lundi 14 mars 2016 par Alerte Info

Ulrich Ouladié, 24 ans, qui a appris les arcanes de la poterie auprès de son géniteur, caresse le rêve d'exporter son savoir-faire en Europe et revenir investir en Côte d'Ivoire, son pays, pour aider d'autres jeunes à voler de leurs propres ailes.

Assis à l'ombre d'un arbre, sur la rue longeant le Centre hospitalier régional de San-Pedro (sud-ouest), ville où il s'est installé depuis quatre ans, Ulrich, vêtu d'un maillot orange de l'équipe nationale de football, effectue un savant mélange de ciment, sable et eau, pour confectionner un pot de fleurs.

"Ambitieux", le jeune homme pour qui les métiers d'art sont plus valorisés en Europe, rêve de conquérir le marché européen par son talent.

Il compte plus tard revenir bâtir en Côte d'Ivoire une entreprise moderne et former des jeunes désireux d'apprendre le métier de portier. Métier qu'il assure, "nourrit son homme".

C'est en 2e année de cours moyen (CM2) que son intérêt pour la poterie naît véritablement. Il abandonne alors les études à l'âge de 10 ans pour se consacrer à sa passion. C'est auprès de son père, qu'il fait ses premiers pas dans l'art potier, contre le gré de sa mère, une commerçante.

"A l'école je ne me retrouvais pas ce qui m'a poussé à me diriger vers ma passion", relate Ulrich spécialiste de la poterie artisanale en béton.

Né le 07 janvier 1992 à Duékoué (ouest ivoirien) et benjamin d'une grande famille modeste de 9 enfants dont 6 sont décédés, le jeune homme va quitter sa ville natale en 2004 en raison de la crise politico-militaire qu'a connue la Côte d'Ivoire pour se retrouver à Grand-Bassam (sud d'Abidjan). Là, il exerce plusieurs petits boulots (coiffure notamment).

A Bonoua, une ville proche de Grand-Bassam, il travaille dans une société de fabrication de géo-béton pendant trois ans où il perçoit 2.000 FCFA par jour.

En 2012, il se décide à rejoindre son père à San-Pedro, où il travaille dans un premier temps durant tout un trimestre en tant que jardinier dans un des célèbres hôtels de la seconde ville portuaire ivoirienne pour 40.000 FCFA par mois.

"J'ai décidé de revenir définitivement auprès de mon père pour me consacrer à la poterie en béton après avoir exercé plusieurs petits boulots. Vu que je maitrisais le travail, mon père me confiait des tâches jusqu'à ce qu'il décède en décembre 2015", explique avec émotion celui dont le coût des ?uvres oscille entre 10.000 et 50.000 FCFA.

Touché par la disparition de son père, qu'il considérait comme son "repère", Ulrich tente de se remettre tant bien que mal.

Le jeune homme dont la clientèle est composée essentiellement de cadres de l'administration publique et privée installés à San-Pedro, se dit "fier" car grâce à son métier il arrive à se "prendre financièrement en charge" à son jeune âge et à "apporter de temps en temps de l'aide" à sa mère.

Aux jeunes comme lui, il conseille de ne "pas compter que sur les parents mais chercher à pratiquer un métier pour se prendre en charge plutôt que de choisir la voie de la facilité".


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