mercredi 23 novembre 2016 par Partis Politiques

Absolument. Un parti politique est un groupement de personnes qui veulent exercer le pouvoir d'État. Même si les conditions ont été assez rapides, assez contraignantes pour certains, nous avions l'ambition de participer à tous les débats politiques. Nous avons présenté deux candidatures. Une au Plateau et une dans la commune d'Abobo.
Pourquoi seulement à Abidjan ?
Comme je vous l'ai dit, l'AFD est un parti qui est en pleine croissance ensuite, les conditions pour l'instruction des dossiers ont été faites en dix jours. Il était difficile pour nous d'envoyer tous les candidats potentiels qu'on aurait pu avoir parmi nos membres. Le bureau politique s'est réuni et a décidé qu'on vise ces deux communes. Après, il y aura un mouvement d'ensemble qui sera fait pour aller au c?ur de la Côte d'Ivoire, toucher chaque quartier, chaque commune et leur parler individuellement. C'est ça notre politique, c'est le corps à corps. Pour l'instant, nous avons visé ces deux communes.

L'AFD a-t-elle les armes nécessaires pour croiser le fer avec les candidats RHDP dans ces deux communes ?

Notre ambition n'est pas une question de croiser un fer. Non. Nous avons un projet pour la Côte d'Ivoire. Et, les autres en face ont un autre projet pour la Côte d'Ivoire. Quelqu'un vous dira que ces projets là sont connus parce que ce sont eux qui sont là sur la place. Nos projets ne sont pas encore totalement connus. C'est pour ça que nous avons une politique de corps à corps. Nous ne sommes pas un parti qui est là pour croiser le fer, ce discours ne nous intéresse pas. Nous sommes un parti qui a un projet ambitieux pour une nouvelle Côte d'Ivoire. Et donc, nous voulons présenter aux Ivoiriens quel est ce projet pour leur mieux être. C'est ça nos enjeux. Les autres partis ont le droit d'exister parce qu'ils sont tous Ivoiriens et ils veulent contribuer au bien être. Sauf que nous aussi, nous pensons que nous avons les moyens de permettre à chaque Ivoirien de trouver ce bien être. Nous ne sommes pas là pour faire une opposition à quelque parti que ce soit. Nous invitons d'ailleurs tous les Ivoiriens à venir nous rejoindre dans cette ambition qui est construire une nouvelle Côte d'Ivoire.

Pour l'AFD quels sont les enjeux véritables de ces législatives ?

Il faut qu'on comprenne ce qu'on entend par législative. C'est bâtir des lois. Une loi crée un environnement pour le bien commun. S'il n'y a pas de loi, il n'y a pas de bien commun. Nous voulons faire en sorte que les Ivoiriens soient heureux. Nous devons donc contribuer à tout ce qui participe à ce bien être, par les lois. Alors, les enjeux sont simples. Dans un premier temps, il faut qu'on se fasse connaître. Malheureusement, on n'a pas pu, comme je vous l'ai expliqué, présenter des candidats dans toutes les communes. Mais, il est important qu'on porte notre voix. Le deuxième enjeu, quand on va aller face à ces populations, c'est d'expliquer le rôle du député. Nous avons vu ici qu'il y a eu le referendum où les gens n'ont pas compris pourquoi, il y a des lois. Nous aussi nous savons, de par nos fonctions, qu'il y a des budgets qui sont votés par des députés. Il y a tout un ensemble de mécanismes qui font que les députés contrôlent l'exécutif. Il est bon que les Ivoiriens le sachent. La deuxième ambition, c'est que l'AFD se présente comme le parti des Ivoiriens qui sont conscients qu'ils ont un pouvoir et qu'ils doivent l'exercer et non pas rester dans leur salon en train de commenter ou d'aller marcher dans les rues. Ça ne sert à rien. Il faut commenter l'actualité en sachant de quoi elle est composée. Elle est composée de lois qui sont soit appliquées soit pas appliquées, connues ou pas connues. Nous avons l'ambition d'aller sur le terrain où les lois se font. A défaut, d'aller informer les Ivoiriens que ceux qu'ils vont élire leur doivent des comptes, donc les interpeller sur le fait qu'ils doivent demander des comptes aux députés qu'ils vont élire parce que ces députés doivent demander des comptes à l'exécutif et non pas être des caisses de résonance sur des problématiques qui nous touchent réellement et sur lesquelles on a aucune emprise parce qu'on ne sait pas de quoi s'est présenté parce que ce sont eux qui nous présentent ça. L'enjeu, c'est vraiment de sensibiliser les Ivoiriens en étant le porte voix de tous ceux qui ont subi les affres de mauvaises lois ou de lois qui n'ont pas été comprises. Donc, il fallait y aller.
Le RHDP dit que ces élections législatives vont donner une légitimité à la nouvelle constitution.

Quand l'opposition veut aller au parlement pour la combattre. Quelle est la vision de l'AFD ?

