jeudi 9 juin 2016 par Autre presse

Forbes Afrique a interrogé Karim Rajan, directeur de La Cave de l'oenophile du groupe Prosuma à Abidjan, l'une des plus grandes chaînes de magasins spécialisés dans la vente de vins et spiritueux en Afrique de l'Ouest. Il nous donne un avis d'expert sur le marché du vin en Afrique.

FORBES AFRIQUE : Lorsqu'on se penche sur le vin en Afrique, on parle souvent d'un "marché africain du vin". Etes-vous d'accord avec cette formule"?

KARIM RAJAN : Absolument pas. Parler d'un marché unique, c'est négliger le fait que l'Afrique se compose de plusieurs pays au sein desquels les modes de consommation varient. A titre d'exemple, les consommateurs issus de la Côte d'Ivoire ou du Gabon, qui représentent ce que l'on peut qualifier de marché africain francophone, sont plus portés sur les vins français, alors que le Nigeria, qui représente le marché anglo-saxon, est plus ouvert au vin du Nouveau Monde provenant du Chili ou d'Afrique du Sud.

Selon vous, quels sont les obstacles persistants qui affectent le développement du marché africain"?

K."R. : D'un côté, le manque d'harmonisation dans les taxations sur l'alcool a un effet négatif. Certains vins et spiritueux étrangers importés en Côte d'Ivoire arrivent via des pays voisins et ne passent même pas par le port d'Abidjan, ce qui engendre la création d'un réseau parallèle et l'émergence d'un marché gris qui échappe au contrôle des autorités. De l'autre, le manque de stabilité, qu'il soit politique ou économique, peut ralentir l'expansion d'un marché donné ou le désir d'investir, car le business du vin est une filière qui s'envisage sur le long terme. De ce fait, il requiert un environnement qui ne soit pas sujet à des perturbations extrêmes et fréquentes. Au Ghana, pays considéré comme un marché à fort potentiel, l'inflation galopante a engendré une forte augmentation des prix sur les boissons alcoolisées, ce qui a causé une chute des ventes.

Comment décririez-vous les consommateurs de vins ivoiriens"?

K."R. : Les Ivoiriens ont une approche très francophile de la consommation de boissons alcoolisées. Par exemple, ils considèrent le cognac comme un digestif qui ne se déguste qu'après un bon repas. Ils portent également un intérêt grandissant au vin, d'où un certain basculement dans la consommation de la bière vers le vin. Ce sont des consommateurs très curieux qui cherchent à comprendre et demandent souvent des conseils à des spécialistes tout en restant fidèles à leurs préférences en termes de goût.

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