mercredi 30 mars 2016 par Fraternité Matin

Voici 4 ans que Zadi est parti. Comment vit-on une telle absence ?
Cette absence, je la vis comme un silence qu'on entend. Ce vide risque d'être rempli par un trop plein de bruits mais le silence nous ramène à la réflexion et à la mesure. Je vois que tous mes maîtres s'en vont un à un. Ce vide est assurément plus grand encore pour ceux qui étaient ses disciples très proches. Je pense à Clémence, Hélène, Atsain et Tiburce, bien sûr aussi aux membres de sa famille biologique.

Que vous inspire la sortie de Chroniques des temps qui tanguent à l'occasion de cet anniversaire ?
Ce texte me fait penser à un testament artistique et politique, une présence parmi nous, une interpellation pour nous ressaisir. En sortant ce livre maintenant, l'éditeur rappelle à notre communauté nationale qu'une voix émérite nous a parlé et que nous devons l'entendre et l'écouter avant qu'il ne soit vraiment trop tard.

Pourquoi avoir accepté d'en être le préfacier ?
C'est ma façon d'accompagner un maître devenu un grand frère. C'est comme ouvrir la porte pour un aîné. Ayant moi-même pratiqué un peu ce genre, la chronique, je pensais disposer d'atouts me permettant de le comprendre et de servir de médiateur avec les lecteurs.

Auriez-vous accepté de vous soumettre à cet exercice du vivant de Zadi ?
S'il me le demandait, ce serait un ordre. J'aurais accepté parce qu'il m'aurait ainsi honoré en me jugeant digne et capable de le faire. Cela aurait même été plus émouvant parce que le maître aurait vu l'expression de ma gratitude mais aussi le fruit de son travail. Comme je le dis dans mon texte, quand on a lavé ses mains on peut manger avec les grands. Cependant, nul ne peut dire qu'il est à l'aise à cent pour cent sous le regard de son maître.

De quels temps s'inspirent ces chroniques ?
Elles s'inspirent de cette crise au long cours qui afflige notre société depuis quelques décennies. Tout en insistant sur les années 2000, il fait remonter cette crise à l'année 1963 où il s'est retrouvé en prison avec de nombreux cadres ivoiriens. Le genre de la chronique permet de critiquer l'ensemble des protagonistes et d'interpeler leur intelligence, de solliciter leur culture en leur rappelant certaines situations historiques ou mythiques.

Ces temps tanguent-ils toujours ?
Le tangage d'un bateau dépend à la fois de la mer et de la dextérité des navigateurs, le timonier et les rameurs dans la cale. Alors quand on regarde notre monde, on voit qu'il y a des violences aveugles sur tous les continents et que les hommes se battent pour le pouvoir et les ressources. Ajoutez-y ce qu'on appelle crise migratoire. Dans qu'elle mesure la nôtre est-elle aussi une crise migratoire ? Il faut se poser la question sinon nous allons avoir des surprises encore plus tragiques à l'ouest de notre pays. Quand nous écoutons certains de nos hommes politiques, nous avons peur d'être éprouvés cette fois-ci par une crise préélectorale. Nous parlons tous de démocratie apaisée mais comment allons-nous l'apaiser ? La mer étant la mer, imprévisible et insensible à nos pleurs, c'est à nous qu'il revient de devenir de bons navigateurs. ... suite de l'article sur Fraternité Matin

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