vendredi 30 septembre 2016 par Fraternité Matin

L'ancienne responsable du Centre des ?uvres universitaires (Crou) de Bouaké et de Korhogo, Houphouët Fêtê Rebecca Effi propose sa médiation pour mettre fin aux remous sur les campus ivoiriens.

Quelle est, selon vous, la raison fondamentale du mal-être des étudiants, aujourd'hui ?
Le milieu des étudiants est un monde à part. Pour le gérer, il faut bien le connaître. C'est un monde à deux mamelles : il y a le volet académique et le volet social incarné par les ?uvres universitaires. Pour qu'un étudiant puisse suivre les cours, il faut qu'il soit en bonne santé, qu'il mange bien, qu'il soit dans un environnement convenable.
Le rôle des oeuvres universitaires est de veiller à cela. Si les restaurants sont mal tenus et la nourriture de mauvaise qualité, l'étudiant n'est pas dans les dispositions adéquates pour suivre un cours. Quand il en sort fatigué, il faut qu'il dorme dans de bonnes conditions. S'il n'a pas de chambre en cité, il faut qu'il soit transporté chez lui dans des conditions acceptables. Si tous ces paramètres ne sont pas réunis, il est évident qu'ils vont vivre un mal-être.

Comment, justement, parvenir à créer ces conditions si les étudiants eux-mêmes sont tout le temps sur le qui-vive ?
Ce n'est pas un casse-tête et ce n'est pas sorcier non plus. Il ne faudrait pas que cela soit une hantise pour les autorités étatiques. Il faut savoir briser le mur de méfiance, avoir de l'imagination et la passion de servir les étudiants. Personnellement, j'ai été pour eux une maman. J'ai dirigé, pendant 20 ans, quasiment tous les services des oeuvres universitaires (logement, socio-culturel, ressources humaines, etc). avant d'être nommé Directrice en 2009. L'expérience m'y a aidée à apporter surtout ma petite touche personnelle ; ainsi, j'ai réussi à briser le mur de méfiance.

Quel a été votre secret ?
Quand on parle de groupes rivaux sur le campus, c'est qu'il y a de la méfiance des uns envers les autres. Il faudra que les étudiants sachent que l'université est une institution destinée à leur instruction et à faire d'eux de bons citoyens au service de la nation. Les enfants que nous sommes en train de former aujourd'hui seront les responsables de demain.
L'université n'est pas comme les autres secteurs de la vie sociale. C'est un vivier d'intellectuels, c'est l'avenir du pays. On doit inculquer des valeurs aux étudiants qui sont la Côte d'Ivoire de demain. Quand on gère l'université, il faut faire preuve de neutralité absolue. C'est d'ailleurs la première règle de l'administration, a fortiori dans le milieu estudiantin ; elle doit être de rigueur. Quand vous avez en face de vous un étudiant malade et qui souffre, il faut lui porter secours sans regarder sa coloration syndicale ou politique. Si vous faites un distingo entre étudiants, vous aurez forcément ceux qui ne se reconnaissent pas en vous sur le dos, alors, vous ne pouvez pas travailler. Vous ne pouvez pas réussir votre mission. J'ai été simplement la maman de tout le monde, sans distinction.

Il y a trop souvent, une occupation indue des chambres d'étudiants. Ce qui, à l'évidence, est un facteur supplémentaire de tension. Comment résoudre ce problème ?
Il s'agit tout simplement d'une question de gestion de l'autorité. Quand on est responsable d'une administration comme le Crou, aucune légèreté n'est permise.
Il faut faire attention à tout. Il ne faut pas privilégier un groupe au détriment d'un autre dans l'attribution des chambres. Dans le même temps, ceux qui n'ont rien à faire sur une cité universitaire ne doivent pas y être. L'idéal serait que tous les étudiants soient logés.
Malheureusement, l'insuffisance de chambres se pose souvent ; il n'y en aura jamais assez pour tous les étudiants. Mais, il faut que la répartition des chambres se fasse dans la transparence et l'équité. Il faut, en outre, être imaginatif pour trouver d'autres possibilités de loger les étudiants.
On ne peut pas toujours tout attendre de l'état qui fait déjà beaucoup sous la houlette du Président de la République, Alassane Ouattara, notamment, en ce qui concerne la réhabilitation et la création des universités. Pour nous les puristes des oeuvres universitaires, ce sont des actions de haute portée que nous apprécions à leur juste valeur et pour lesquelles nous ne cesserons jamais de lui dire merci. ... suite de l'article sur Fraternité Matin