Il faut éviter qu'on rentre dans un dualisme de forme, dans une sorte de confrontation. Il faut qu'on prenne du recul et se dire que nous sommes dans un pays qui est organisé. Un pays qui est organisé a trois pouvoirs. Le pouvoir judiciaire, le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Tous ceux qui interfèrent dans ces pouvoirs-là viennent pour leurs intérêts. Le véritable intérêt, c'est celui des Ivoiriens. Que l'un dise qu'il est là pour conforter sa constitution et que l'autre s'oppose, c'est pour leurs intérêts. Nous disons simplement qu'on a un pouvoir législatif qui doit permettre aux Ivoiriens de prendre conscience qu'ils ont un pouvoir de contrôle de l'exécutif. C'est tout. Les débats de confrontation, on a vu où ça mène. C'est une autre voix que nous voulons donner. Une voix de paix, de réconciliation aux Ivoiriens qui sont conscients des enjeux pour eux-mêmes. Il y a eu la CoP22 sur l'environnement. Les gens sont en train d'attirer notre attention sur le fait qu'il n'y aura plus d'eau dans ce monde. Il y a des enjeux comme la sécurité alimentaire. Quand on regarde chez nous, il y a des problèmes comme la précarité des emplois, les Ivoiriens ont faim et tout est cher. Voilà les véritables enjeux qui ne peuvent être réglés que s'il y a un pouvoir législatif qui est conscient que c'est de ça que les Ivoiriens ont besoin. Les Ivoiriens ont besoin qu'on les protège à travers des lois. Est-ce que vous savez qu'il y a des lois sur les marchés publics qui existent en Côte d'Ivoire qui font qu'un marché peut être octroyé à des Ivoiriens qui se regroupent en groupement d'intérêt économique (GIE) pour pouvoir prétendre à des marchés de milliards. Ils ne le savent pas. Qui doit leur expliquer ça ? C'est les députés mais, si eux-mêmes ne le savent pas et qu'ils passent leur temps à parler de la constitution qui est une convention globale pour le pays. Il y a des lois qui sont là. Il y a le budget de la Côte d'Ivoire, de quoi il est constitué. Est-ce qu'on sait que les députés sont capables de dire non, on n'est pas d'accord. C'est ça les véritables enjeux pour nous. Les débats entre le RHDP et l'opposition sur ce problème ponctuel qui est passé et qu'on va tous vivre, c'est un débat qui est pertinent, c'est vrai. Mais, pour nous, il y a d'autres débats.

La Cour d'arbitrage de l'Union africaine estime que la CEI n'est pas conforme aux normes internationales. Quel commentaire ?

Effectivement, il y a eu cette dénonciation de la Cour d'arbitrage de l'union africaine. Prenons les choses dans un processus. C'est une dénonciation qui ne veut pas dire que la CEI est illégitime. Est-ce que cette cour va s'auto saisir pour prendre une décision qui invalide la CEI ? On ne le sait pas. Mais, c'est la CEI qui organise, aujourd'hui, les élections en Côte d'Ivoire. C'est la CEI qui a organisé les précédentes élections. Si elle doit être désavouée, c'est un processus qui devrait être mis en place en tenant compte comme argument ce que la cour d'arbitrage a dit. Etant donné que le processus a été mis en place et que nous ne voulons pas être en dehors, nous voulons être présents, quitte après à constater que les organes mis en place ne sont pas légitimes, au moins, on était là.

Vous pensez que c'est une décision anticipée ?

Aucunement. L'actualité, aujourd'hui, c'est les élections en Côte d'Ivoire. Tous les feux de la rampe sont sur les élections. Pour savoir qui sont les candidats, quel est l'organe qui régit les élections, la CEI et le processus. Ce sont des critiques normales. Il ne s'agit pour nous d'entrer dans ce débat mais plutôt de se dire que les élections ont cours. Nous y allons. Notre ambition, c'est de ne pas rester à l'écart. C'est d'être dedans et les conditions qui ont été données sont difficiles. En dix jours, on demande aux gens de présenter des candidatures selon des conditions qui étaient prévues depuis deux mois mais qu'on ne connaissait pas. Normalement, ces candidatures devaient être faites en décembre pour que les gens aient le temps de préparer leurs dossiers. Nous avons pu faire pour deux communes. Nous espérons que nos dossiers seront retenus, nous avons beaucoup d'espoir que ce sera retenu, et nous allons compétir. Pour le bien être des Ivoiriens parce que ce sont les législatives.

Vous postulez pour deux communes. Cela Est-il suffisant pour faire entendre votre voix dans le cadre des groupes parlementaires ?

