samedi 10 septembre 2016 par L'intelligent d'Abidjan

Tous les matins, sauf les dimanches et les jours fériés, je me fais plaisir en regardant les titres et quelques articles des journaux africains. Et cela grâce à la magie de l'internet. Je me demande s'il me sera possible de vivre sans le wifi ou dans un pays sans une connexion efficace. Jamais la lecture n'a pris autant d'envol qu'avec l'internet. Léopold Sedar Senghor aurait aimé cette période avec un flot d'information offert. Tous les matins, après la prière, l'information s'offre à nous. Il suffit de saisir un titre ou des sites pour se donner du plaisir pour s'informer de ce qui se passe chez les voisins ou à des milliers de kilomètres. Il est donc surprenant qu'une majorité de nos amis ne savent même pas ce qui se passe dans notre pays à fortiori dans un autre pays. Ils sont nombreux des jeunes qui ne connaissent pas l'actualité du pays sauf l'information de la rue. J'ai vu des ministres passer à mes dédicaces que ceux qui m'entouraient ne pouvaient pas savoir qui ils étaient encore moins connaitre le nom de leur ministère. Un auteur camerounais, écrivait au début des années 70, que le manque d'information de la masse africaine est un danger pour le développement du continent africain. Le journal télévisé qui montre la marche du pays est souvent boudé comme pour prétexte qu'on ne parle que de politique montrant leur méconnaissance de ce qu'on y dit. Comment vivre dans l'obscurité de ce qui se passe en matière de santé, d'économie, d'agriculture, de transport et de plusieurs thèmes sur son pays. C'est comme avoir affaire à un aveugle marchant rapidement dans une épicerie. Le dégât sera énorme. Il est urgent que les dirigeants africains pensent à remettre des torches qui éclairent bien pour sortir leurs concitoyens des ténèbres afin de faciliter leur compréhension sur les vraies réalités. En regardant les titres ou le contenu des journaux africains on remarque qu'une très grande partie relate les grèves ici et là. C'est encore une méconnaissance flagrante des réalités. Si des animateurs d'une radio de proximité se plaignent de leur salaire bas c'est que le propriétaire ne leur a pas donné des cours de gestion. Des clarifications s'imposent quand on dirige. L'employé ne voit que son intérêt et non celui de l'entreprise. Il n'y a pas de honte à montrer un tableau détaillé des recettes et des dépenses à ses employés. Quand un employé voit de l'argent entré dans les caisses de l'entreprise, tous les jours, il croit que c'est l'abondance pour l'Etat ou le fondateur d'une entreprise. La clarification étant faite, c'est maintenant qu'il faut arriver avec eux à la participation chère au regretté Michel Rocard. Chaque employé doit dire et proposer ce qu'il faut faire pour augmenter les revenus de l'entreprise. A ce niveau on verra bien que ce sont les tonneaux vides qui font du bruit. C'est bien beau de se mettre en grève pour réclamer une hausse de salaire mais le tableau des entrées et sorties présentées il faut maintenant dire ce qu'il faut faire pour augmenter les bénéfices. Des nombreuses entreprises proposent des boites à idées mais on a vu leur limite en Afrique. De propositions pour enrichir la société ce sont des dénigrements contre des collègues ou des lettres anonymes pour dénoncer telles ou telles pratiques. En fait, les idées se trouvent dans les livres et quand on ne lit pas et qu'on ne s'informe pas, il est difficile, voire impossible de trouver des idées. Dans son livre : Devenez un grand leader , l'Américain Steven Sample est catégorique sur le pouvoir de lire qui donne l'imagination et la créativité. Comment proposer des innovations quand on a la difficulté de rédiger par faute de lecture. Les critiques ne sauraient passer pour des idées constructives. Tous ceux qui agrandissent leurs activités et prospèrent sont partis d'idées lucratives. C'est donc fondamental que les entrepreneurs poussent leurs collaborateurs à proposer des idées lucratives dans leur propre intérêt. On a vu l'exemple d'Alibaba. Un autodidacte, sans le sou, qui a crée une des entreprises les plus prospères du moment. Aucune idée ne doit être négligée venant même d'un balayeur ou du chauffeur, des catégories de personnel qui sont plus enclins à prier pour la durée et la prospérité de l'entreprise. J'ai connu un directeur général que lorsqu'on lui demandait une augmentation de salaire se sentait gai. Il sortait le dossier de l'employé où il notait tous ses manquements et ses acquis. Et lui demandait s'il pense mériter une augmentation après avoir beaucoup fait perdre à l'entreprise. Il le mettait en demeure de proposer dans les vingt-quatre heures toute idée pouvant augmenter les ventes dans les trois semaines à venir. Les responsables d'entreprise et l'Etat doivent étaler aux pieds de leurs employés ou agents les rentrées et sorties d'argent pour les rendre plus modestes dans les revendications. Tout le monde n'est pas capable de lire les comptes de l'Etat et le bilan d'une entreprise. Ainsi va l'Afrique. A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly