vendredi 12 fevrier 2016 par AIP

Yamoussoukro - Les marchés de Yamoussoukro, naguère couverts en abondance de produits vivriers ne sont plus régulièrement approvisionnés depuis la fin janvier, à cause des perturbations climatiques marquées par une sécheresse qui sévit dans certaines zones de forte production de Côte d'Ivoire, soumettant les habitants de la capitale politique du pays à une inflation sans précédant.

"Jamais vu une pareille sécheresse"

" On n'a jamais vu une pareille sécheresse; la première saison de pluies de 2015 n'est pas venue, la deuxième aussi n'est pas venue", s'exclame, l'air désemparé, Adama Banahou, grossiste de produits vivriers au marché Mo'Faitai de Yamoussoukro. Membre de la coopérative des commerçants du vivrier de Yamoussoukro(CCVY), M. Banahou dit être désormais obligé de se rendre à Abidjan (247 km au sud de Yamoussoukro) pour s'approvisionner en aubergine verrue afin de satisfaire sa clientèle.

Il dit craindre que le mois de mars, qui marque généralement la fin des ventes de maraîchers des producteurs Burkinabé sur le marché ivoirien, n'aggrave la situation. " Ce sera difficile parce que c'est à cette période que commence, naturellement, la saison sèche ici et le manque de produits vivriers sur nos marchés ", prévient-il, tout en souhaitant "que les premières pluies viennent enfin pour rendre la terre fertile".

Tout comme Adama Banahou, des producteurs, des acheteurs et des consommateurs rencontrés, jeudi, par l'AIP à Yamoussokro, ne cachent pas leur inquiétude de plus en plus grandissante.

" Tout manque voyez vous-même sur ma table, il y a seulement très peu de tomate et peu de piment, et même pas d'aubergine", se désespère dame Masso, vendeuse de gros au marché central de Yamoussoukro, assise devant son étale quasi vide.

"Hausse des prix"

Bananes, ignames, manioc, chou, poivron, oignon, tomate, aubergine, piment ,Gombo frais, toutes ces denrées manquent ou sont insuffisantes sur les marchés. Si bien que la forte demande entraîne une très forte hausse des prix.

Le tas de piment, de gombo et ou d'aubergine qui était vendu à 100 FCFA est passé à 500F. La tomate de premier choix coûte désormais 500 FCFA le kg contre ,250 FCFA par le passé, quand celle de deuxième choix est passée de 150 FCFA à 350 voire 400 FCFA le kg.

Trois ignames de type " bétè bétè " ou de type " Klèglè " de taille moyenne sont désormais vendues à 2000 FCFA au lieu de 500 FCFA.

" Il faut débourser 2000 FCFA pour trois petits régimes de bananes scellés, alors qu'il y a quelques temps encore la même somme permettait d'acheter cinq régimes de bananes bien formées", fait remarquer Fatou Koné, une ménagère en discussion avec une vendeuse.

Les ignames vendues sur le marché de Yamoussoukro proviennent, cette année, du département de Béoumi, car "les villages aux alentours de Yamoussoukro, notamment à Akpéssékro et Aboukro, qui sont de gros pourvoyeurs n'ont pu, cette année, nous livrer d'ignames faute de sécheresse", explique Marie Kouadio Akissi, commerçante de produits vivriers.

D'après elle, les populations de ces villages se voient même obligées de s'approvisionner sur le marché en igname pour aller repiquer ce tubercule dans les champs.

L'agriculture dans la région du Bélier repose sur le vivrier, et est essentiellement pluviale et saisonnière, indique-t-on.

Les points d'eau ont tari

" Le mois de février est une période de sécheresse, mais assez prononcée cette année " reconnaît le chef d'antenne de l'Office d'aide à la commercialisation des produits vivriers (OCPV) de Yamoussoukro, Eric Stéphane Ohoussou.

Il explique que le manque de vivrier à Yamoussoukro est surtout due au tarissement de la plupart des points d'eau dans la localité . Mais ce n'est pas la seule raison qui justifie cette situation.

Il y a en effet, dit-il, aussi le fait que " les producteurs connaissent désormais le circuit de commercialisation sur le marché à Abidjan, et préfèrent y vendre directement leurs productions"

Ohoussou souligne que la tomate et les choux du Burkina Faso qui viennent en appui ne suffissent pas pour couvrir la demande locale.

Pour l'heure, seul le manioc est relativement disponible sur les marchés. , "Mais le problème reste la dureté de la terre, parce qu'on a du mal à déterrer les tubercules", signale, Koffi Akissi, productrice de vivriers dans le village de Kroukroubo, où des feux de brousse ont déjà ravagé des champs entiers à la suite de cette sécheresse.

Comme tous les autres acteurs du secteur du vivrier, cette dernière se demande combien de temps cela va encore durer.

nam/akn/tm

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