mercredi 3 juin 2015 par L'intelligent d'Abidjan

Peut-on éviter les multitudes crises électorales en Afrique ? C'est à cette question fondamentale que Pr. Claude Kouassi Yao, Doyen de l'UFR d'Histoire et grand spécialiste des crises électorales en Afrique s'est prêté le jeudi 28 mai dernier à l'Ecole normale supérieure, dans le cadre d'une conférence-débat organisée par le Programme d'appui stratégique à la recherche scientifique (Pasres).
La problématique des élections en Afrique : causes et conséquences des crises électorales , tel est le thème qu'a présenté Pr. Kouassi Yao. L'émérite enseignant a compartimenté sa présentation en trois parties : les définitions, les causes des crises et les conséquences. L'historien a définit la crise comme une période d'incertitude entre un ordre ancien dépassé pour un ordre nouveau à établir. Ainsi, la crise électorale se définit comme une situation de désordre, de dysfonctionnement qui s'introduit dans le jeu politique provoquant des violences et graves atteintes aux droits et libertés humaines. Parlant des causes, le conférencier en a dégagé deux. Des causes endogènes et des causes exogènes. En ce qui concerne les causes endogènes, donc propres aux pays africains Pr. Kouassi Yao a cité, pêle-mêle, l'absence de dialogue politique, le poids des ambitions personnelles, régionales et claniques (en Afrique, on n'organise pas les élections pour les perdre, dixit Pascal Lissouba/ Congo Brazza) ; être présidents à vie et les élections ne doivent servir qu'à légitimer leurs pouvoirs (seul Dieu peut m'enlever de là (Robert Mugabé/ Zimbabwe) ; absence de culture démocratique chez les populations (En Côte d'Ivoire, la grande majorité ne connaît pas le code électoral) ; opposition jusqu'au-boutisme, faiblesse des administrations en charge de l'organisation des élections, listing électoral contestable, mauvaise distribution des cartes d'électeurs, élimination de candidats de poids , date des scrutins, etc.
En ce qui concerne les causes exogènes, Pr. Kouassi Yao a relevé l'interventionnisme des puissances étrangères dans le processus électoral en Afrique (organisation d'élections présidentielles en Côte d'Ivoire sans le désarmement, anarchie en Lybie).
Abordant le chapitre des conséquences, le conférencier en a ressorti deux : la médiation et le recours à la violence. Selon lui, la phase de la proclamation des résultats est l'étape de tous les dangers. Ainsi, en cas de crise, la phase de médiation consiste à ouvrir des négociations par des canaux intérieurs ou extérieurs. Cependant, dans la plupart des cas, les crises électorales conduisent à une vague de violences avec de graves atteintes aux droits humains. Coups d'Etat militaires guerre civile, déstabilisation sont entre autres les manifestations de la crise électorale. Pour conclure, Pr. Kouassi Yao a affirmé que les crises électorales en Afrique ne sont pas des fatalités ou une malédiction. Elles tiennent comptent de facteurs mesurables. On peut les prévenir d'abord par en éduquant les citoyens et la classe politique à la culture politique. On peut aussi en freiner une grande part, par des pressions extérieures et intérieures.

Olivier Guédé

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