lundi 19 decembre 2016 par Jeune Afrique

Il ne manquait plus que ça... dimanche à 16h, lorsque la pluie s'est abattue dans ce quartier d'Abobo (commune populaire du nord d'Abidjan), il a bien fallu se rendre à l'évidence : cette journée de vote ne restera sûrement pas dans les annales. Une quarantaine de votes dans tel bureau, une cinquantaine dans celui-là, à peine une trentaine dans cet autre...

À Abobo comme à Marcory, Treichville ou encore Koumassi, les élections législatives ivoiriennes n'auront pas déplacé les foules. C'est leur élection, ce n'est pas la nôtre , explique ce père de famille abobolais, qui n'a pas jugé nécessaire de gaspiller son carburant et son temps pour voter pour des gens qui ne se souviennent d'(eux) que lors des élections. Il faut qu'ils entendent notre silence cette fois-ci .

Il a voté Alassane Ouattara en 2010 et 2015, mais ne votera pas cette fois-ci pour la réélection de la liste conduite par le candidat du RHDP (la coalition au pouvoir), le député, maire (depuis bientôt seize ans) et ministre des Mines, du Pétrole et de l'Énergie, Adama Toungara.

Les gens se disent qu'il n'y a pas vraiment d'enjeu ou que les jeux sont déjà faits, explique cette directrice d'un bureau de vote du quartier Kennedy d'Abobo. À peine y a-t-il un peu plus d'influence que lors du référendum sur la nouvelle Constitution il y a quelques semaines. Les candidats ont été imposés sans une véritable consultation des bases militantes, donc pourquoi voulez-vous que les gens se déplacent ?

Couacs logistiques

Si l'élection s'est correctement déroulée dans cette commune, quelques couacs logistiques étaient tout de même à déplorer : ouverture tardive des bureaux de vote, isoloirs pas très isolants, électeurs ne retrouvant pas leurs noms sur les listes, tensions entre des représentants de candidats ou scrutateurs et des coordinateurs de la CEI (Commission électorale indépendante) Comme dans ce bureau de vote près de la mairie d'Abobo, où un coordinateur a tout simplement demandé aux scrutateurs d'envoyer des sms aux habitants de la commune pour leur rappeler d'aller voter, tout en oubliant de leur fournir de quoi acheter du crédit téléphonique.

Même colère froide, dans la commune résidentielle de Cocody, où la députée sortante Yasmina Ouégnin (PDCI, qui concourt en indépendante), affrontait la ministre RDR de la Communication Affoussiata Bamba Lamine. Ici, si l'affluence n'était pas non plus au rendez-vous, les représentants des candidats, eux, sont bel et bien là, concentrés, pour ce qui s'annonce depuis des mois comme l'une des batailles les plus serrées. On n'a pas fait le plein à Cocody mais je suis sûre qu'on a un peu plus voté ici que dans les autres communes d'Abidjan, car ici il y avait un vrai enjeu, presque national , sourit l'observateur de la Candidate Ouégnin. ... suite de l'article sur Jeune Afrique