jeudi 10 decembre 2015 par La Tribune Ivoirienne

Très actif depuis sa nomination à la tête du Cnaco, Messou Kaoublan vient de lancer un ambitieux projet de renflouement des caisses jaune et noir. Une initiative qui n'est pas sans susciter quelques interrogations.
Véritable homme du renouveau à l'Asec Mimosas, Kouablan Messou, patron du Comité national d'actions et de coordination (Cnaco), l'instance qui regroupe les supporters jaune et noir, semble cependant quelque peu pressé. C'est en tout cas l'impression qui se dégage après le lancement, mardi dernier, de l'ambitieux projet qui consiste non seulement à ramener les Actionnaires dans nos stades, mais surtout à les exhorter à mettre désormais la main à la poche pour le bien de leur club fétiche. De vrai, si l'activisme débordant de Messou Kouablan est à saluer, parce que laissant clairement transparaitre tout l'amour que l'homme a pour son club, ainsi que son engagement à véritablement faire bouger les choses, il est cependant bon de questionner sa démarche. Notamment dans sa quête de renflouer les caisses jaune et noir en mettant à contribution les Actionnaires. Beaucoup se demandent ainsi si Messou Kouablan ne met pas quelque peu la charrue avant les b?ufs en annonçant ce projet par voie de presse, sans avoir consulté au préalable les concernés. Le président du Cnaco a-t-il au moins pris la peine d'aller à la rencontre des bouillants Actionnaires en vue d'expliquer de fond en large l'ambitieux projet ? La question reste entière. Certes, chacun des millions d'Actionnaires éparpillés aussi bien sur le territoire national qu'à l'étranger est aimablement invité à démontrer son amour pour son club en cotisant chaque jour ouvrable la modique somme de 10 F Cfa, ce qui ferait 200 F Cfa par mois et 2400 F Cfa par an, presque rien donc à vue d'?il, mais il y a loin de la coupe aux lèvres en réalité. Car, si cela aurait pu être un jeu d'enfant il y a quelques années de cela, ce n'est plus le cas depuis plus d'une décennie. Les Actionnaires ayant radicalement coupé le cordon ombilical avec le club depuis, même si beaucoup continuent à s'en réclamer dans les discussions en petit comité, il aurait fallu avoir une idée nette de la situation aujourd'hui avant toute chose. La meilleure façon de les amener à contribuer financièrement aurait donc été de les rencontrer dans un premier temps, afin de les réconcilier avec leur club. Une initiative qui aurait débouché sur le retour à la vie des fameuses sections de supporters du Grand Abidjan et de l'intérieur du pays qui constituaient la base populaire du club et qui répercutaient ainsi à l'Actionnaire lambda les mots d'ordre du club. De vrai, Chercher à atteindre une population de supporters qui équivaudrait à un minima de 3% des 22 millions des Ivoiriens parait anodin, mais dans la réalité, les choses ne sont pas si simples. Etant donné que depuis plus d'une décennie, l'Asec Mimosas peine à mobiliser 3% de ses propres supporters qui ne sont certainement pas l'ensemble des 22 millions d'Ivoiriens. Or, c'est une règle de base que toute étude portant sur un échantillon de base faux est nulle et de nul effet. Kouablan Messou aurait donc pu commencer par le commencement. Notamment par des échanges avec les Actionnaires pour comprendre les raisons qui les ont conduits loin du club et à quelles conditions ils sont prêts à se mobiliser à nouveau. Cela lui aurait permis d'être véritablement la courroie de transition indispensable entre la direction du club et sa base. Mais aussi de poser le vrai diagnostic de la situation avant d'entreprendre toute action d'envergure. Brûler les étapes les plus cruciales est à coup sûr la meilleure manière pour Messou Kouablan et ses troupes de foncer tout droit vers un échec pathétique. Heureusement qu'il n'est pas encore tard.

Patrice BEKET

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