Dans la législation ivoirienne, un groupe parlementaire est constitué d'un certain nombre de députés qui ont une certaine influence sur le vote des lois. Si on regarde de façon mathématique, ça ne représente rien. Abobo, il y a six députés, Plateau, il y a un député. Ce qui fait 7 députés alors que pour le groupe parlementaire, il faut 15 personnes. Nous allons parler au sein de l'Assemblée Nationale, nous allons toucher les gens qui ne sont pas RHDP, parce qu'eux aussi, c'est un groupe parlementaire. Nous allons les toucher par notre discours, par ce que nous allons présenter comme arguments pour le bien être de la Côte d'Ivoire. Nous espérons qu'ils viendront vers nous. C'est notre ambition de faire en sorte que de bonnes lois soient votées. Et, si le groupe parlementaire est un moyen pour y arriver, alors, notre ambition, c'est de former un groupe parlementaire fort. Le RHDP, c'est un groupe parlementaire. S'ils entendent notre voix, nous irons avec eux. Les indépendants, ce sont des personnes qui ne forment pas de groupe parlementaire. S'ils sont sensibles à notre message, oui. Mais, le plus important pour nous, c'est de faire passer ce message. Pour passer ce message, on le dit toujours, ce n'est pas de rester au salon. C'est d'aller là où ça se fait. Il suffit de parler un peu. On a vu les élections aux États Unis. Celui qui a battu Hilary Clinton n'est pas membre du système mais, il a parlé, il a touché le c?ur des Américains qui ont voté pour lui. Nous aussi, nous devons parler aux Ivoiriens, qu'ils soient députés du RHDP, députés du FPI, députés indépendants.

Quel est le message de l'AFD ?

Ça se retrouve dans notre slogan. Il faut bâtir une Côte d'Ivoire nouvelle. Quand on dit bâtir, ce n'est pas quelqu'un qui vient bâtir pour toi, c'est toi-même. On demande aux Ivoiriens de se prendre en mains. Il faut que les Ivoiriens se disent qu'ils ont de la valeur et qu'ils peuvent diriger ce pays en étant conscients de leurs intérêts pour ce pays. Il faut que les Ivoiriens aient la conscience politique pour aller voter. Il faut le bâtir ensemble, il faut le bâtir avec des gens qui se sont eux-mêmes bâtis. Nous disons à l'AFD que les gens qui viennent doivent avoir bâti eux-mêmes leur vie, leur carrière. Il faut que ce soient des gens qui aient conscience du travail bien fait. Nous travaillons, nous sommes dans le privé, on n'a pas besoin de faire la politique pour avoir de l'argent. On a construit nos maisons, on a envoyé nos enfants en Europe pour étudier, on a notre argent à la fin du mois, on a notre business. Il faut que celui qui a eu l'habitude de se lever matin à 5 heures, qui sait payer une facture d'électricité et qui voit le coût s'élever, il faut qu'il prenne conscience que s'il ne se lève pas pour bâtir la Côte d'Ivoire, c'est ceux qui n'ont jamais travaillé, ceux pour qui la politique est un métier donc qui viennent sans diplôme ou avec des diplômes dont on ne sait d'où ils viennent pour gérer des situations qu'ils n'ont jamais gérées qui vont bâtir la Côte d'Ivoire nouvelle. Ceux qui nous dirigent n'ont pas réalisé ce qu'on voulait. Climat de paix, climat de sécurité, l'égalité partout, que nos enfants aient des projections. Il faut donc de nouvelles personnes. L'AFD dit et c'est ça qui est notre message, aujourd'hui. Bâtir une Côte d'Ivoire nouvelle par des Ivoiriens qui veulent aller vers l'enjeu majeur qui est le développement de chaque Ivoirien.

Pourquoi avoir choisi les communes d'Abobo et du Plateau ?

Abobo est la deuxième commune la plus peuplée d'Abidjan. C'est également la commune la plus cosmopolite. C'est la commune où on trouve tout le monde. Malinké, Akan, Krou, Senoufo, il y a aussi les populations étrangères. En touchant Abobo, nous voulons lancer un message qui dit que nous sommes pour une Côte d'Ivoire qui unit tout le monde. On a entendu que c'est le bastion du RDR, peut être que ça peut être un message pour eux. Mais, c'est surtout un pari qui entend interpeller chacun sur le fait que nous sommes présents là où tous les Ivoiriens sont regroupés. Le Plateau, parce que c'est là-bas où il y a le c?ur du pouvoir. Le Plateau, c'est le centre des affaires. Là-bas, il y a la présidence de la République, l'Assemblée nationale et le palais de justice. Nous voulons prendre le pouvoir donc, on va où est le pouvoir. On va prendre le pouvoir pour le bien être des Ivoiriens que nous connaissons parce que nous sommes avec eux. Leurs problèmes à Abobo sont les mêmes que l'on retrouvera à Yopougon, à Korhogo. Nous allons pour parler. Si on n'a pas gagné, ce n'est pas grave. Au moins, on nous aura vus. Progressivement, nous allons investir toutes les contrées d'Abidjan pour faire passer ce message de paix, de réconciliation et d'espérance pour les Ivoiriens. Ayons foi en notre pays mais surtout ayons foi aux Ivoiriens qui ne parlent pas.

Sercom