'extérieur du pays.
L'Ung a adhéré à l'Alliance des forces démocratiques (Afd), pour ensuite se retirer. Quelles en sont les raisons?

Effectivement, nous avons adhéré à l'Alliance des forces démocratiques (Afd) parce qu'il s'agissait de se battre ensemble pour le retour des libertés et de la démocratie. Il s'agissait de créer une force politique qui, par des actions populaires, diplomatiques et pacifiques, contraigne le pouvoir à prendre en compte nos revendications dans le cadre du processus de réconciliation. A cet effet, nous avions adopté une feuille de route. Mais, nous nous sommes rendus compte que certains d'entre nous se servaient de cette structure pour contourner les organes statutaires de leur parti politique, dans le but d'escorter M. Ouattara à des élections pour le légitimer. Nous avons refusé de nous associer à cette trahison du peuple de Côte d'Ivoire, et nous sommes sortis de cette alliance.
Quelle lecture faites-vous de la crise au Fpi, votre allié?

Je me suis longuement prononcé sur la crise qui a secoué le Front populaire ivoirien, auquel nous sommes alliés. Je pense que l'élection du président Gbagbo (Ndlr : à la tête du Fpi), que j'ai d'ailleurs félicité lors de mon récent voyage à La Haye, permet de fermer cette parenthèse et de se consacrer à la priorité des Ivoiriens qui consiste à créer des conditions de vie meilleures. ... suite de l'article sur L'Inter

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