lundi 17 octobre 2016 par AFP

Abidjan - La Côte d'Ivoire doit se doter d'une juridiction anti-terroriste, réadapter ses services de renseignement et promouvoir la réconciliation, après l'attaque jihadiste qui a fait 19 morts en mars, affirme dans un livre paru lundi un expert ivoirien.

"Il est important pour la Côte d'Ivoire de créer un parquet anti-terroriste, écrit Lassina Diarra, auteur du livre: "Terrorisme international: la réponse de la Côte d'Ivoire", paru aux Editions l'Harmattan/Côte d'Ivoire.

La Côte d'Ivoire, première puissance économique d'Afrique francophone, a été victime le 13 mars d'un attentat qui a touché la ville touristique de Grand Bassam, près d'Abidjan.

Des jihadistes ont ouvert le feu contre des touristes et passants sur la plage et les terrasses de la station balnéaire, tuant 19 personnes. Revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), cette attaque était la première de ce type perpétrée sur le territoire ivoirien.

"On ne peut confier l'enquête d'une action terroriste à tous les magistrats (...) un parquet spécialisé en la matière pourrait mieux comprendre et cerner le phénomène" a déclaré à l'AFP, M. Diarra dont l'ouvrage est le résultat d'une enquête menée en Côte d'Ivoire et au Mali voisin où sévissent des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda.

L'auteur ivoirien, "chercheur et spécialiste du terrorisme en Afrique de" l'ouest" appelle son pays à "réadapter ses services de renseignement afin qu'ils occupent une place dans la diplomatie".
Enfin, l'auteur demande avec "insistance" aux autorités ivoiriennes de miser sur "la réconciliation" nationale après la décennie de crise politico-militaire, estimant que "les différentes crises ont mis à mal, le
tissu social et l'environnement politique".
"Le premier rideau défensif dans la lutte contre le terrorisme est le sentiment patriotique et l'unité nationale, malheureusement en Côte d'Ivoire nous avons un problème avec ces deux", a-t-il souligné.

La Côte d'Ivoire a connu une décennie de crise politico-militaire, marquée par une partition entre le Nord aux mains de la rébellion et le Sud contrôlé par le camp de Laurent Gbagbo.
Cette période troublée a culminé avec la crise post-électorale de
2010-2011, provoquée par le refus de Gbagbo de reconnaître la victoire de son rival, Alassane Ouattara, à la présidentielle de novembre 2010. Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois.

Début octobre, le ministre ivoirien du Budget Abdourahmane Cissé, a déclaré que le projet de budget 2017 en Côte d'Ivoire sera marqué par une hausse des dépenses liées à la sécurité, justifiant ainsi une hausse du déficit.
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