samedi 9 juillet 2016 par LeMonde.fr

De son vivant, l'ancien chef de l'Etat burkinabé Thomas Sankara (1984-1987) avait imposé à ses ministres la R5 Renault comme voiture de fonction. Lui-même avait choisi cette modeste automobile française comme véhicule présidentiel afin que le train de vie de l'Etat reflète les réalités du Burkina Faso, l'un des pays les plus pauvres de la planète. Il n'y avait alors rien de choquant, au pays des hommes intègres , à voir un sous-préfet se déplacer sur sa Mobylette de fonction.

Pour les mêmes raisons, au Niger voisin, le président Seyni Kountché (1974-1987) avait imposé aux agents de l'Etat bénéficiaires de voitures de fonction de les ramener chaque vendredi soir dans les garages administratifs. Les voyages à l'étranger des ministres étaient alors soumis à autorisation préalable du chef de l'Etat pour éviter des missions de convenance personnelle , trop coûteuses pour le Trésor public.

Mais MM. Sankara et Kountché sont décédés depuis bien longtemps et avec eux le souci d'une parfaite adéquation entre le train de vie de l'Etat et les réalités économiques de leur pays respectif.
Mercedes, première classe et champagne à gogo

Désormais, au Burkina Faso, au Niger et ailleurs sur le continent, les ministres exigent des Mercedes classe S, des Citroën C6 lorsqu'ils ne jettent pas leur dévolu sur des BMW série 7. Dans certains pays, on retrouve dans le parc auto d'un ministre un ou plusieurs véhicules 4X4, de préférence huit cylindres, vendu 50 millions de francs CFA (76 000 euros) prix catalogue.

Sans craindre le ridicule, au Nigeria, sénateurs et députés avaient arraché de l'Etat le paiement d'une prime d'habillement annuelle chiffrée en milliers de dollars. Quand elle voyage aux frais de l'Etat, cette nomenklatura exige surtout des billets de première classe et ne boude pas le plaisir du champagne en service continu. Un ministre des transports d'Afrique de l'Ouest avait fait scandale, en 2008, sur un vol d'Air Sénégal assurant la liaison Dakar-Niamey via Bamako, pour exiger de l'équipage le surclassement de sa collègue de la santé qui a eu l'idée saugrenue de voyager en classe économique. Un autre ministre d'Afrique centrale avait, quant à lui, tempêté en 2015 à bord d'un avion en partance de Paris pour Yaoundé pour manifester son mécontentement d'effectuer le trajet non pas en première classe mais seulement en business .

Triangle d'or des palaces parisiens

Quand ils débarquent à Genève, Londres, Paris ou Washington, après leur traversée aéroportée grand luxe, les princes qui gouvernent l'Afrique choisissent les palaces avec, pour certains, des nuitées pouvant monter jusqu'à 6 millions de francs CFA (9 000 euros). A Paris, le Gabonais Ali Bongo Ondimba établit habituellement son quartier général à l'hôtel George V, non loin des Champs-Elysées, tandis que son homologue congolais Denis Sassou-Nguesso préfère Le Meurice. Pour sa part, le Guinéen Alpha Condé a ses habitudes à l'hôtel Raphaël. A Genève, le Camerounais Paul Biya fait partie des fidèles clients du Grand Hôtel, qui lui offre confort, tranquillité et charmes du lac Léman.

D'autres présidents africains se contentent d'hôtels particuliers étatiques ou personnels. C'est le cas du Nigérien Issoufou, qui réside fréquemment à l'hôtel particulier de son pays à la Celle-Saint-Cloud, près de Paris, du Djiboutien Ismaël Omar Guelleh, qui habite pendant ses séjours parisiens avenue Henri-Martin, dans le 16e arrondissement. De son côté, l'Ivoirien Alassane Ouattara prend ses quartiers français dans sa propriété de Neuilly-sur-Seine ou dans sa résidence secondaire de Mougins, dans le sud de la France. ... suite de l'article sur LeMonde.fr

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