mercredi 1 mars 2017 par Alerte Info

Le principal mis en cause dans le procès "des disparus du Novotel" à Abidjan, le général Bruno Dogbo Blé, commandant de la Garde républicaine sous l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, a clamé mercredi à la barre son innocence dans le rapt et la mort le 4 avril 2011 de quatre expatriés dont deux français.

La 6e audience de ce procès en assises qui s'est ouvert le 31 janvier au tribunal de Yopougon (quartier populaire et pro-Gbagbo à l'ouest d'Abidjan) a commencé vers 10H par la suite de l'audition de l'accusé Max Landry Yoro Tapeko puis par celle tant attendue du général Bruno Dogbo Blé.


Vêtu d'un costume bleu, ce pilier de l'appareil sécuritaire sous M. Gbagbo, s'est soumis, pendant un peu plus de deux heures de temps, au feu roulant des questions du juge Mourlaye Cissoko, des avocats de la partie civile et du parquet général.


A la barre, face au juge, Bruno Dogbo Blé, le verbe alerte, s'est défendu d'être impliqué dans la mort des quatre expatriés par des réponses qui, par la force des détails, prenaient souvent des allures de cours d'instruction militaire à la joie de ses partisans toujours aussi nombreux dans cette salle d'audience bondée.



"Vous m'avez par moment instruit", a reconnu le juge, qui a tout comme Me Soungalo Coulibaly, l'un des avocats de la partie, souligné la qualité de "brillant officier" de l'accusé.


Innocence


Concernant les charges d'"arrestation illégale, séquestration avec violences, assassinat et la disparition des corps" le 4 avril 2011 de Stéphane Frantz Di Rippel, alors directeur du Novotel d'Abidjan, d'Yves Lambelin, directeur général du géant ivoirien Sifca et de ses collaborateurs béninois Raoul Adeossi et malaisien Chelliah Pandian, pour lesquelles Bruno Dogbo Blé et ses neuf autres co-accusés sont poursuivis, l'ancien patron de la garde républicaine a clamé son innocence.



"Je n'ai pas donné d'ordre pour aller chercher des gens au Novotel", a déclaré Bruno Dogbo Blé, qui a soutenu "n'avoir rien à avoir" avec cette affaire.



Responsable militaire du palais présidentiel au moment des faits, il a expliqué n'avoir été informé de la présence de ces quatre personnes par son adjoint et co-accusé le Colonel Okou Mody qu'après leur décès dans l'arrière cour.



Toutefois, il a reconnu avoir demandé au Colonel Okou Mody "de faire sortir discrètement les corps" du palais présidentiel.



"C'était pour des raisons de santé et sécurité. Je ne pouvais ni les laisser dans l'enceinte du palais ni demander à mes hommes d?aller déposer les corps très loin du palais sans prendre le risque de les livrer à l'adversaire qui nous attaquait", a-t-il expliqué.



La thèse du complot ourdi par la France et l'ONU


Dans sa défense, Bruno Dogbo Blé, a chargé les soldats de l'armée française et les casques bleus de la mission des nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) d'avoir "laissé faire" le commando qui s'est introduit au Novotel et procédé à l'enlèvement des quatre expatriés.


"L'hôtel Novotel était un centre de regroupement des Français et des étrangers. Il était gardé par les soldats de la Force française et les casques bleus. C'est à leur nez et barbe que les bandits ont opéré", a-t-il indiqué, avant de demander la comparution des responsables militaires d'alors de ces deux forces et l'ambassadeur de France au moment des faits Jean-Marc Simon, pour "la manifestation de la vérité".


"Si Yves Lamblin et ses compagnons sont morts, c'est parce que la France et l'ONU voulaient absolument qu'ils meurent au palais présidentiel", a-t-il insisté, estimant que ces deux forces "avaient tous les moyens pour empêcher les bandits qui ont opéré au Novotel".


Et de conclure plus sentencieux : "C'est l'histoire et Dieu qui jugeront la France et l'ONU. Qu'ils assument les conséquences des leurs actes au lieu de jeter la responsabilité sur Dogbo Blé".


SKO

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