lundi 29 aout 2016 par Soir Info

La pétition internationale est-elle une bouteille balancée à la mer par ses initiateurs ?
Voilà une action, politico-diplomatique de la part des pro-Gbagbo, qui pourrait bien embarrasser la Cour pénale internationale ( Cpi), si elle venait à être endossée par les avocats de l'ancien chef de l'État ivoirien et soumise aux juges.
Une pétition internationale pour la  libération de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé  circule depuis juin 2016. A-t-elle des chances  d'être déclarée  recevable devant la Cour pénale internationale (Cpi) ? Si oui, peut-elle aboutir au résultat escompté, c'est à dire,  la  libération immédiate  de l'ancien chef de l'État, Laurent Gbagbo, avant la fin de son procès, qui dure déjà depuis 5 ans ?
Cette pétition en soutien à Laurent Gbagbo, premier ex-président jugé par la Cpi,  vise à recueillir plus de 20 millions de signatures. Elle a été initiée par l'écrivain ivoirien Bernard B. Dadié et l'ancien Premier ministre togolais Joseph Kokou Koffigoh.  Pour accompagner ce vaste mouvement de résistance face à l'imposture et comme un devoir de conscience devant l'histoire (), les signataires exigent la libération de Laurent Gbagbo ,   avait  déclaré Bernard B. Dadié,  l'auteur de   Climbié  et de   Le pagne noir , lors de la cérémonie de lancement de cette  pétition.
La campagne doit s'étendre  sur trois mois. Les pétitionnaires  visent  à   montrer au monde que la place de Laurent Gbagbo n'est pas à la Cpi  mais bien auprès des siens dans son pays ,  a fait valoir  ce  pionnier et géant de la littérature africaine .
Les  questions qui se bousculent dans les têtes et qui sont  sur toutes les lèvres se déclinent comme suit :  serions-nous  en face d'un jeu de dés, politico-diplomatique que les aléas (positifs ou négatifs)  laisseront  aux concours de circonstances pour garantir à cette pétition  un succès ou un échec  ? Certains pro-Gbagbo  se demandent, à juste raison peut-être, si cette  pétition internationale  est une bouteille jetée à la mer (message de naufragés espérant être entendus et secourus),  par ses initiateurs. Ou si cette pétition repose sur des ressorts solides, pour obtenir la libération de celui  que certains journaux, notamment  bleus ,  présentent  comme   le plus célèbre des prisonniers de la Cpi .
Il est pour l'heure difficile de se prononcer, dans un sens comme dans l'autre, sur une espèce de suite qui sera donnée  à cette démarche de personnes qui ne sont pas   parties au procès .  Toutefois,  cette pétition pourrait embarrasser au plus haut point  les juges de la Cpi si elle venait a être remise aux avocats  de Laurent Gbagbo, qui eux, sont   parties  au procès. Ceux-ci pourraient, dans le respect du cadre de la procédure, la mettre en avant pour  solliciter une mise en liberté provisoire de leur client.  
Mais,  déjà, la position de la Cour pénale internationale ( Cpi), donnée, en filigrane, jeudi  24 août 2016, dans nos colonnes, par Fadi  El-Abdallah, son porte-parole, laisse entrevoir  une idée de la   sauce  à laquelle  cette pétition pourrait   être mangée .    Les juges de la Cpi ne peuvent décider que sur les demandes qui leur sont soumises en bonne et due forme par les parties et participants au procès, et respectant les règles de la procédure prévue devant la Cpi .
Il est constant que Bernard B. Dadié et Joseph Kofigoh sont loin d'être   parties et participants au procès .  Comment arriveront-ils  donc à faire admettre à la Cour cette pétition internationale ? En plus, est-il possible, sur la base d'une pétition, fût-elle internationale, de libérer Gbagbo qui est poursuivi pour  crimes de guerre, crimes contre l'humanité  ? 
Au surplus, toutes les demandes de libération provisoire introduites par le conseil de Laurent Gbagbo ont été rejetées. La juge Argentine, Silvia Fernandez Gurmendi, dans un jugement rendu en 2012 arguait :   Les considérations relatives au passé et au présent du suspect ( Gbagbo), sa position politique et professionnelle, ses contacts internationaux et ses liens, sa situation financière et ses ressources, et la disponibilité de ressources en termes de détermination de l'existence d'un fuite () de Gbagbo en cas de libération à titre provisoire (). Il existe en Côte d'Ivoire un réseau vaste et bien organisé de sympathisants politiques de M. Gabgbo. De plus, il a des contacts politiques à l'étranger  avait-elle  allégué, soulignant que le réseau de Gbagbo vise, comme objectif principal, sa libération.  Cette pétition est la preuve matérielle de la volonté des partisans de Gbagbo de le voir libre... ... suite de l'article sur Soir Info