lundi 29 fevrier 2016 par La Tribune Ivoirienne

Akwaba monsieur le président Tayyip Erdogan. Chez les Akans de Côte d'Ivoire, c'est ainsi qu'on vous souhaite la bienvenue chez nous. Oui bienvenu en République de Côte d'Ivoire. Excellence, nous savons que c'est lors de sa visite en Turquie en 2015 que notre président a eu l'amabilité de vous inviter à son tour à visiter son pays. Et vous voici à Abidjan excellence. C'est bien, nous sommes heureux. Heureux parce que vous allez signer de nombreux accords avec notre pays. D'ores et déjà, permettez-nous, excellence, de dire merci à vos compatriotes qui ont fait confiance à notre pays en y investissant. Turkish Airlines, le fleuron du transport aérien turc est là, un collège d'enseignement général (Safac) aussi. Ce jour vous allez même inaugurer une usine de fabrication de béton armé en bordure de l'autoroute du Nord. Cela nous réjouit énormément excellence. Parce que cette nouvelle usine va employer plusieurs de nos frères dont certains vont goûter au bonheur d'un premier emploi. Merci beaucoup excellence !
Mais, monsieur le président, il semble que juste avant votre arrivée chez nous, la Cour constitutionnelle de votre pays a permis la libération vendredi de deux de nos confrères, Can Dündar, rédacteur en chef du quotidien d'opposition Cumhuriyet, et Erdem Gül, son chef de bureau à Ankara. Excellence, par voie de presse, nous apprenons que vous êtes mécontent de cette décision. Je ne suis pas en position d'approuver cette décision. Je le dis très clairement: je n'ai pas de respect pour elle. Vous avez vraiment dit ça, Excellence ? Excellence, chez nous, depuis 2004, il est interdit d'emprisonner un journaliste pour ses opinions. Or c'est pour leurs écrits sur la livraison d'armes de votre régime aux rebelles syriens que nos confrères furent arrêtés si mes informations sont bonnes. Excellence, souffrez que cette décision de la Cour constitutionnelle nous réjouisse, nous leurs confrères. Nous comprenons votre désir de puissance. Mais de grâce, offrez des espaces de liberté. C'est la démocratie dont vous êtes un défenseur qui s'en trouvera grandie. Excellence, en rentrant, prenez une copie de notre loi sur le régime juridique de la presse. Dans cet échange d'expérience, vous pouvez changer le regard sur votre pays considéré comme une prison à ciel ouvert pour journalistes. Merci de votre attention.

S. DEBAILLY

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