Toujours égale à elle même, Colette Pellaud épouse Lakpé, présidente de l'Association des chrétiens républicains du Rdr, avec qui nous avons échangé à Abidjan, se prononce, sans détour, dans l'entretien qui suit, sur l'actualité sociopolitique en Côte d'Ivoire. Le parti unifié, les affrontements à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan(Maca), les procès à La Haye et à Abidjan, les élections générales à venir...sont autant de sujets qu'elle décortique.
Le parti unifié chez les Houphouëtistes, s'appelle le Rhdp. Cette décision prise par Henri Konan Bédié, en accord avec Alassane Ouattara, ne va pas sans des soubresauts, notamment au Pdci. Quel commentaire ?
L'appellation Rhdp, c'est ce qu'il faut. Parce que toutes les élections ont été gagnées avec ce nom. Il y en a qui, aujourd'hui, doivent leurs galons à cette appellation. Je remercie les présidents Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara. En ce qui concerne les bruits qu'on entend, je plains ceux qui manifestent, et qui s'opposent à la décision. Ce qui m'a le plus choqué, c'est cette image d'un jeune qui tentait, à l'aide d'un bâton, d'arracher le poster du candidat du Rhdp (à la présidentielle de 2015), du mur du siège du Pdci. C'est incroyable. Est-ce que les choses vont s'arrêter un jour ? Aux cadres du Pdci qui n'arrêtent pas de s'en prendre au président Bédié, qu'ils arrêtent.
Ne sont-ils pas en droit de le faire ?
Le Pdci, s'il existe aujourd'hui, c'est grâce à ce monsieur. Le Pdci était fini. C'est Bédié qui a sauvé ce parti. J'estime donc qu'il a besoin d'être respecté. Dans la difficulté que traversait le pays, Bédié a eu le courage que ceux qui se tapent la poitrine, n'ont pas eu. Les jeunes et les cadres qui l'attaquent aujourd'hui, doivent lui dire plutôt merci. Une fois encore, le plains ceux qui se disent cadres du Pdci. Le Pdci n'est pas leur bien. Il appartient à nous tous. On pourrait être amené à se demander pourquoi ce sont toujours eux qui vocifèrent. Il faut faire attention. Qu'ils se calment pour ne pas que Bédié termine dans la douleur, comme Houphouët-Boigny. Qu'ils le laissent tranquille. Quant au président Ouattara, je dis qu'il faut remercier Dieu pour nous l'avoir donné. Au-delà de tout ce qu'on peut dire de lui, c'est un homme qui aime son pays, et qui travaille à le développer. Houphouët-Boigny ne l'avait pas choisi au hasard pour diriger le pays lorsqu'il était mourant. Il mérite respect et considération.
L'autre actualité, ce sont les procès à La Haye et à Abidjan. A La Haye, l'ex-chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, et Blé Goudé ont réfuté les accusations de crimes contre l'humanité. Il en est de même à Abidjan où Dogbo Blé et Séka Anselme, considérés comme des pro-Gbagbo, ont été condamnés à la perpétuité. Qu'en pensez-vous ?
Ce qui nous arrive est le fruit de ce que nous faisons. Quand vous avez commis une faute, il faut mettre balle à terre, et reconnaître les morts qu'on a engendrés. A les entendre à La Haye comme à Abidjan, ceux qui sont morts se sont pendus, et eux, ils n'ont rien fait du tout. Ils méprisent tout simplement les gens, tout le peuple ivoirien. Et c'est très grave. Je me demande si ceux qui disent supporter ou défendre Laurent Gbagbo et Blé Goudé, les aiment. Ils défient le procureur et le juge, oubliant que c'est ceux-là qui ont le pouvoir là-bas. Toutes ces personnes donnent l'impression qu'elles ont envie de se débarrasser définitivement de Laurent Gbagbo. Concernant Blé Goudé, il pense que la jeunesse est éternelle. Quant aux officiers qui ont été condamnés à Abidjan, c'est la même chose. Ils ont passé leur temps à tout nier. La loi divine les a tout simplement frappés.
