mercredi 10 fevrier 2016 par L'Inter

Je n'enverrai plus d'Ivoirien à la Cpi . La phrase d'Alassane Ouattara, à sa sortie d'audience, jeudi, avec François Hollande, n'avait, en soi, rien d'une information renversante : les autorités ivoiriennes ont ces derniers mois, régulièrement, exprimé leur préférence pour une justice nationale après le transfèrement à La Haye, de l'ex-chef d'Etat Laurent Gbagbo, et de Charles Blé Goudé, l'ex-patron des ''jeunes patriotes''.
L'argument selon lequel la justice nationale est suffisamment outillée pour juger des ressortissants ivoiriens est  d'ailleurs l'un des principaux moyens utilisés par les avocats de la Côte d'Ivoire pour s'opposer au transfèrement de l'ex-Première dame Simone Gbagbo, réclamée par la Cpi. Que le chef de l'Etat ait déclaré, sur le perron de l'Elysée, que la justice ivoirienne  est opérationnelle  et qu'il n'enverrait plus aucun de ses compatriotes à La Haye, n'a donc rien d'ahurissant. Il reste que le contexte du procès conjoint de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé à la Cpi donne à la sortie d'Alassane Ouattara un certain écho. Cette sortie ouvre, par-dessus tout, la voie à un ensemble d'interrogations : le bureau du procureur qui a annoncé des enquêtes dans le camp des partisans d'Alassane Ouattara les mènera-t-il jusqu'à leur terme ? La Cpi, objet de critiques récurrentes sur sa supposée partialité, aura-t-elle l'occasion de balayer certains lieux communs ? Quid de la coopération entre la Côte d'Ivoire, Etat partie au statut de Rome, et la Cpi ? La déclaration d'Alassane Ouattara met immanquablement en difficulté Fatou Bensouda, la Procureure de la Cpi et son bureau.  La magistrate gambienne, pressée par les questions autour de la  lenteur  des procédures contre les pro-Ouattara, martelait, mercredi 27 janvier, en conférence de presse :  Nous avons intensifié nos enquêtes dans le camp pro-Ouattara. Et ces enquêtes sont toujours en cours. Voilà tout ce que je puis vous dire à ce stade pour ne pas révéler la nature secrète et confidentielle de ces activités  (In L'inter du jeudi 28 janvier 2016). En affirmant que plus aucun Ivoirien ne serait envoyé à la Cpi, Alassane Ouattara ne met pas uniquement dans l'embarras Fatou Bensouda. Il donne du grain à moudre aux équipes de défense de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé qui auront beau jeu d'arguer que leurs clients sont les principales victimes d'un système. ... suite de l'article sur L'Inter

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023