samedi 12 decembre 2015 par L'intelligent d'Abidjan

Deux ans après le lancement des réformes dans la filière anacarde, les premiers résultats obtenus sont satisfaisants, selon Malamine Sanogo, directeur général du Conseil du coton et de l'anacarde. Réunis à Grand-Bassam pour un atelier-bilan de la première année du Conseil agricole dédié aux acteurs de cette filière, le directeur général du Conseil du coton et de l'anacarde a présenté les critères pour siéger dans les instances dirigeantes de cette filière, notamment le Collège des producteurs, le Conseil d'administration et l'assemblée générale. Ci-dessous le discours de Malamine Sanogo.

Je voudrais, avant tout propos, au nom du Conseil du Coton et de l'Anacarde ainsi qu'en mon nom personnel, vous souhaiter la bienvenue à cet atelier Bilan du conseil agricole dédié aux producteurs d'anacarde pour la période 2014-2015. L'importance de cette cérémonie réside dans le fait qu'elle constitue la concrétisation de l'un des principaux axes stratégiques de la reforme des filières coton et anacarde.

En effet, le gouvernement de Côte d'Ivoire a engagé en 2013 une reforme des filières coton et anacarde dans le but de remédier à certains dysfonctionnements constatés au niveau de ces deux filières, et d'en assurer le développement durable.

Cette réforme a pour objectif de contribuer à :
-L'optimisation de la production et à l'amélioration de la qualité du coton et de l'anacarde ;
-la garantie d'un prix rémunérateur aux producteurs ;
-la transparence et la fiabilité du système de commercialisation ;
-la mise en place d'une interprofession représentative et crédible assise sur de solides organisations de producteurs ;
-l'augmentation de la valeur ajoutée par la transformation ;
-l'amélioration du cadre et des conditions de vie des producteurs ;
-l'amélioration de la gouvernance.
La reforme a permis la création du Conseil de régulation, de suivi et de développement des filières coton et anacarde en abrégé, Conseil du Coton et de l'Anacarde et la définition d'axes stratégiques claires pouvant faciliter l'atteinte des objectifs assignés.

Au niveau du coton (je l'ai rappelé à Yamoussoukro la semaine dernière), il s'agit de:
-la mutualisation de la production, de la multiplication et de la distribution des semences;
-l'optimisation de l'approvisionnement des producteurs en intrants en qualité, en quantité et à temps;
-l'attribution de zones exclusives d'encadrement à chaque égreneur (zoning);
-la garantie d'un prix rémunérateur au producteur par la mise en place d'un nouveau mécanisme de calcul du prix d'achat du coton graine qui s'appuie sur un différentiel de coûts normatifs industriels, agricoles et logistiques;
-la mise en place d'un système de classement unique de la fibre de coton.
-la relance des industries de 2ème et 3ème transformation et de la sécurisation de leur approvisionnement.

Pour l'anacarde, les principaux axes stratégiques identifiés sont:
-Accélérer la recherche afin de mettre à la disposition des producteurs des variétés à haut rendement et résistants aux facteurs externes;
-Mettre en place un encadrement dédié au producteur d'anacarde;
-Mettre en place une sacherie propre à la filière;
-Structurer la commercialisation interne et externe avec l'institution de document de traçabilité et le respect des contrats commerciaux;
-Accélérer le niveau de la Transformation locale;
-Mettre en place une interprofession crédible et représentative.
Après deux années de mise en ?uvre de la reforme de la filière anacarde, les résultats sont satisfaisants au niveau des différents axes stratégiques définis, même s'il reste encore des efforts à fournir au vue des enjeux.

