samedi 24 octobre 2015 par Autre presse

A quelques petites heures de l'élection présidentielle ivoirienne, et après avoir soufflé le chaud et le froid, un autre candidat, en l'occurrence Charles Konan Banny jette l'éponge. S'il est vrai que l'opposant Alassane Ouattara effrayait le pouvoir, à l'époque, par sa capacité de mobilisation, aujourd'hui qu'il est aux affaires, c'est à l'opposition de pleurnicher. Avec la chute de ses adversaires, les uns après les autres, "comme des fruits pourris", la présidentielle du 25 octobre 2015 s'oriente donc inexorablement vers un plébiscite de l'enfant terrible de la finance mondiale.

Tout le long de la campagne électorale, les auditeurs et téléspectateurs ivoiriens n'ont pas vu grand' chose. A quelques exceptions près, le niveau des débats "face aux électeurs" n'a pas volé haut. En fait, la débandade a commencé juste après la validation des candidatures. Des candidats dont les dossiers avaient pourtant été retenus se sont rebiffé avant d'appeler au boycott de ces élections. Au motif que les dés seraient pipés. C'est ainsi que, inconstants, instables et incohérents, Essy Amara et Mamadou Koulibaly entreprendront de saboter le processus électoral par tous les moyens, prenant à partie la commission électorale indépendante (CEI) et même les médias publics accusés d'être inféodés au pouvoir.
Plus grave, certains de ceux qui sont restés en course ont profité de la tribune offerte par la télévision nationale pour diffamer le chef de l'Etat et inciter à la haine, voire à la désobéissance civile. A les écouter, on se croyait cinq ans plus tôt, aux heures chaudes de la crise ivoirienne. Pendant qu'ils déversaient leur bile sur la République, leurs partisans inondaient les téléphones portables et les réseaux sociaux de rumeurs en vue d'affoler la population. Tantôt, ils voyaient des gens fuir Abidjan en masse, ils les voyaient faire leurs provisions en prévision de "ce qui va se passer le 25 octobre". Un triste tableau que personne ne reconnaît à Abidjan, ni ailleurs en Côte d'Ivoire. A la rigueur, cette décharge de venin montre aux observateurs que si Alassane Ouattara a réussi la prouesse d'effacer toute trace de la guerre quelques mois seulement après la fin de la crise postélectorale, force est de reconnaître que la haine de l'autre est encore vivace dans le coeur de certains ivoiriens.
La cause principale de cette hystérie est donc la peur de se faire laminer par un tel adversaire. La mobilisation nationale pour le candidat Ouattara est réellement impressionnante. Du nord au sud, de l'est à l'ouest, toutes les couches socioprofessionnelles, tous les leaders communautaires lui ont fait allégeance et ont tenu à le faire savoir. Ces derniers mois, les Ivoiriens de tous les milieux, de toutes les origines lui ont témoigné leur reconnaissance et lui ont demandé de rempiler pour un second mandat. Dans les médias, on ne parle que de lui. Dans la rue, ses affiches et gadgets de campagne sont les plus nombreux.

Un hic, cependant, la timidité constatée dans le retrait des cartes d'électeurs. la tendance générale s'approchant difficilement des 50 pourcent. Un paradoxe que des opposants à court d'arguments ont voulu faire passer pour la conséquence de leurs appels au boycott des élections. En réalité, ce désintérêt apparent a deux origines. D'abord, le mécontentement des partisans du président Ouattara qui estiment n'avoir pas suffisamment bénéficié de "leur pouvoir" après la victoire aux élections de 2010... La seconde raison n'est autre que le manque d'intérêt, du justement à la faiblesse de l'opposition. En l'absence de candidats de poids face à Ouattara, de nombreux Ivoiriens considèrent la messe comme dite. Face à cette situation et malgré toutes les assurances, le camp Ouattara n'a pas voulu prendre de risques inutiles. Le président et son épouse ont battu le pavé, parcouru le pays de long en large pour aller au contact des électeurs afin de les rassurer. Quant à son équipe de campagne, elle fait des mains et des pieds pour amener la population à sortir massivement pour aller exercer son droit de vote. Encore quelques heures et les uns et les autres sauront si oui ou non ils avaient raison d ne pas s'endormir sur leurs lauriers. En attendant qu'une véritable opposition voit le jour en Côte d'Ivoire. Car les prochaines élections se préparent aujourd'hui...

Koné Seydou,
Journaliste

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