jeudi 25 juin 2015 par AFP

Abidjan - Dix-neuf ONG, dont la Fédération internationale des droits de l'Homme et Human Rights Watch, ont appelé jeudi le président ivoirien Alassane Ouattara à maintenir ouvertes les enquêtes sur la crise postélectorale de 2010-2011 afin que les juges puissent aller jusqu'au bout de leurs investigations.
"Nous vous écrivons pour exprimer notre vive préoccupation quant aux informations concordantes (...) faisant état de la clôture imminente des enquêtes judiciaires en cours", ont indiqué les organisations signataires, internationales et ivoiriennes, dans une lettre ouverte envoyée à M. Ouattara.
Les autorités ont fait part à de multiples reprises de leur volonté de clore les dossiers relatifs à la crise avant l'élection présidentielle prévue en octobre.
D'après un communiqué de presse envoyé par les 19 ONG, le gouvernement ivoirien a demandé à la Cellule spéciale d'enquête, en charge de ces affaires, de "terminer son travail d'ici le 30 juin 2015".
"La clôture prématurée de ces instructions aurait pour conséquence certaine des procès mal préparés et des accusations insuffisamment étayées ne permettant pas de rendre justice aux victimes", ont-elles observé.
"Monsieur le Président, nous faisons donc appel à vous (...) afin que les enquêtes demeurent ouvertes et permettent aux magistrats en charge de ces dossiers difficiles et délicats d'aller au bout de leur travail", d'après le courrier.
Le temps supplémentaire "permettra sans aucun doute de garantir le bon exercice de la justice et une paix durable pour la Côte d'Ivoire et sa population", de même source.
La Côte d'Ivoire a connu une décennie de crise politico-militaire de 2002 à 2011, marquée par la partition du pays en deux, dont les violences postélectorales de décembre 2010-avril 2011 ont constitué l'épilogue sanglant.
Plus de 3.000 personnes ont péri en cinq mois, du fait du refus du président sortant Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire de son adversaire Alassane Ouattara, l'actuel chef de l'Etat ivoirien.
Plus de quatre ans après les faits, la justice ivoirienne est considérée comme le maillon faible du régime. Société civile et opposition critiquent une "justice des vainqueurs", qui n'a pour l'instant inquiété qu'un seul
pro-Ouattara.
L'ex-Première dame Simone Gbagbo, jugée avec 79 co-accusés, a été condamnée en mars à 20 ans de prison au terme d'un procès aux "insuffisances préoccupantes", marqué par "l'absence d'éléments de preuve" et la "faiblesse de l'accusation", avaient alors déploré la FIDH et deux ONG ivoiriennes.
jf/fal

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