La Maca a été secouée, récemment, par un affrontement armé entre des détenus et les forces de sécurité. Le tristement célèbre prisonnier appelé Yacou le Chinois a été abattu, après avoir tenu tête aux hommes en tenue. Comment appréciez-vous cette situation ?
Je ne suis pas surprise par ce qui s'est passé à la Maca que je connais bien, pour y avoir séjourné à l'époque, dans le bâtiment des femmes. Pour la, parenthèse, une détenue avait accouché le jour où je suis arrivée à la Maca, et elle a donné mon prénom ''Colette'' à sa petite fille. Pour votre question, il faut savoir que ceux qui sont dehors sont plus en prison que ceux qui se trouvent à la Maca. Parce qu'il y a là-bas, un important trafic commercial qui se déroule. Et les marchandises qu'on y trouve, à savoir entre autres, les régimes de banane plantain, le riz, des légumes et fruits, sont fournis par les gardes. Ce sont eux qui livrent ces produits aux détenus qui les vendent à l'intérieur de la prison. En dehors de cela, les gardes ferment les yeux sur tout ce qui y circule. Donc, cela ne m'étonne pas qu'on ait trouvé un arsenal militaire à la Maca.
Que pensez-vous qu'il faille faire pour régler le problème ?
Je pense qu'il faut songer à déplacer des gens qui y sont depuis longtemps. Parce que malheureusement chez nous, on ne déplace jamais les fonctionnaires. C'est cela le drame en Côte d'Ivoire. Des fonctionnaires qui sont en place pendant 10 ou 20 ans. Ce n'est pas normal car ça favorise le laxisme, et ça amène les gens à croire qu'ils sont dans leur champ. Ils ne s'occupent même plus de leur travail pour lequel ils sont payés. Si j'ai un petit conseil à donner à ceux qui nous gouvernent, c'est de revoir cela. Quand un fonctionnaire fait 5 ans quelque part, il faut le déplacer. Rien ne m'étonne à la Maca. L'autre (Yacou le Chinois, Ndlr) a peut-être voulu se faire un peu trop voir. Sinon ce n'est pas nouveau à la Maca.
Quand le nouveau gouvernement a été formé, vous avez manifesté votre mécontentement. Où en sommes nous aujourd'hui avec vos récriminations ?
C'est déjà fait. Le gouvernement est en place. Je dis souvent qu'il faut faire confiance au président Ouattara. Il les (ministres) a mis là. On les regarde. On va continuer à faire confiance au président de la République. Mais, je dis et je répète qu'une seule personne ne peut pas avoir l'intelligence de tout un peuple. Donc, nous allons faire confiance au président de la République et au président Henri Konan Bédié. Nous regardons tous ces ministres parce qu'en dehors de l'Homme, il y a Dieu. Comme le disait le président Houphouët-Boigny, on peut tromper les Hommes tous les jours mais pas Dieu. On attend ce gouvernement sur le terrain.
Le gouvernement a annoncé les élections locales pour la période d'octobre et novembre 2016. En tant que militante du Rdr et du Rhdp, comment entrevoyez-vous ces élections ?
Je pense que pour les élections à venir, il faut que l'expérience serve. Pour ce quenous avons vu sur le terrain à l'élection du président de la République, je trouve que les gens n'en n'ont pas fait assez. Ensemble, les deux grands partis que sont le Rdr et le Pdci, n'ont pas produit le résultat escompté pour notre candidat Alassane Ouattara. Ce n'est pas un honneur. Les anges du ciel qui aiment le président Alassane Ouattara ont voté pour lui. Parce qu'avec ces deux grands partis, en ajoutant les autres, avoir ce résultat, m'a inquiété. Tous ceux à qui on a donné des millions de francs Cfa, les directeurs de campagne et autres, au lieu de demander aux gens d'aller voter, ont fait le contraire. Ils ont fait une contre-campagne. ... suite de l'article sur Soir Info