jeudi 5 novembre 2015 par AIP

Abidjan - Protéger les insectes utiles, et en particulier ceux qui sont comestibles, pourrait participer à la diminution de la famine et à la lutte contre la malnutrition en Afrique.

C'est la principale résolution de la 21ème conférence de l'Association africaine des entomologistes (AAIS) qui s'est tenue à Cotonou (Bénin) du 19 au 23 octobre 2015 sous le thème : "Changements climatiques et impacts sur les insectes en Afrique : opportunités et risques". "Il faut protéger les insectes utiles, notamment les insectes alimentaires parce qu'ils devraient, nous en sommes convaincus, participer à la diminution de la famine et à la lutte contre la malnutrition dont l'Afrique constitue est l'un des principaux foyers", préconise Joseph Lebel Tamesse, président de l'AAIS, reconduit à ce poste pour un second mandat au cours des assises.

Car, indiquent les chercheurs, les insectes utiles servent à l'alimentation des hommes et des animaux (grillons, chenilles de karité) et certains parmi eux sont, en tant que parasitoïdes, des ennemis naturels contre des insectes nuisibles (fourmis tisserands, guêpes). En outre, il y en a qui sont des pollinisateurs, assurant du coup la migration et la reproduction des plantes, et sans lesquels "il n'y aurait pas de vi e", selon Abou Togola, entomologiste au Centre du riz pour l'Afrique (AfricaRice) à Cotonou.

C'est notamment le cas des abeilles, grands pollinisateurs des plantes (environ 80 %) qui produisent par ailleurs du miel aux vertus thérapeutiques reconnues. Dans cette catégorie des insectes utiles, l'on retrouve aussi le ver à soie qui participe à la production du textile, selon les chercheurs.

"Dans les champs, le complexe des ennemis parasitaires contribue à protéger la majeure partie des cultures. Il s'agit des parasitoïdes, des araignées, des guêpes etc. qui nous aident à combattre les ennemis des cultures", ajoute Abou Togola. "Les données obtenues ici sont de nature à booster la biodiversité en Afrique et à mieux protéger notre environnement parce que l'usage des herbicides n'a pas r& eacute;duit de façon considérable l'effectif des insectes nuisibles", renchérit Joseph Lebel Tamesse.

Pour autant, les 200 participants à la conférence ont montré leurs inquiétudes en rapport aux changements climatiques qui ont des effets "dramatiques" sur la production agricole et sur la vie des insectes. "Les variations de température et d'humidité ont une influence considérable sur le comportement et l'accroissement des insectes. Ces phénomènes contribuent à l'augmentation ou à la diminution de la population des insectes, voire à la disparition de certaines espèces", croit savoir Abou Togola.

Manuele Tamò, chercheur à l'Institut international d'agriculture tropicale (IITA) souligne pour sa part que le scenario actuel du phénomène pour rait conduire à l'expansion des insectes et des maladies endémiques dans de nouveaux territoires. Il ajoute qu'on peut aussi assister à un développement rapide des ravageurs avec une multiplicité de leur cycle de vie en une saison et à l'augmentation des dégâts potentiels occasionnés par les espèces invasives.

Prenant l'exemple des criquets acridiens, Abou Togola relève que la sécheresse peut favoriser la multiplication et la prolifération des criquets et leurs mouvements vers des zones beaucoup plus éloignées avec à la clé une dispersion des attaques. Les entomologistes africains conseillent l'utilisation des parasitoïdes pour lutter contre les insectes nuisibles, au détriment des produits chimiques très dangereux pour l'environnement.

La Conférence de Cotonou a permis de faire le point sur les connaissances en entomologie avant la conférence des Nations Unies sur le climat (COP 21) qui se tient fin novembre?début décembre à Paris (France).

(AIP)
amak/ask

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