Des opérations de déguerpissement ont cours depuis quelque temps dans la capitale économique ivoirienne. Après le déguerpissement de commerçants, ferrailleurs de la casse et habitations à Adjamé Macaci, les populations aux alentours du sous-quartier Gobelet et celle de Bingerville 9 km n'ont pas été épargnées.
Les commerçants et ferrailleurs qui exercent leurs activités professionnelles aux alentours et à la casse à Adjamé Macaci située entre le carrefour Sodeci et la Macaci ainsi que des habitations ont été déguerpis mercredi et jeudi derniers par les agents du service technique de la mairie d'Adjamé. La raison de ce déguerpissement est relative à la construction de la future gare routière internationale. Interrogées, les populations confient n'avoir reçu aucune information à cet effet. Pis, elles ne bénéficient d'aucunes mesures d'accompagnement. La première opération de déguerpissement a échoué parce que les commerçants et ferrailleurs ne savaient où aller. C'est pourquoi, le mercredi dernier les démolisseurs sont venus tôt le matin accompagnés de policiers, gendarmes et militaires pour nous obliger à quitter le site , a confié Mme Mariam Fofana. Cette dame estime que cette décision est inique dans la mesure où le maire Youssouf Sylla leur a fait une promesse. Le maire d'Adjamé nous a promis un site de recasement mais jusqu'à ce qu'on soit déguerpi aucun site n'a été proposé , soutient-elle dans un français approximatif. Je regrette. Au temps de Gbagbo, on donnait au moins 150 000 F Cfa aux déguerpis et on informait les personnes concernées durant des mois avant de casser , se lamente-t-elle. Quant à M. Djibril Diomandé, ferrailleur, il se dit dépassé par les évènements. On peut reprocher tout à Gbagbo mais il était humain. Aujourd'hui le gouvernement demande aux jeunes d'entreprendre et ceux qui font des efforts pour entreprendre sont jetés à la rue. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire , fait-il savoir. Dans ce contexte, des habitations au niveau dudit secteur ont été démolis. Toute chose qui n'est pas du goût de M. Ouattara Tiémogo, président du comité des propriétaires de cours du quartier Sodeci Soleil. Il a insisté sur la promesse du maire d'Adjamé de leur trouver un site de recasement. On n'a pas eu de site de recasement, que vont devenir nos enfants , s'est-il interrogé.
Gouverner c'est penser un peu aux pauvres
Les populations situées au "carrefour Gobelet , quartier précaire de la commune de Cocody, ont été déguerpis mardi dernier par la police municipale et la brigade de salubrité. Le feu a été mis à leurs baraques. Ceux qui étaient présents ont pu sauver quelques effets mais les absents ont tout perdu. La mort dans l'âme, Mme Ouédraogo Djénébou a fait savoir que son mari et elle résidaient dans ce quartier car ne savent où aller. Comment nos enfants iront à l'école si leurs cahiers et autres fournitures scolaires sont partis en fumée ? Avant c'est à l'approche des pluies qu'on nous demande de quitter les lieux. Actuellement, il ne pleut pas et on vient brûler nos maisons , dit-elle. Non sans préciser : Tout le monde ne peut pas être riche. La meilleure façon de gouverner c'est de penser un peu aux pauvres . Cette femme n'est pas seule dans cette situation désastreuse. Les populations de Riviera III, 9 kilo regrettent amèrement le temps de l'ancien président Laurent Gbagbo. En effet, le quartier de 9 kilos est dénommée en réalité ?'village de Kouamékro ?'.Ce quartier existe selon des riverains bien avant les indépendances. La population a été à maintes reprises invitée à vider les lieux. Mais les autorités ne sont jamais passées à l'acte . Certainement par compassion et conscients des conditions de vie difficiles des résidents. Avec ce déguerpissement ce sont de nombreuses familles qui sont jetées à la rue. Espérons qu'un site de recasement sera trouvé pour ces familles dont la progéniture est scolarisée dans les écoles environnantes.
Rosemonde Kouadio