samedi 13 juin 2015 par Diasporas-News

Notre voyage nous porte dans la ville de Schio près de Vicenza dans le nord-est de l'Italie où vit un des grands noms cachés de la musique ivoirienne resté inconnu de nos jours par les nouvelles générations. Dirait-on une des valeurs de la musique ivoirienne que, grâce à feu Fulgence Kassi, a été révélée. Ismaël Morrow, à l'état civil Moroko Zokou Albert, ou Monsieur Totem group dans Podium à la télé, ou encore Monsieur Delta group à l'émission Piédestal de la radio ivoirienne vit depuis près de vingt ans en Italie. Nous l'avons rencontré et à travers cet entretien qu'il a bien voulu nous accorder, Ismaël Morrow nous parle de sa vie et de son métier.

Depuis quand faites-vous la musique ?

Je vous remercie. Je fais la musique depuis mon jeune âge. Mon oncle maternel d'ailleurs très connu en Côte d'Ivoire, Seri Simplice, m'a donné cette impulsion. En classe de 6ème, avec des amis, on a formé un groupe. Je me demande aujourd'hui comment on s'arrangeait à l'époque car personne parmi nous n'avait une notion de musique (As Kwuaku et autre....). Je suis donc autodidacte. J'ai participé par la suite à différents concours d'artistes en herbe à la télé et aussi à la radio ivoirienne (PODIUM à la Télé et PIÉDESTAL à la radio. J'ai fait partie de nombreux groupes de musique en Côte d'Ivoire. Certains de mes amis musiciens chanteurs sont aujourd'hui devenus des stars confirmées dans mon pays et dans le monde. Comme exemples concrets Alice Sofas, Meiway et bien d'autres encore. Mon dernier groupe avant de quitter la Côte d'Ivoire a été le Delta Group, après que j'ai enregistré le premier cd. Le disque est sorti pendant que j'étais déjà ici en Italie.

Quel genre de musique faites-vous ?

J'ai choisi la musique Reggae pour véhiculer mes messages. Reggae d'accord mais en fait mon style reggae est unique. Pas le reggae jamaïcain. Vu que je suis aussi arrangeur je fais asseoir mon reggae sur base rythmique africaine et le reste avec des airs occidentaux et voilà le tune est servi.

Quel est votre grand souvenir depuis que vous faîtes ce métier ?

Mon plus grand souvenir dans mon parcours de musicien arrangeur chanteur est d'avoir joué aux côtés de Jimmy Cliff. A mon arrivée en Italie, pour mieux m'intégrer, la musique a été mon épée de combat. J'ai réussi à créer une formation musicale de 14 éléments avec seulement 2 africains. Un ghanéen aux percussions et moi à la guitare. Les autres 12 étaient tous des italiens. Je compose les morceaux, je les arrange et c'est comme ça qu'on travaille. Mon chanteur du groupe est un italien, mais qui chante en Bété, en dioula etc.

Comment jugez-vous la musique aujourd'hui en Côte d'Ivoire?

Pour être sincère et cela n'engage que moi. La Côte d'Ivoire a beaucoup perdu en matière de musique. Avec tous ces rythmes que nous avons au pays, personne de nos musiciens aujourd'hui en Côte d'Ivoire n'a suivi les traces de Soro N'gana, d'Antoinette Konan, d'Ernesto Djédjé, etc. La liste n'est exhaustive. Tous les musiciens aujourd'hui au pays se plaisent à faire de la musique commerciale, dirait-on qu'il faut vivre, alors on fait ce qui est rapide.

Avez-vous un projet immédiat ?

Projet immédiat? Vous avez dit...? Je vous annonce qu'après avoir fondé mon groupe qui a tourné dans toute l'Italie et qui tourne encore, je viens de finir l'enregistrement de mon opus de 5 titres, que j'ai nommé Embargo. Et cela sans mes musiciens mais avec d'autres amis musiciens que j'ai connus pendant toutes ces années de mon parcours musical en Italie. Bientôt Embargo sera dans les bacs de Vicenza en Italie.

Quelle lecture de la politique faites-vous de la Côte d'Ivoire?

Écoutez donc Embargo et vous comprendrez la réponse à votre question. En fait ce n'est pas seulement la Côte d'Ivoire, ni la Libye, ni le Ghana. Je m'adresse à ces pays soit disant plus grands de ce monde. Ils sont partout. Le jargon reggae les appelle les Babyloniens. Ils fomentent, volent et tuent. Nous ne sommes que des victimes, nous, pauvres Africains.

Avez-vous un message particulier à quelqu'un ou à votre nation ?

Je voudrais seulement dire a mes compatriotes Ivoiriens Peace and love.

RENE KOUAME

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