Ainsi, au niveau de la recherche :
-le projet d'amélioration variétale conduit par le CNRA a permis la mise à disposition des producteurs d'environ 40 000 plants améliorés;
- la carte sanitaire de l'anacardier, élaboré par l'Université Félix Houphouët Boigny, a permis la connaissance des principales maladies et ravageurs de l'anacardier. Des tests des produits de lutte contre ces ennemis de l'anacardier sont en cours en laboratoires et bientôt dans les vergers ;
- l'état des lieux des projets et Programmes de recherche a été réalisé en vue de mettre en place un Programme National de Recherche sur l'Anacardier prenant en compte différents aspects (amélioration variétale, lutte contre les maladies et les ravageurs, étude des sols, biologie moléculaire, technologies de la transformation) et cela grâce à la collaboration avec les chercheurs du CNRA, des Universités et de l'INPHB;
- les capacités de 8 chercheurs ont été renforcées dans différents domaines de spécialisation en Tanzanie, en vue de la mise en place de ce Programme Nationale de recherche;
- une plateforme de recherche vulgarisation sera mise en place afin de favoriser les transferts des technologies éprouvées par la recherche vers les services de vulgarisation, tout en prenant en compte les attentes des acteurs de la chaine de valeur.

-Une étude de faisabilité de la production de bioplastiques à partir de jus de pommes de cajou en Côte d'Ivoire en collaboration avec INPHB et l'INRS (Université de Recherche, Canada (Quebec) a été initié par le Conseil du Coton et de l'Anacarde. Il s'agit de créer une sous filière de la pomme de cajou à coté de la filière des noix de cajou brute.

Au niveau de l'organisation des acteurs, le processus de mise en place de l'interprofession de la filière anacarde est bien avancé. Les échanges menés avec les acteurs institutionnels et les acteurs des différents maillons de la chaine de valeur ont permis de valider 4 collèges (producteurs, acheteurs, exportateurs et transformateurs), de définir le nombre de représentants à ces différents collèges ainsi que leurs critères de désignation. Le processus de désignation des représentants des différents collèges démarrera sous peu. Plus précisément, le Conseil d'Administration sera compose de 15 personnes et l'Assemblée générale de 45 déléguées.

Le critère de représentativité au niveau des producteurs selon l'ordonnance N°2011-473 du 21 décembre 2011, relative aux Organisations professionnelles Agricoles notamment l'article 7 alinéa 2, précise que le collège des producteurs doit être composé de producteurs individuels et de producteurs regroupés en OPA.
Pour ce concerne les OPA de producteurs, elles doivent justifier chacune de plus de 15% des quantités produites (soit 105 000 tonnes) et plus de 15% des producteurs (37 500 producteur). En plus le collège des producteurs doit représenter plus de 50 % des producteurs et 50% des quantités commercialisées.

En 2015, les OPA réunies n'ont commercialisé que 38% de la production soit 263 943 tonnes. Prises individuellement, aucune ne dépasse 3% de la production. Il reste à ce qu'elles se regroupent en fédération. A ce jour, 3 fédérations ont été créées. Des discussions vont être engagées avec ces acteurs pour voir comment avancer sur cet aspect tout en respectant les dispositions pertinentes de l'Ordonnance.

Pour les producteurs individuels, il est prévu de prendre les meilleurs producteurs des 19 régions de production (soit un par région) ceux ci vont designer leur représentant au Conseil d'Administration et à l'Assemblée Générale.

Au niveau du Conseil d'administration de l'interprofession, le collège des producteurs comprendra 9 membres dont 7 issus des OP et 2 issus des producteurs individuels. Au niveau de l'AG les producteurs auront 27 sièges dont 21 producteurs issus des OP et 6 des producteurs individuels.

Pour ce qui concerne la commercialisation, 700 000 tonnes de noix brutes de cajou ont été commercialisées en 2015 grâce aux dispositions prises au niveau de la commercialisation intérieure et extérieure. Plus de 6,5 millions de sacs ont été distribués aux producteurs durant les deux dernières campagnes.

Au niveau de la transformation, l'organisation du SIETTA tous les deux ans permet de faire la promotion des technologies et des équipements de la transformation et aussi la vulgarisation des produits dérivés de l'industrie de l'anacarde.

Par ailleurs, il est prévu l'ouverture du CTC en 2016 pour faciliter le renforcement des capacités des acteurs de ce maillon important de la chaine de valeur anacarde. En effet l'Usine Ecole dénommée Centre de Technologie du Cajou (CTC), logée à la Technopole de Yamoussoukro, est activement en cours de mise en place. Cette unité, qui se veut à la pointe de la technologie de la transformation de l'anacarde, sera un centre de démonstration et de formation aux métiers de l'Anacarde. Elle bénéficiera d'un transfert de technologies entre la Côte d'Ivoire et le Vietnam à travers l'Université de Technologie de Ho Chi Minh City et l'Institut National Polytechnique Houphouët-Boigny de Yamoussoukro.

