mardi 2 juin 2015 par La Synthèse

C'est un secret de polichinelle. Le clergé catholique ivoirien est fortement divisé après la nomination de Mgr Paul Siméon Ahouana comme président de la Commission Nationale pour la Réconciliation et l'Indemnisation des victimes (CONARIV). Dans un communiqué en date du 10 mai 2015, la conférence des évêques de Côte d'Ivoire s'est désolidarisée de l'archevêque métropolitain de Bouaké.

La Conférence des Evêques catholiques de Côte d'Ivoire s'est publiquement désengagée des nouvelles fonctions de Mgr Paul Siméon Ahouana, président de la Commission Nationale pour la Réconciliation et l'Indemnisation des victimes. Les Archevêques et Evêques de Côte d'Ivoire tiennent à informer les membres du clergé, les religieux, les religieuses et les fidèles laïcs qu'ils n'ont été associés ni de près ni de loin par leur confrère à cet engagement. C'est pourquoi dans l'esprit du Canon 285 du Code de Droit Canonique de 1983, ils tiennent à préciser qu'ils ne sont pas comptables des actes qu'il posera dans l'exercice de sa nouvelle charge à la tête de la CONARIV, indiquait le communiqué de la 101ème assemblée plénière de la conférence des évêques qui a eu lieu du 5 au 10 mai dernier dans la localité de Taabo. Selon le paragraphe 3 de l'article 285 du code du droit canonique, il est interdit aux clercs de remplir les charges publiques qui comportent une participation à l'exercice du pouvoir civil . Or justement, cette fonction de président de la CONARIV fait de Mgr Ahouana un acteur impliqué dans la gestion du pouvoir civil. Toute chose qui a amené les évêques ivoiriens à se désengager de lui affirmant qu'ils n'ont été associés ni de près ni de loin par leur confrère à cet engagement () ils tiennent à préciser qu'ils ne sont pas comptables des actes qu'il posera dans l'exercice de sa nouvelle charge à la tête de la CONARIV . Depuis cette déclaration, il ne se passe pas un seul jour sans qu'un prêtre, un fidèle ou même un citoyen ne demande à Mgr Ahouana de démissionner. De sources proches de cette affaire, le Vatican n'aurait pas apprécié la prise de position de Mgr Ahouana, lors du transfert de Laurent Gbagbo à la Haye. On se souvient qu'alors que Charles Konan Banny était président de la défunte Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), l'exécutif ivoirien lui a toujours interdit de rendre visite à l'ex-président Laurent Gbagbo à son lieu de détention à Korhogo et même après son transfèrement à la CPI. Interrogé sur ce fait, Konan Banny a avoué son impuissance face à l'injonction de l'exécutif qui lui interdisait tout contact avec Laurent Gbagbo. Quant à l'archevêque de Bouaké, il aurait laissé entendre que si Gbagbo m'avait écouté, il ne serait pas là où, il se trouve actuellement . C'est donc cette attitude qui aurait poussé le clergé catholique à se désolidariser de lui ; car le rôle de l'Eglise n'est pas de prendre position, mais de concilier et de réconcilier. Or en s'exprimant de la sorte, Mgr Ahouana a clairement démontré qu'il a un parti pris et l'Eglise, selon nos sources, ne saurait se mêler à cela.
Ouattara se justifie

J'ai lu dans la presse qu'il y a quelques échanges au sein de la conférence épiscopale. Je tiens à préciser que nous ne voulons pas nous mêler des questions religieuses. a fait savoir M. Ouattara depuis sa tournée à l'intérieur du pays. Le chef de l'Etat a indiqué que Mgr Ahouana était membre de la CDVR. Et parce que le président de la CDVR a démissionné, il a reconduit tout simplement tous ceux qui étaient là. Nous avons décidé que ce serait bon que Mgr Ahouana qui était l'un des vice-présidents soit le président. Et avant de le faire, j'ai informé le cardinal Kutwa et le Nonce apostolique. Je ne veux pas me mêler des dissensions éventuelles au sein de la Conférence épiscopale. Alassane Ouattara a affirmé que Mgr Ahouana fait un excellent travail et qu'il a un calendrier et donc il sera soutenu pour qu'il aille jusqu'au terme du travail qui lui été confié. Il n'y pas que Mgr Ahouana au sein de cette commission. Il n'est donc pas le seul comptable des actes de la CONARIV. Au sein de cette commission, il y a des évangéliques, des musulmans et la société civile. C'est tout ce bloc qui va faire un rapport. Ce n'est pas la CONARIV de Mgr Ahouana. C'est une CONARIV présidée par Mgr Ahouana qui a d'ailleurs à ses côtés, trois vice-présidents. Il y a le roi de Bassam, l'ambassadeur Tanoe, le Cheick Boikary Fofana et le Bishop Benjamin Boni. C'est un travail collégial et collectif et je fais confiance à la Commission , a tenu à préciser le Président Ouattara pour tenter d'apaiser la tension qui secoue l'Eglise catholique ivoirienne relativement à la nomination de Mgr Ahouana à la tête de la CONARIV. Une explication qui ne retire en rien le fait que sur cette que sur affaire, l'Eglise catholique reste profondément divisée.

Hermann N'ZARAMAN

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