jeudi 3 novembre 2016 par AFP

Abidjan - Le président ivoirien Alassane Ouattara a qualifié jeudi de "plébiscite" la victoire écrasante avec 93,42% des suffrages en faveur de la nouvelle constitution lors du référendum de dimanche, des résultats rejetés par l'opposition.
"42,42% de participation, 93,42% de oui (...) c'est vraiment un plébiscite", a déclaré jeudi M. Ouattara en ouverture du conseil des ministres, estimant que "le taux de participation de 42% (était) un bon taux pour un référendum".

Les deux coalitions de l'opposition ivoirienne - qui avait appelé au boycottage du scrutin - avaient rejeté les résultats dès dimanche.
"Ce flagrant délit de fraude massive et grossière conduit à déclarer, que ceux-ci (les résultats) sont frappés de nullité absolue", a une nouvelle fois déclaré jeudi dans un communiqué la coalition du Non-Front du Refus, estimant que "la participation n'a pas pu dépasser 5%".

"Nous demandons au peuple de prendre son destin en main", a indiqué la présidente de l'Union républicaine pour la démocratie (URD, membre de la coalition), l'ancienne ministre Danièle Boni-Claverie. Cette dernière a en outre annoncé l'organisation d'un meeting samedi dans le quartier populaire de Yopougon (ouest d'Abidjan) pour "panser les blessures et continuer la lutte
contre le coup d'Etat constitutionnel de Ouattara".
"Le peuple gronde. Il va bientôt y avoir une ébullition sociale avec des grèves", a-t-elle ajouté.
"Nous n'allons pas rester les bras croisés. Nous savons comment marcher et nous marcherons a nouveau", a déclaré de son côté Aboudramane Sangaré, leader des "frondeurs" du Front Populaire Ivoirien (FPI), fondé par l'ancien président Laurent Gbagbo.
La Côte d'Ivoire va entrer dans sa IIIe République, une fois les résultats du référendum validés par le Conseil Constitutionnel et le texte promulgué par le président, ce qui devrait se faire dans les prochains jours.

Selon le pouvoir, la nouvelle Constitution, voulue par le président Ouattara, devait permettre de tourner la page d'une décennie de crise politico-militaire notamment en évacuant le concept d'"ivoirité", permettant de clarifier les conditions d'éligibilité du président.
Ses détracteurs avaient reproché à M. Ouattara son origine burkinabè et contesté son éligibilité (il n'avait pu se présenter que grâce à un décret).
Ce concept d'"ivoirité" a miné la stabilité du pays pendant plus de dix ans.
Le projet prévoit aussi la création d'un poste de vice-président qui alimente les fantasmes. En outre, ce texte crée un Sénat, institutionnalise la Chambre des rois et chefs traditionnels et étend le domaine de compétence du Conseil économique et social à l'environnement.
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