En ce qui concerne le sujet qui nous réunis ce matin, l'encadrement de l'ensemble des producteurs d'anacarde a été identifié par la reforme comme un des axes majeurs dont la mise en ?uvre contribuera très certainement à l'amélioration durable des revenus de nos producteurs. C'est pourquoi, des concertations menées par le Conseil du Coton et de l'Anacarde, l'ANADER et le FIRCA ont abouti à la signature d'une convention cadre, tripartite, le 21 mars 2014 entre ces différentes structures. Cette convention cadre fut suivie de la signature de contrats spécifiques entre d'une part, le FIRCA et la Direction Générale de l'ANADER, et d'autre part, entre le FIRCA et cinq (5) Délégations Régionales de L'ANADER en juillet 2014, permettant ainsi la mise en ?uvre du conseil agricole dédié sur le terrain.

Selon les informations recueillies dans le cadre de la mission d'évaluation externe du conseil agricole diligentée par le Conseil du Coton et de l'Anacarde, les premiers résultats du projet sont encourageants dans la mesure où, le dispositif a été déployé comme prévu par les conventions. Ce déploiement du dispositif a été suivi de la formation de plus de 102 000 producteurs dans l'ensemble des zones de production de l'anacarde.
Je voudrais à ce titre saluer l'engagement et le professionnalisme de Monsieur le DE du FIRCA et le DG de l'ANADER qui n'ont ménagé aucun effort pour faire aboutir ce projet dont l'importance pour la filière n'est plus à démontrer.

En dépit de cette performance, je voudrais souligner que nous avons encore des défis majeurs à relever. Il s'agit surtout de l'application et l'adoption des bonnes pratiques agricoles par les producteurs afin de relever le niveau de la qualité. En effet, la qualité des noix brutes de cajou doit être significativement améliorée pour accroître le niveau de compétitivité de la filière et lui garantir ainsi un développement durable à travers la transformation locale.

Je nous engage donc à mettre en ?uvre toutes les dispositions utiles afin de relever ces défis dont dépend la survie de notre filière.

Je pense que les critères d'évaluation de la performance du Conseil Agricole doivent prendre en compte les paramètres liés à la qualité par zone d'encadrement. Il s'agit notamment:
du grainage, du taux d'humidité, du KOR (Noix vides, Noix rabougries, Noix beurrées, Noix moisies, Noix mitées, Noix piquées, Noix immatures).

Cet atelier bilan constitue une excellente opportunité pour capitaliser les acquis de la première année de mise en ?uvre du conseil agricole dédié, de ressortir les contraintes de manière participative en prenant en compte les suggestions constructives et les attentes des acteurs de la filière afin de mieux orienter le futur.
Mesdames et Messieurs, avant de conclure, je voudrais exprimer ma profonde gratitude et toute ma reconnaissance à Monsieur le Ministre de l'Agriculture et à son Cabinet pour leur engagement et leur disponibilité à accompagner le processus de mise en ?uvre de la reforme des filières coton et anacarde.
C'est aussi l'occasion pour moi d'adresser mes sincères remerciements à Monsieur le DE du FIRCA et à Monsieur le Directeur Général de l'ANADER ainsi qu'à nos équipes techniques pour la qualité du travail abattu dans un cadre de collaboration empreinte de convivialité.

Mes remerciements vont également à l'endroit des autorités administratives de Grand Bassam qui nous ont honorés par leur présence effective à cette cérémonie.

Je n'oublie pas les partenaires techniques et financiers pour leur soutien indéfectible et irréprochable.
Je ne saurai terminer mon propos sans saluer et féliciter mesdames et messieurs les acteurs de la filière pour les bons résultats obtenus et les inviter par la même occasion à s'approprier les acquis du Conseil agricole pour un développement durable de la filière anacarde.

Je vous remercie.

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