lundi 17 octobre 2016 par L'Inter

En Côte d'Ivoire, le projet de nouvelle Constitution proposé par Alassane Ouattara est un recul démocratique a affirmé le Fpi pro-Gbagbo. Réaction aujourd'hui d'un proche du président Ouattara : Me Ahoussou-Kouadio a été son Premier ministre et aujourd'hui, il est son ministre d'Etat en charge du Dialogue politique et des relations avec les institutions.

En ligne d'Abidjan, Me Ahoussou-Kouadio, qui est aussi le vice-président du Pdci-Rda de Henri Konan Bédié, a répondu aux questions de Christophe Boisbouvier (Rfi).

Cinq jours pour décortiquer 184 articles à l'Assemblée nationale, est-ce que ce n'est pas un peu court ?
Je ne pense pas que ce soit court parce que les grandes orientations du texte étaient partagées, et par les membres du gouvernement et par le président de l'Assemblée nationale. Je ne pense pas que cinq jours soient courts.

Le projet a été rédigé par un comité d'experts et non pas par une assemblée constituante, et du coup beaucoup d'Ivoiriens sont choqués par cela ?
Mais, je suis vraiment désolé, en 2000, c'était un groupuscule de personnes qui a été constitué, ils n'avaient aucune légitimité, ils nous ont proposé un texte qui est passé directement au référendum. Et cette fois-ci, un comité d'experts a rédigé un projet de texte, ce projet de texte a été analysé par le gouvernement, par l'Assemblée nationale. Et je suis vraiment désolé, j'écoute des grands juristes qui disent que ce qui s'est passé au comité des experts n'a aucune crédibilité, mais n'oublions pas que le texte a subi l'épreuve de l'Assemblée nationale, qui est légitime.

Mais tout de même, les critiques de l'ancien président du Conseil constitutionnel, le professeur Fancis Wodié, ça ne vous gêne pas ?
Mais, quelles critiques ? Parlez de constituante, mais ,e ne sais pas ce qu'il appelle constituante. Vous savez, le professeur Wodié, il y a des constances dans ses critiques parce que même la Constitution de 1960, de novembre 1960, déjà il la critiquait. Mais pour nous, c'est une véritable nouvelle Constitution qui prend en compte la question des droits de l'Homme, parce que ça, on n'en parle pas suffisamment, qui prend en compte la parité homme ? femme. C'est donc une Constitution d'avenir, une Constitution moderne.

Vos opposants disent qu'ils n'ont pas confiance, car vous ne respectez pas la loi, la preuve, disent-ils, le chef de l'Etat, contrairement, à la Constitution, refuse de déclarer son patrimoine et continu de présider un parti politique ?
Je pense qu'ils devraient se poser eux-mêmes la question, eux qui ont violé la Constitution pendant dix ans. Le mandat présidentiel, c'était de cinq ans. Le président Ouattara, j'affirme, a fait sa déclaration de patrimoine à la Cour des comptes, il a déposé cela. Nous, on est transparents, on ne fait pas dans l'hypocrisie.

L'une des principales nouveautés de cette future Constitution, c'est la mise en place d'un poste de vice-président. Mais en attendant la présidentielle de 2020, le premier vice-président de la future troisième République sera nommé par l'actuel chef de l'Etat. Est-ce que ce n'est pas antidémocratique ?
Je ne pense pas que ce soit anti-démocratique, d'autant plus que la loi fondamentale sera adoubée par la population. Le peuple va voter la Constitution, donc le peuple va lui donner la permission de le faire.

Autre innovation, la mise en place d'un Sénat. Un tiers des sénateurs seront nommés par le chef de l'Etat, est-ce que ce n'est pas contraire au principe de la séparation des pouvoirs entre l'Exécutif et le Législatif ?
Ce n'est pas la première fois qu'on le fait dans le monde. Au Canada, cela existe, les sénateurs sont nommés par le gouverneur général depuis plus d'un siècle. En Algérie, le tiers des sénateurs est nommé par le président de la République. Donc, la séparation n'est pas étanche. Nous sommes aujourd'hui dans un pays en reconstruction, donc tout ce qui peut être compétence, capacité à apporter pour la constitution du pays, il faut utiliser toutes les ressources d'où qu'elles viennent. Même les ressources humaines de l'opposition seront utilisées. On va laisser la possibilité au président Alassane Ouattara de pouvoir choisir, je donne un nom, comme le professeur Mamadou Koulibaly qui, nous le savons, réfléchit beaucoup et a de bonnes idées. ... suite de l'article sur L'Inter