mardi 19 avril 2016 par AFP

Abidjan - La Côte d'Ivoire a lancé une opération de protection du Parc national du Mont Peko (ouest), qui abrite les derniers éléphants nains, une espèce fortement menacée par la déforestation, du fait notamment de la cacaoculture, a annoncé mardi à l'AFP le responsable des parcs ivoiriens.

Le parc qui s'étend sur 34.000 hectares est "occupé à 70% par des planteurs burkinabè qui y cultivent le cacao après avoir détruit la faune et la flore", accuse le directeur général de l'Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR), qui gère la faune et la flore protégées du pays depuis 2003, le colonel Adama Tondossama.

"Ces infiltrations à des fins agricoles ont ainsi provoqué la disparition presque totale du couvert forestier et menacé les espèces endémiques comme l'éléphant nain", a expliqué dans une interview à l'AFP le colonel Tondossama, ingénieur des Eaux et forêts.

Des conflits hommes-éléphants ont commencé à se développer dans l'ouest en raison de la pression humaine sur la forêt.

Le parc, espace de biodiversité logé dans un relief accidenté dans l'Ouest, grande région de cacao dont le pays est le premier producteur mondial, "a été envahi pendant la décennie de crise politico-militaire (2002 2011) par des personnes venues du Burkina", selon le colonel.

D'origine burkinabè, Amadé Ouérémi, à la tête d'un groupe armé, a occupé longtemps la forêt du Mont Péko. Ce chef de milice, soupçonné de graves crimes durant la crise postélectorale de 2010-2011 en Côte d'Ivoire, a été arrêté en mai 2013 par les autorités ivoiriennes dans cette forêt où il régnait en maître depuis des années.

L'OIPR a mis en place une vaste opération de "libération" du mont Péko, en interdisant tout nouveau défrichement, surveillée par des dizaines de commandos forestiers formés en 2015.

"Si le parc du mont Peko disparaît, la production agricole va chuter dans deux ans. Parce que le parc crée un micro-climat générant une forte pluviométrie", a averti le colonel Tondossama.

Le parc du mont Peko est "le réservoir vital de la culture du peuple wê (l'ethnie locale). Car cette forêt abrite le bois pour la fabrication des masques sacrés incontournables dans la tradition wê", a expliqué de son côté le député Pierre Oulatta Gahodit, natif de la région.

L'Ouest ivoirien a été le théâtre de violences armées ponctuelles depuis la fin de la crise de 2010-2011, qui a fait 3.000 morts. Frontalière du Liberia, cette région est la plus instable du pays du fait de tensions foncières et ethniques.

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