mardi 8 mars 2016 par Alerte Info

"Avant c'était les clients qui engageaient les négociations sur les tarifs avec les chauffeurs mais depuis qu'il y a les taxis conformes, ce sont eux qui veulent discuter du prix", ironise Stéphane Kouablan, comptable dans une structure privée qui s'explique mal le "refus" de certains chauffeurs de mettre en marche leurs compteurs contrôlés par le ministère du Commerce.



Avec une tarification à hauteur de "40 FCFA pour 250 mètres" parcourus, les compteurs des taxis conformes, reconnaissables par un autocollant vert de forme circulaire sur un fond blanc, posé sur la portière avant côté passager, ont été paramétrés pour que le consommateur "paie juste et sûr", selon le responsable d'une entreprise spécialisée dans l'installation de compteurs horokilométriques, Ibrahim Koné.



Si début 2015 les usagers se réjouissaient de la "réduction du coût du transport", ils semblent déchanter de plus en plus face à ce que Hyppolite Séry, stagiaire dans une entreprise de vente de produits informatiques, qualifie de "dictat des chauffeurs" qui "imposent leurs prix en prétextant que leurs compteurs ne fonctionnent pas".



"J'ai l'impression que c'est l'hymne des chauffeurs, un peu comme si aucun des compteurs de presque tous les taxis conformes d'Abidjan ne fonctionnait", lance M. Séri, l'air agacé, disant ne pas comprendre "pourquoi le gouvernement prend des mesures sans prévoir des moyens de répression".



"L'usager n'a aucun recours face à ces agissements, on ne peut que se soumettre à leur volonté, surtout lorsque nous sommes pressés et que le timing n'est pas favorable", ajoute M. Kouablan, "déçu" par la "mauvaise foi" des conducreurs.



Ces derniers estiment pour leur part que le système tel que mis en place n'est pas à leur avantage : "ça ne nous arrange pas, on préfère les arrangements , se plaint Narcisse Kouakou Kouadio.



Selon lui, les "difficultés" que rencontrent les chauffeurs dans l'exercice de leur métier ne permettent pas de réduire les anciens tarifs, ce qui rend préférables les "arrangements", à savoir les négociations entre chauffeurs et clients sur les tarifs en fonction des distances à parcourir.



"Comme je ne peux obliger personne à négocier, dès que quelqu'un me demande de mettre le compteur je lui demande de descendre de mon véhicule parce que le compteur ne marche pas", avance M. Kouadio sur un ton sec, estimant que les "réalités" du terrain "ne sont pas prises en compte" par les autorités.



"Moi pour éviter les discussions, j'ai enlevé l'autocollant. Ducoup on en parle pas et on continue comme avant", avance Zohoré, chauffeur de taxi-compteur.



A côté de cette catégorie de chauffeurs qui imposent les arrangements, il y a "les pires, ceux qui activent la double tarification sans que le passager ne s'en aperçoive", souligne Stéphane Kouablan qui dit en avoir fait les frais.



"Je n'ai pas fait attention aux détails affichés sur le compteur et j'ai payé presque deux fois plus cher que lorsque je fais un arrangement", témoigne-t-il, amer.



La tarification des compteurs de taxis conformes garantie certes des prix justes aux Abidjanais, mais peut varier en fonction de certains facteurs comme les embouteillages qui rallongent la "course d'attente", évaluée à "40 FCFA la minute", explique M. Koné, sur la page du Groupement des professionnels de taxi compteur (GPTC).



"En attendant d'avoir des moyens de recours, nous les clients continuons d'agir comme s'il n'y avait rien de nouveau. Nous sommes obligés de continuer avec l'ancienne méthode", conclut Hyppolite Séry, l'air dépité.



Selon le Secrétaire général délégué chargé de la communication à la Mutuelle d'assurance des taxis compteurs d'Abidjan (MATCA), Cherif Mohamed Abdalah, "la phase de sensibilisation", entamée il y a un an, "prendra fin bientôt".



MYA

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