jeudi 28 mai 2015 par Le Patriote

Avant l'élection du nouveau président du Groupe de la Banque africaine de développement, nous avons rencontré hier, Amadou Koné, administrateur de la Bad pour la Côte d'Ivoire, la Guinée et la Guinée équatoriale. Dans cette interview, il explique le procédé de désignation du président de la Bad, donne le profil attendu du successeur de Donald Kaberuka, etc.

Le Patriote : Monsieur l'administrateur, vous venez de sortir (hier Ndlr) d'une réunion des gouverneurs de la banque. De quoi a-t-il été question ?

Amadou Koné : C'était la première séance du conseil des gouverneurs. Elle portait sur le rapport du comité directeur. Il s'agissait d'adopter l'ordre du jour. Le conseil des gouverneurs est l'un des organes statutaires de la banque. Au niveau de l'organe administratif qu'est le conseil d'administration et exécutif, le président et son équipe font un rapport annuel au gouverneur sur l'état de la banque, les perspectives à venir et sur le fonctionnement. Il a aussi été question d'élire un certain nombre d'administrateurs dont les mandats étaient arrivés à terme. Nous avons ensuite évalué la feuille de route du retour de la banque à Abidjan. On retient qu'il s'est déroulé dans de bonnes conditions et qu'au niveau de la santé financière, la banque se porte bien. Les travaux de supervision et le programme d'activité annuelle ont également été faits. Cet après-midi (hier, Ndlr), le conseil des gouverneurs va auditionner les candidats en vue des élections qui se dérouleront demain (aujourd'hui Ndlr).

LP : Sur quoi porteront les auditions des candidats et est-ce qu'ils s'acquittent d'une caution ?

AK : Il y a eu un processus de sélection et de réception de questions que les gouverneurs voudraient poser. Un questionnaire a été élaboré sur cette base. 24 questions seront posées au total, à raison de trois questions par candidat. Les questions et ceux qui les posent, sont également tirés au sort. Tout cela se fait de façon démocratique. C'est tout un processus dont nous sommes fiers. Car, cette méthode ne donne pas de place à quelque arrangement que ce soit. Aucun candidat ne paie de caution. Le parrainage est une caution.

LP : Combien de temps peut durer l'audition?

AK : Nous avons une tranche horaire de cinq heures. C'est-à-dire de 14 heures à 19 heures. On espère finir de faire les auditions pendant ce temps.

LP : Pouvez-vous nous expliquer le processus de désignation du président de la Bad ?

AK: Il y a d'abord le dépôt des candidatures. Celles-ci sont accompagnées de parrainage d'au moins un pays. Les huit candidats vont être auditionnés par l'ensemble du conseil. C'est une élection à plusieurs tours, cinq au total, et le président sera le candidat qui aura obtenu la double majorité. C'est-à-dire la majorité des pays membres régionaux (africains) et la majorité de l'ensemble des actionnaires. Ce sont les 80 Etats membres qui votent avec des pouvoirs de vote différents.

LP : Quels peuvent être les blocages au cours d'une telle élection ?

AK : Tout dépend des Etats. Le candidat doit séduire les électeurs. Mais il y a déjà eu des blocages au moment d'élire le président et nous avons dû reporter l'élection. C'était en 2005, au moment de la désignation du successeur d'Omar Kabbaj. Aucun des deux candidats retenus n'avait gagné. Ce sont des choses qui arrivent. Mais on finit toujours par avoir un président.

LP : Y a-t-il des actes que les pays ne doivent pas poser dans la campagne pour leur candidat ?

AK : Tout est encadré. Mais nous n'allons pas tout encadrer à l'excès. Les candidats sont des personnalités qui sont d'une certaine dimension et qui sont présentées par des Etats. Ils sont tenus d'avoir un certain comportement. Je pense que la campagne se déroule bien et il n'y a pas d'incident. D'ailleurs, il ne devrait pas en avoir. Je vous informe aussi que je ne soutiens personne, tout comme la Côte d'Ivoire.

LP : Quel est le portrait-robot du successeur de Donald Kaberuka ?

AK : Nous souhaitons un candidat, qui au sortir de cette élection, pourra maintenir la banque au niveau d'institution de classe mondiale. Un candidat qui, une fois désigné, va consolider l'important travail fait par le président sortant. Nous avons une bonne liste de candidats. L'expérience, ils en ont tous. Parmi eux, nous avons des anciens gestionnaires, des ministres de finances. Certains ont été gouverneurs. Tout dépendra de ce que chacun proposera aux actionnaires de faire pendant les cinq prochaines années. En ce qui nous concerne, nous souhaitons avoir un candidat qui fasse preuve de flexibilité dans la coopération avec les pays, de pro-activité et qui mette en ?uvre un certain nombre de stratégies que le conseil d'administration a déjà approuvé.

LP : Pourquoi la Côte d'Ivoire n'a-t-elle pas présenté de candidat ?

AK : Je pense que c'est parce que le siège est à Abidjan. Sinon, nous avons en Côte d'Ivoire, des cadres qui ont géré de grandes institutions et qui sont capables de gérer la Banque africaine de développement. Mais c'est pour respecter une tradition.

LP : Est-il inscrit que le pays qui a le siège ne doit pas avoir de candidat ?

AK : Quand on crée des institutions, ce n'est pas tout que l'on écrit. Je crois qu'on respecte la tradition. Pour l'instant, on n'a pas de candidat. Après, il appartiendra peut-être aux autorités ivoiriennes de se pencher sur la question. Mais nous sommes bien contents d'avoir le siège.

LP : Votre message en tant que gouverneur ?

AK : C'est dire merci au président Alassane Ouattara pour tout ce qui a été fait pour que la banque vienne à Abidjan. Tous les cinq continents sont ici pour les Assemblées annuelles. C'est quelque chose qui permet à la Côte d'Ivoire de montrer son nouveau visage au monde. Tout cela dénote de la qualité du travail fait au niveau des infrastructures et de la sécurité. Tous les participants que je rencontre sont satisfaits. C'est bien que les Assemblées se tiennent à Abidjan et que le nouveau président prenne fonction à Abidjan. Ce n'était pas donné, avec toutes les difficultés qu'il y a eues pour que la Bad revienne.

LP : Quand est-ce que le siège sera prêt ?

AK : Nous avons prévu l'occuper au plus tard en septembre. Il sera prêt d'ici là.

JEA

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