mercredi 16 mars 2016 par L'intelligent d'Abidjan

La ville d'Abengourou a abrité le lancement des activités du Centre d'étude et de recherche Nanan Boa Kouassi III sur la culture Agni le samedi 6 février 2016. A cette occasion, nous avons rencontré le directeur dudit centre, le Prof Ano Boa Bernard, linguiste, anthropologue culturel, enseignant-chercheur à l'Ecole normale supérieure (Ens) d'Abidjan. Dans cet entretien, il fait le bilan de cette activité et explique le contenu du centre.

Que retient-on du lancement des activités du Centre d'étude et de recherche Nanan Boa Kouassi III sur la culture Agni ?
La présence de tous ces académiciens et sachants, des étudiants doctorants a été un hommage de soutien à un maître que je suis. Ce que j'ai été et que je suis pour eux, ils me l'ont rendu par leur présence. Ce que nous retenons comme éléments positifs en dépit de quelques difficultés est que la manifestation a connu un réel succès. Un succès parce que toutes les entités étaient représentées. Je salue surtout mes collègues de l'Ens qui étaient au nombre de 18 et qui représentaient différentes sections de l'Ecole. Plusieurs moments forts ont meublé ce lancement dont la conférence inaugurale prononcée par le professeur Simon Pierre Ekanza sur le thème : les origines des Agni , la démonstration du Tam-tam-parleur par d'éminents professeurs

Parlant des universitaires, qu'est-ce qui a justifié leur présence à ce lancement ?
Les universitaires y étaient pour dire aux populations d'Abengourou que le projet est fiable, valable, intéressant et validé par le directeur scientifique. Il est créateur d'unité de recherche. Mais, en même temps créateur d'emploi pour demain et aussi une raison de satisfaction pour les étudiants. Ceux qui doivent faire des études comparatives et comparatistes pourront trouver au travers de ce centre les éléments pour leurs recherches. Ceux qui veulent faire des recherches uniquement sur les Agni seront également les bienvenus. Parce que les Agni constituent une frange importante de la population ivoirienne qui ont un mode de vie, une histoire, des us et coutumes. Mais et surtout parce que, qui parle de culture Agni parle de culture Akan. C'est pourquoi les universitaires sont venus dire aux populations que ce que nous avons fait trouve un intérêt pour la promotion de la culture et dans le monde académique. Et que cela était à soutenir. Donc, ils ont été d'un concours très important.

A quoi doivent s'attendre les populations en terme de formation, d'étude et de recherche au niveau du centre ?
Pour les étudiants, ce sont des sujets. Les personnes qui veulent travailler ou percer le mystère du mode de gestion. Quel est le sens d'un tel ou tel symbole de la tradition ? A travers, ce centre, ils pourront avoir accès à tous les éléments nécessaires pour les recherches sur la culture. Les recherches pourront s'étendre sur plusieurs points, la pharmacopée, la médecine africaine, le mode de gestion des royaumes, l'histoire, le droit, la religion, la philosophie des peuples Akan et autres. Pour les enseignants et chercheurs, ce sera le profit d'une période d'analyse des travaux qui ont été déjà faits. les directeurs qui ont eu le temps de corriger et de critiquer les travaux qui ont été déjà fait pour pouvoir percer les secrets de la vie dans ces milieux. Les Européens, les Occidentaux pourront y venir pour approfondir leurs recherches. Les dépositaires du savoir culturel pourront contrôler les écrits et surtout tout ce qui doit sortir de la Côte d'Ivoire parlant des Agni ou des Akan.

La réussite d'un tel projet nécessite de gros moyens financiers. Croyez-vous avoir les fonds nécessaires pour faire face aux besoins ?
C'est vrai que le problème des moyens financiers est récurrent. Mais, il faut essayer d'abord. Avant de construire une maison, il faut d'abord une idée venant d'un architecte qui fera le plan. Ensuite, il faut un entrepreneur pour réaliser ce plan qui est un schéma fait sur du papier. Il va le mettre en exécution à partir d'un calcul de tout ce qui entre en ligne (métal, fer, ciment, briques, sables, graviers). Mais, pendant ce temps, si ce que nous allons construire ressemble à quelque chose, notre projet sera copié. S'il y a quelque chose qui se dégage du projet, alors les financiers viendront à notre secours. Mais, ce qu'il faut aussi dire c'est qu'en Côte d'Ivoire et à travers le monde, il y a des institutions qui ont pour mission d'aider la recherche scientifique, au développement artistique et d'aider au développement du monde. Si nous voulons que les gens nous aident, notre mission est d'essayer. Et, c'est ce que nous avons fait. Nous avons essayé et des institutions comme l'Unesco, le ministère de la Culture et celui de la Recherche Scientifique ont approuvé le projet. Et, surtout nous seront aidé soit par des projets bilatéraux ou multilatéraux avec des professeurs d'Universités et des chercheurs de notre centre. Soit nous ferons des appels à contribution de l'extérieur pour que des chercheurs viennent nous apporter leur expertise.

Après ce lancement, quel sera l'impact des activités du Centre sur le festival des Arts et de la Culture Agni ?
Il faut faire une précision, le Festagni est une manifestation que j'encourage, parce que je suis moi-même membre du commissariat général. Le Festagni est une manifestation ponctuelle qui nous rassemble. Il a pour ambition de rassembler les Agni à une période précise de l'année pour qu'ils partagent un bienfait : la réjouissance. J'ai participé aux deux éditions de 2014 à Abengourou et 2015 à Krindjabo. Avant cela, j'avais déjà l'exécution du plan du Centre de recherche sur la culture Agni. J'ai même dit à Eric Ané, commissaire général du Festagni que ce qu'il faisait m'intéressait parce que je suis Agni. Si j'apporte ma lumière à la vôtre pour que vous ayez une plus grande lumière, cela ne doit pas m'empêcher d'avoir ma propre lumière. Ou, si je vous aide à vous marier ne veut pas dire que je n'ai pas le droit de me marier moi aussi. Parallèlement au Festival, j'ai mis en place le centre de recherche avec des collègues. Le centre n'est pas une affaire d'Agni seuls. C'est un cadre scientifique, méthodologique. Je vais au Festagni comme un visiteur. Mais pour faire valoir ses droits au centre, il faut montrer des capacités qui sont jugées à partir de vos titres universitaires. Ce n'est pas la même chose et ce n'est pas le même cadre. Donc, c'est loin d'être les mêmes instruments. Mais, les deux institutions poursuivent les mêmes buts parce que c'est la culture que nous cherchons à promouvoir. Il ne saurait avoir une compétition parce que nous n'avons pas les mêmes objets. Je fais écrire la culture pour que demain les jeunes gens aient des repères.

Quel est votre mot de fin ?
Je voudrais remercier tous ceux qui sont venus de très loin, d'Abidjan, en particulier les professeurs qui nous ont fait l'amitié d'être présents à Abengourou. Il y avait au total 42 professeurs, l'Académie ivoirienne des langues et cultures, le commissaire général du Salon des langues d'Abidjan, les journalistes. Je voudrais remercier aussi et particulièrement le Roi Boa Kouassi III, le préfet de région de l'Indénié-Djuablin Fadi Ouattara et ses collaborateurs, les directeurs régionaux dont le concours a été très apprécié. J'exprime ma reconnaissance au professeur Kouadio Jérémie, doyen de l'Ufr Langues-Lettres et Culture et au directeur général de l'Ens, qui ont accordé leur caution scientifique pour que cette cérémonie ait lieu.


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