Une semaine après son installation à la magistrature suprême, il y a quatre ans et demi, j'écrivais une chronique, dans les samedis de Biton, intitulée : Alassane Ouattara, va-t-il changer ? Cette chronique a été même reprise par de nombreux sites d'information dans le monde. Me basant sur la connaissance de l'homme, que j'ai bien connu, quand il était Premier ministre, je décrivais d'avance comment serait sa présidence. Finalement, une très grande partie de mes prévisions se sont avérées justes. Au nouveau du courrier, jusqu'à ce jour, je demeure sceptique si le Président de la République a été à l'image du Premier ministre. J'en veux pour preuve un envoi personnel demeuré sans réponse quand je lui ai envoyé mon livre intitulé : Adjoba et le Président. Au moment où il s'installe pour son second mandat je vais encore décrire comment je vois ses actions à venir et surtout ce qui me paraît nécessaire pour bonifier son action présidentielle. Je le vois déjà à l'image du dernier jour de la campagne présidentielle. L'ADO dans le camion a réussi une fusion avec le peuple. Il doit rester dans cette mouvance. On lui reproche une certaine distance, une certaine froideur. Il est vu en technocrate. Il doit établir une vraie passerelle entre son peuple et lui, à l'image du dernier camion. Ses communicants peuvent lui trouver plusieurs approches. Pour ma part, il serait intéressant qu'il fasse d'Abidjan et même de Bouaké ou de Korhogo des pôles annuels ou semestriels de festivals de musique. Tout ce qui intéresse la jeunesse plaît au peuple. Sa compétence est reconnue mondialement, donc par son peuple, et comme il le sait, la nouvelle forme de gouvernance allie compétence et chaleur. Tous les technocrates doivent s'y plier. Sa visite dans certaines familles, lors de la dernière campagne électorale, est un modèle du genre, même si je préfère ma suggestion dans mon petit roman : Adjoba et le Président. On ne peut pas gouverner sans sondage. De nombreux sondages doivent lui dire que le nouveau Alassane Ouattara est attendu sur la lutte visible contre la corruption. Le peuple est bizarre. Malgré tout ce qui se fait contre la corruption il ne verra rien tant que des exemples ne lui sont pas montrés par des arrestations massives. On aime toujours le malheur qui arrive aux autres. Le justicier devient un héros. Comme Singapour, l'émergence passe absolument par des arrestations massives pour faire peur à tous ceux qui sont dans la mouvance de la corruption. Je crois fermement que Alassane Ouattara agira souvent et fermement contre la corruption avec sa manière habituelle, celle du félin, de l'asiatique et je dirai même du bouddhiste tibétain. Très vite, la Côte d'Ivoire et le reste de l'Afrique vont regarder la nouvelle voiture d'Alassane Ouattara. Avec le changement de voiture, il va dépasser ses 90 kilomètres à l'heure pour osciller entre 120 et 125 Km à l'heure. On assistera presque tous les mois à des lancements de chantiers, à l'inauguration d'infrastructures dans le pays. A ce niveau, on verra davantage l'homme du FMI pour qui la Côte d'Ivoire est un petit chantier à terminer rapidement. La réconciliation. Elle est devenue un slogan dans tous les pays africains. Tout le monde sait que c'est une affaire de tribalisme et que ce chantier restera encore grandement ouvert quand il quittera le pouvoir. A ce niveau, il faut remettre totalement aux religieux le chantier de la réconciliation. Toutes les religions sont amour, paix et tolérance. C'est leur affaire pas celui des politiciens qui n'en viendront jamais à bout. Parallèlement, Alassane Ouattara doit organiser un grand colloque sur les conditions de mettre fin au tribalisme avec la participation de l'intelligentsia africaine et de certains universitaires occidentaux dont les pays sont à l'origine de la détestation des ethnies entre elles. Devant le quasi certitude de l'émergence de la Côte d' Ivoire, certains milieux politiques murmurent déjà un changement de la constitution pour qu'il se représente à une troisième fois. Je peux mettre mon doigt au feu qu'il ne le fera pas. Par contre, il va préparer en cachette son successeur. Avec l'appui d'Henry Konan Bédié et du RHDP qui vont accepter ce choix. Avec le faible taux de participation de la population de l'ADOLAND, le Président doit accepter d'écouter la vaillante population d'Abobo qui croit et pense, que malgré les efforts fournis,elle a été la grande perdante du premier mandat de leur bravetchê Pour ce second mandat, il serait judicieux qu'il réponde à la question de Ferdinand Bléka, un compatriote vivant au Japon : Quelle est la place de la culture générale , du livre et de la lecture , de la promotion des bibliothèques dans vos programmes ? On sait l'impact du livre et de la lecture dans le développement du Japon malgré les technologies. Ainsi va l'Afrique. A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly