dimanche 5 juillet 2015 par RTS INFO

Dans un entretien accordé à Darius Rochebin, le nouveau patron de Credit Suisse Tidjane Thiam détaille son étonnant parcours et ses vues sur le monde bancaire.
Le nouveau patron de Credit Suisse s'exprime dans une longue interview accordée à Darius Rochebin, diffusée dimanche 5 juillet dans l'émission "Pardonnez-moi". Il évoque les changements de la finance, les risques liés aux excès de la spéculation, la "prudence", les "réserves" et le "jugement humain" qui doivent revenir au premier plan dans les banques selon lui. Tidjane Thiam raconte son étonnant parcours de surdoué, depuis Abidjan en Côte d'Ivoire jusqu'à la Paradeplatz. Ivoirien et Français, il revendique cependant une tradition de sagesse helvétique, celle d'Alfred Escher et des fondateurs de la banque suisse au XIXe siècle, qui privilégiaient le "pragmatisme" et le "bon sens". Verbatim.

Darius Rochebin (D.R.): Il y a une incroyable curiosité autour de vous. Comment le vivez-vous?

Tidjane Thiam (T.T.): Certains jours plus difficilement que d'autres. De naturel, je suis plutôt timide, plutôt réservé, plutôt introverti. J'ai exercé des fonctions publiques. Donc j'ai dû apprendre, au fil des ans, à être à l'aise avec ça. Mais je crois qu'il y a une personnalisation excessive. Si j'ai accompli des choses dans ma carrière, je n'ai jamais rien accompli tout seul. On fait les choses en équipe, avec d'autres.

Je ne veux pas paraître hypocrite, mais je n'ai pas d'ambition personnelle
Tidjane Thiam

- D.R.: Vous avez connu plusieurs mondes. L'Afrique, les grandes écoles en France, la carrière anglo-saxonne, les fonctions ministérielles. Un géant de l'assurance, maintenant un géant de la banque. Ambitieux? Quoi d'autre?

- T.T.: Je ne veux pas paraître hypocrite, mais je n'ai pas d'ambition personnelle. J'aime réussir ensemble. J'aime bien les gens. J'aime bien rire. Je fais souvent de mauvaises plaisanteries. J'ai un caractère plutôt joyeux. Pour moi une journée sans rire est une journée perdue. Ce qu'il y a de commun dans toutes ces expériences, c'est que j'ai été dans des situations assez difficiles. Je n'ai jamais pris de job facile. Quand j'ai été nommé en Côte d'Ivoire, en 1994, mon premier job de directeur général, j'avais 31 ans. Et le ministre des Finances m'a dit: "On a oublié de te dire ? et on était en avril - les salaires n'ont pas été payés depuis octobre. Donc les 4000 employés ne sont pas payés." Il m'a dit: "Bonne chance!" ()

- D.R.: La comparaison avec Obama, on la fait souvent. Vous avez le même âge à une année près. Il y a une génération Obama?

- T.T.: () J'ai eu la chance de rencontrer Obama en 2004-2005. J'étais dans la commission pour l'Afrique de Tony Blair.

- D.R.: Il vous fascine?

- T.T.: J'ai beaucoup de respect pour la fonction politique en général. J'ai souvent besoin d'expliquer à mes pairs, dans le secteur privé, que ce que font les dirigeants politiques est extrêmement difficile. J'ai eu une carrière politique brève et ratée, donc j'ai beaucoup d'humilité par rapport à eux. Etre président des Etats-Unis, c'est très difficile. Et à cause de sa couleur il a été confronté à une hostilité de certains segments de la société américaine. () ... suite de l'article sur Autre presse

Tidjane Thiam en entretien avec Darius Rochebin dans Pardonnez-moi
Publié le: 5/7/2015  | 

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023