samedi 7 janvier 2017 par CNPCI

Avant tout propos, j'aimerais en mon nom propre ainsi qu'au nom de la Coordination Nationale des Planteurs de Côte d'Ivoire (CNPCI), remercier de vive voix le Président de la République, son Excellence Alassane Ouattara pour la haute considération qu'il a pour le monde paysan, considération exprimée dans sa vision politique par la mise en place du Conseil café-cacao.

En le faisant, il a non seulement voulu relancer l'économie ivoirienne par la redynamisation de l'agriculture mais aussi et surtout il a voulu rendre les paysans heureux car, selon ses propres termes, ils sont les véritables artisans de l'économie du pays. Malheureusement, cette bonne volonté affichée par le président de la République ne semble pas produire les effets escomptés.

En effet, à peine deux (02) mois après l'ouverture de la campagne café-cacao 2016-2017, l'inquiétude commence à se lire sur le visage des paysans. Pour cause, la campagne café-cacao démarrée en fanfare et ce, à la grande satisfaction des producteurs, a marqué un arrêt brusque, brutal et inquiétant. Les planteurs s'interrogent sur les raisons de cet arrêt qui ne semble émouvoir les premiers responsables de la filière café-cacao.

Fort de cela, la Coordination Nationale des Planteurs de Côte d'Ivoire (CNPCI) a décidé de se retrouver pour faire l'évaluation à mi-parcours de la gestion de leur filière. Il s'agit pour nous de faire le bilan de la gestion de Massandjé Touré Liste, DG du Conseil café-cacao. Voir qu'est-ce qui a marché et essayer de comprendre les raisons profondes des difficultés de la vente actuelle de la production ? Et, enfin interpeller le Président de la République sur les dysfonctionnements au sein de la filière café-cacao qui pourraient, si rien n'y est fait, ruiner les espoirs des producteurs.

La filière café-cacao est à la croisée des chemins. Ce constat est la résultante des dysfonctionnements et dérives observées dans la gestion du Conseil Café-cacao par Massandjé Touré Liste. Les immenses espoirs suscités par le décret 2012-06 du 16 janvier 2012 portant dénomination de l'organe de gestion, de développement, de régulation de la filière café-cacao et de la stabilisation du prix du café et du cacao se sont écroulés comme un château de cartes.

A priori, l'apparente embellie entretenue ces quatre (04) dernières années par l'actuelle équipe dirigeante à travers des séminaires, symposiums et dernièrement par la célébration des agriculteurs lors de la 5ème édition des journées de l'administration agricoles délocalisées qui se sont déroulées à Daloa, se présente comme l'arbre qui veut cacher la forêt. Tout va mal et très mal d'ailleurs. Comme en témoigne les remous au cours de cette campagne 2016-2017.

Les producteurs, cheville ouvrière de la richesse de la Côte d'Ivoire, sont des laissés pour compte. Et pourtant, depuis l'indépendance de ce pays les richesses dérivées du café et du cacao ont permis de réaliser un bond qualitatif sans précédent à travers la réalisation d'importants investissements d'ordre infrastructurels (routes, écoles, hôpitaux, universités, etc.)

Le non-respect du prix garanti du kilogramme de cacao dans certaines régions est la parfaite illustration de l'amateurisme de la direction du Conseil café-cacao. En effet, compte tenu du refus des exportateurs d'acheter le cacao, le prix de 1100 FCFA/Kg fixé par le gouvernement n'est pas respecté dans les régions. Il oscille entre 1000FCFA et 900FCFA. Ce qui est déplorable. Doit-on rappeler que depuis deux (02) semaines, les exportateurs refusent d'acheter le cacao. Aux Ports d'Abidjan et de San-Pedro des tonnes de chargements de cacao sont bloquées actuellement et sans aucune forme d'explication. Les paysans, dans leur majorité, n'ont pas pu fêter le nouvel an convenablement. Cette situation difficile vécue par le monde paysan à l'heure actuelle nous oblige à prendre nos responsabilités.

Ainsi, consciente que personne ne fera le bonheur des planteurs à leur place, la Coordination Nationale des Planteurs de Côte d'Ivoire (CNPCI) a décidé de prendre le taureau par les cornes afin que plus jamais l'on assiste à de tels dysfonctionnements au sein de la filière café-cacao qui demeure pour nous notre seule source de revenu.

Au surplus, les conclusions alarmantes du rapport de l'audit sur le Programme de Vente Anticipé à la Moyenne (PVAM), réalisé le 29 septembre 2014 par le cabinet PWC d'Edouard Messou et associé achèvent de convaincre que le mal est profond. Non seulement, ce rapport confidentiel relève que la BCEAO se refuse de divulguer toute information relative au montant exact du fonds de réserve, pire selon les mêmes conclusions les 40 milliards déclarés par Massandjé Touré Liste comme fonds de réserve, devant garantir le prix d'achat du café et du cacao aux producteurs, sont largement en deçà des prévisions estimées à 120 milliards. Donc, il y a vraisemblablement problèmes. Car présentement le cacao n'est pas acheté.

C'est pourquoi, l'Assemblée générale a dénoncé, entre autres :
- Le décret 2012-07 du 16 janvier 2012 portant composition du conseil d'administration du Conseil café-cacao.

Non seulement les planteurs y sont à titres transitoires, mais aussi et surtout, il existe une disparité flagrante dans la représentativité. Sur 12 membres, les planteurs n'ont que trois (03) représentants soit le quart ;

- L'absence de bonne gouvernance et de transparence dans la gestion des ressources comme le stipule la constitution de la 3ème République ;

- Les blocages dans la mise en place de l'interprofession de la filière café-cacao ;
- La distribution fantaisiste des phytos et de la sacherie-brousse dont les prélèvements sont faits au titre de la fiscalité et de la parafiscalité ;

- L'attribution des marchés de gré à gré au titre du Fonds d'Investissement en Milieu Rural (FIMR) qui est une pratique bien courante au Conseil café-cacao et dénoncée dernièrement par l'Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) ;

- La gestion opaque du passif de Coco Services , notamment le patrimoine de 50 ha dont 5 ha ont été attribué à une confession religieuse ;

- L'attribution du siège du FDPCC à un parti politique ;

- Les avantages accordés à certaines entreprises exportatrices dans le cadre du Programme Anticipé de la Vente à la Moyenne (PVAM) ;

- Le flou entretenu sur le montant exact du compte du fonds de réserve logé dans les livres de comptes de la BCEAO et l'insuffisance de ce fonds tel que dénoncé par l'audit sur le PVAM du 29 septembre 2014;

Face à tous ces dysfonctionnements, la Coordination Nationale des Planteurs de Côte d'Ivoire(CNPCI) exige :

1) La démission, sans délai, du Directeur Général du Conseil café-cacao, Massandjé Touré Liste ;

2) La tenue des états généraux de la filière café-cacao suivi d'un audit par un cabinet;
3) La dissolution pure et simple du conseil d'administration du Conseil café-cacao qui a failli à sa mission.

Par ailleurs, la CNPCI demande aux planteurs de rester mobiliser pour les mots d'ordres à venir.

Fait à Abidjan le 06 Janvier 2017
Pour la Coordination Nationale des Planteurs de Côte d'Ivoire(CNPCI)
Le Président
BILE Bilé

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