mercredi 10 aout 2016 par AIP

Par Traoré Mamadou

Abidjan, La vie est belle, la vie est belle, la vie est belle , le doyen Bienvenu Néba, acteur et icône du cinéma et du théâtre ivoiriens, est encore nostalgique des années fastes du miracle économique de Côte d'Ivoire des années 1970 dans une scène au décor mirifique. Côte d'Ivoire, je t'aime , une fresque chorégraphique mise en scène par Georges Monboye, a transporté un public conquis à travers les séquences historiques de la Côte d'Ivoire culturelle, politique, sociale et économique, par un alliage harmonieux de danses, de poésie, de théâtre et de chant.

Douleurs et mélancolies

Panorama depuis les douleurs et mélancolies de la période coloniale aux chantiers d'émergence des années 2010, en passant par la beauté de l'indépendance et du miracle économique, et les incertitudes du multipartisme (1990) aggravées par le traumatisme des années d'après coup d'Etat de 1999. Ce spectacle initié par la Radiodiffusion et télévision ivoirienne (RTI) dans la soirée de samedi à la salle Ernesto Djédjé-Lougah François du palais de la culture d'Abidjan, dans le cadre de la célébration du 56ème anniversaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, n'a pas laissé un moment de répit à l'attention du public.

Emotions, mais surtout stupéfaction lorsqu'un tableau de cette représentation artistique marque l'arrivée brutale et violente des colons français, vêtus d'uniformes kaki aux galons noirs sur les épaules. En face d'eux, les guerriers danseurs d'un peuple ivoirien, rubans rouges attaché autour de la tête et tissus rouges à la hanche, avec des pieds nus qui battent la terre d'ardeur, mais qui ne résistent pas longtemps.

Dans le fond de la scène se projette un impressionnant mapping faisant défiler, cliché après cliché, des illustrations du jeu chorégraphique, quand des spectateurs, immergés dans une salle devenue légèrement obscure, tentent d'immortaliser ces moments singuliers par des captures à l'aide de leurs téléphones portables.

Mais face à tant d'injustice faite de brimades et de torture des travaux forcés, de collectes d'impôts abusives, les peuples colonisés, par la danse contemporaine organisent la résistance. C'est là que l'on entend le chant du coq pour sonner l'heure de l'éveil des consciences, et annoncer la naissance du Rassemblement démocratique africain (RDA) sous le leadership de Félix Houphouët-Boigny, pour lancer la lutte dans la longue et douloureuse marche vers l'indépendance.

Indépendance

En ce jour béni du 7 août 1960, je proclame solennellement l'indépendance de la Côte d'Ivoire , jaillit la voix originale d'Houphouët-Boigny. C'est la liesse populaire au rythme de danses traditionnelles de réjouissance : djembé, bologne, aloukou, gbégbé, etc. Mais aussi, le début d'une ère nouvelle de la musique ivoirienne, qui se raconte par un autre doyen, EBA Aka Jérôme avec l'une de ses chansons phares mais très populaires à l'époque : Je croyais que tu m'aimais pourtant c'est faux, tu ne m'aimais qu'à cause de mon argent, l'argent est fini, l'amour est terminé, l'argent est fini, l'amour est achevé , chante le rossignol , en ch?ur avec la salle enthousiaste.

Le journaliste-animateur Georges Taï Benson, témoin vivant de ces ères glorieuses et encore jeune de ses 71 ans est aussi là pour dépeindre, entre deux toiles chorégraphiques, cet événement exceptionnel et empreint d'émotion qui a suscité exclamation et joie aux quatre coins du pays .

Mais aussi, un moment qui n'a pas empêché d'autres personnes comme le dramaturge, metteur en scène et acteur ivoirien Diallo Tocouaï Vincent de sombrer dans des mésaventures. En témoigne une scène de sa pièce à succès Sale pétrin relatant le détresse d'un vieillard qui ne supporte plus les caprices de sa jeune épouse dotée à prix d'or. Ce scénario, joué par lui-même et une comédienne, donne à la représentation une note humoristique à tordre de rire.

Du ziglibity au coupé décalé

La diva Aïcha Koné et le crooner Bailly Spinto, font également partie des figures rappelant les années 80 dans cette belle scénographie, où des mannequins entrent savamment dans le jeu de rôle, présentant des vêtements de mode correspondant à chaque époque,dans les couleurs du drapeau tricolore orange, blanc et vert de la Côte d'Ivoire indépendante, de plus en plus visibles sur scène.

Du ziglibity d'Ernesto Djédjé au coupé décalé, en passant par le gnamagnama, le ziguéhi, le zouglou, le zoblazo, le gninze-moule, le mapouka, la troupe à Georges Monboye enchaine les danses urbaines ivoiriennes au fil des étapes, admettant des acrobaties particulières époustouflantes.

Cerise sur le gâteau, une dance battle très amicale sur un son de coupé-décalé entre, d'un côté, les filles de la troupe, et de l'autre, les hommes, sous l'arbitrage des animateurs Didier Bléou et Caroline Da Sylva, donne droit à des roucasse casse , sorte de dance acrobatique à couper le souffle qui chauffe la salle dont les occupants émettent des grands cris de joie.

Au finish, aucun des camps ne triomphe de l'autre dans ce challenge puisque tous les membres du groupe vont se mettre ensemble, à pas de danse, pour sceller la réconciliation, l'unité nationale et la cohésion sociale, tandis que la chorale pousse haut dans les aigus l' Abidjanaise , l'hymne nationale de la patrie de la vraie fraternité .

(AIP)

tm/akn

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