jeudi 29 octobre 2015 par La Tribune Ivoirienne

Depuis le 24 septembre 2015, l'Ecole normale supérieure (ENS) d'Abidjan connaît une crise sournoise liée à la gestion de son laboratoire de formation pratique, l'Etablissement d'Application Jean Piaget (Eajp/Ens). Une situation qui commence à poindre au grand jour.

L'Etablissement d'application Jean Piaget est une structure annexe de l'Ecole normale supérieure, donc placé sous la tutelle de cette dernière. Un établissement d'enseignement secondaire dont le fonctionnement reste atypique dans le système éducatif ivoirien. Et il en est de même des enseignants qui y exercent.

Au vu de leurs conditions de travail et de vie, ceux-ci décident d'ailleurs de donner un caractère légal aux discussions et autres rencontres qu'ils ont avec la direction. Pour ce faire, ils créent le Syndicat du personnel enseignant de l'Etablissement d'application Jean Piaget (Sypep / Ens) le 30 mai 2015. Une association dont la déclaration au niveau des autorités compétentes se fait le 16 juin, et dont le directeur de l'Ens prend acte le 7 juillet.

L'opportunité est donc bonne pour les responsables de la toute nouvelle structure syndicale de soumettre à la direction leurs recommandations et résolutions le 12 août. Il nous a été toujours reproché de ne pas être organisés en syndicat lorsque nous faisons part de nos préoccupations à la hiérarchie, explique Touré Vamoyably, enseignant et secrétaire général du syndicat naissant.
Mais contre toute attente, Valy Sidibé, le directeur de l'Ens, à travers un courrier confidentiel et sous une note de service, met à la disposition de la Direction des ressources humaines du ministère de l'Education nationale et de l'Enseignement technique (Menet), 30 enseignants au nombre desquels les membres du bureau exécutif et les commissaires aux comptes du nouveau syndicat. A la vérité, le directeur a pris sur lui de se débarrasser de nous pour activités syndicales, et il nous l'a signifié à huis clos, dans son bureau, renchérit Dappah Yao, le secrétaire à l'organisation et des relations avec la presse.

Quant à Alexis Koyé, commissaire aux comptes, il déplore que la procédure de mise à disposition n'ait pas été observée par le directeur de l'Ens. Considérés comme des employés de l'Ens, nous sommes sous la tutelle du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. C'est au cabinet de notre tutelle de nous mettre à la disposition de la Fonction publique, qui elle, à son tour, nous reverse au ministère de l'Education nationale. Notre situation est ambiguë. C'est l'occasion de clarifier tout ça, relève ?t-il.

Depuis la rentrée du 21 septembre dernier, l'Eajp connaît un déséquilibre criard au niveau du personnel des enseignants. Selon Touré Vamoyably, il y avait déjà un déficit d'enseignants en histoire-géographie, philosophie et anglais. Avec 35 professeurs, la situation devient pire. Ces derniers ont été déployés dans les classes d'examen. Quant aux classes intermédiaires, elles se contentent des profs qu'elles ont. Ces classes ne font pas cours de façon régulière. Les élèves sont contraints aux heures libres. Toute chose qui soulève le courroux des parents d'élèves qui ont eu une rencontre avec la direction de l'établissement le samedi 24 octobre 2015. Mais, celle-ci ne parvient pas à convaincre les premiers nommés. Les deux parties vont se séparer en queue de poisson.
A l'origine, l'annonce de l'envoi de stagiaires en renfort dès le 2 novembre. Ce que récusent les enseignants syndicalistes. On ne peut pas remplacer des titulaires par des stagiaires. Ceux-ci connaissent déjà des difficultés liées à l'apprentissage. C'est un génocide intellectuel qui se prépare. D'ici quelques années, les résultats vont être catastrophiques à l'Eajp, martèle Touré Vamoyaby. Au final, Dappah Yao croit que l'intention non avouée de Valy Sidibé est de tuer le Sypep/Ens. Nous dénonçons une volonté manifeste de mettre sous l'éteignoir notre formation syndicale, ajoute-t-il.

Par ailleurs, la Cnec-Ens et le Synares-Ens, faisant acte de solidarité, ont pondu une déclaration commune dans laquelle ils condamnent l'injustice dont sont victimes les enseignants de l'Eajp/Ens, membres du Sypep/Ens, et dénoncent des violations flagrantes de droits syndicaux. En outre, ils exigent la réintégration, sans condition, des 30 enseignants de cet établissemnt.
Du côté de la direction de l'Ens, il s'agit, non d'une décision pour activité syndicale, mais plutôt de dégraisser le personnel enseignant de l'Eajp pour que ce lycée retrouve son statut d'établissement laboratoire de l'ENS. Touré Vamoyaby, Dappah Yao et Koyé Stéphane disent s'en remettre aux autorités compétentes pour que cette situation connaisse un dénouement heureux.

Constant DOSSOU

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